Tout faire pour que tous les efforts réalisés jusque-là ne soient pas anéantis. Le capitaine Benoit Rouchon est sapeur-pompier professionnel depuis 20 ans.
Il est rentré chez lui, dans la Loire, après 3 jours de lutte contre les incendies dévastateurs dans le sud de la France. Témoignage.
A peine arrivée, la colonne SERA2 (composée de moyens des Sdis de la Loire, de l'Isère et de Haute-Savoie) reçoit son ordre de mission. Le groupe isérois est confronté directement à l'attaque du feu. Le groupe ligérien se voit affecter le flanc gauche d'une colline qui s'est embrasée la veille. Ici il n'y a pas d'habitation menacée. Pour le capitaine Rouchon, la mission consiste à protéger des installations techniques, des relais de téléphonie mobile et de transmission, puis à éviter toute reprise de feu. Il y passera deux jours avec son groupe d'intervention.
Dans ce contexte, il n'y a pas de petite mission.
Le mercredi, à La Bastidonne, le feu était maîtrisé. Mais le vent soufflait toujours. Il a fallu établir des lances toute la journée. Vigilance constante. Nécessité d'être réactif pour redéployer les moyens et les engins, dont le capitaine Rouchon assume alors le commandement.
Une fumerolle. Une flamme. Il fallait être attentif. Aucun temps mort, jusqu'à la tombée de la nuit. Toute la journée, on a dû se repositionner avec cette seule idée en tête : tout faire pour que tous les efforts réalisés jusque là, pour la maîtrise de l'incendie, ne soient pas anéantis.
J'en ai connu des coups de vent, explique le capitaine Rouchon, mais des comme ceux-là, c'est pas vraiment habituel dans la Loire. Mais il faut faire avec. Du coup, il fallait constamment réfléchir au bon positionnement des engins. Anticiper pour éviter la reprise.
Jeudi 27 juillet, nouvel ordre de mission. Le groupe du capitaine Rouchon fait route vers les Bouches-du-Rhône et Martigues.
Là encore, le groupe se voit confier une mission de surveillance et d'extinction des reprises de feu. L'incendie est maîtrisé à son arrivée, mais le capitaine Rouchon ne va pas pour autant, être moins marqué par ce moment. Le groupe ligérien se retrouve au contact de la population, et des habitants du village de Carro. Les gens étaient secoués. Ils ont vu les flammes aux portes de leur maison. Et quand ils nous ont vu arriver, ils nous ont remercié. Les enfants voulaient même prendre des selfies avec nous.
Un formidable élan de solidarité
Voilà ce que retiendra le capitaine Rouchon de ces 3 jours dans le Sud de la France, et de sa lutte contre les feux de forêts.
C'était un tel sinistre que toutes les énergies se sont mobilisées : les habitants, les forces de l'ordre, les collectivités. Petit exemple. Quand nous sommes arrivés dans les Bouches du Rhône, on nous a ouvert un parking privé. La population nous apportait du café. Et nous, on n'avait plus qu'à se dépasser.
Durant ces 3 jours, personne n'a eu le temps de penser à la relève. Et la peur ? Ma question semble surprendre un peu le capitaine Rouchon. Il me répond : forcément il y a de la peur. Mais c'est plus un sentiment d'appréhension dont il s'agit. Parce qu'il y a le souci de préserver tous les sapeurs-pompiers professionnels et volontaires du groupe. Après, l'appréhension s'efface devant la nécessité d'agir.
Le capitaine Benoit Rouchon est rentré chez lui, hier vendredi, dans la Loire. A peine la relève arrivée, lui et son groupe sont montés dans le bus qui les a ramené à Saint-Etienne. Enfin, ils ont pu dormir après 24h non-stop d'intervention sur le terrain, et avec le sentiment du travail accompli. Là où c'était différent cette année, c'était la simultanéité des feux de forêts. Et la force du vent qui soufflait très fort. Mais tant qu'on n'est pas dans le bus du retour, on ne lâche rien.
Le capitaine Rouchon est d'astreinte ce week-end, à la direction départementale du Sdis 42. Lundi, ce sera les vacances. A priori, il ne sera pas rappelé en colonne de renfort. Mais il a déjà appelé ceux qui ont pris la relève, pour avoir des nouvelles.