Ce vendredi 23 août, des agriculteurs et des éleveurs ont perturbé l'ouverture de l'université d'été du micro-parti antispéciste du député insoumis parisien Aymeric Caron. Les rencontres de "Révolution Ecologique pour le Vivant" ont été programmés à Ouches, dans le Roannais. L'université d'été doit s'achever dimanche.
À la veille de la rentrée politique, les partis organisent leurs traditionnelles universités d'été. L'occasion d'échanger avec les militants dans un esprit de détente. Le député Aymeric Caron et son jeune mouvement "Révolution Ecologique pour le Vivant" ont choisi le Roannais pour la tenue de leur université d'été. Mais ce vendredi, ils ont été confrontés à des agriculteurs mécontents qui dénoncent "une provocation". Retour sur un accueil plutôt houleux.
"Provocation"
Aymeric Caron, député de la 18e circonscription de Paris, a décidé d'installer l'université d‘été de son mouvement politique à Ouches, du 23 au 25 août. L'événement a été prévu au domaine privé de la Source. Sur ce lieu, le parti Révolution écologique pour le vivant (REV) organise des débats et des tables rondes sur le respect de l'animal et le véganisme.
Mais cet événement est loin de ravir les agriculteurs de la Loire. En fin de matinée, plusieurs dizaines d'entre eux ont donc décidé de bloquer le site à l'aide de gros ballots d'ensilage. Ils ont barré l'accès aux véhicules.
"On est venu montrer à Aymeric Caron que sa venue n'est pas souhaitée sur notre département et notamment dans cette zone très spécifique à l'élevage, et à l'élevage charolais. On ne pouvait pas rester impassible face à sa venue", a résumé François Garrivier, éleveur et vice-président de la FDSEA 42.
Les agriculteurs ont tenu à dénoncer une "provocation" à propos du choix du Roannais, zone rurale et surtout terre d'élevage, pour la tenue de ces universités d'été. En guise de pied de nez, des représentants de la section élevage de la FDSEA de la Loire ont également organisé un barbecue à base de viande bovine.
Les agriculteurs attendaient les participants à l'université d'été du mouvement REV avec force pancartes, tracteurs et ballots de foin. Au menu, des slogans sans équivoque : "pas de vegan dans nos campagnes", "écologie radicale, famine totale", "le REV de Caron, c'est le cauchemar des Français" ou encore "sauvez un paysan, mangez un vegan".
Près de 250 personnes étaient attendues pour participer à cette université d'été de la REV. Certains ont tenté de gagner le lieu du rendez-vous à pied, mais se sont retrouvés sous les sifflets de plusieurs dizaines d'agriculteurs. Ces derniers ont également tiré en l'air des cartouches de gaz. Des gendarmes ont été déployés pour tenir les deux groupes à distance et éviter d'éventuels débordements. L'incident a retardé d'une heure l'ouverture de la rencontre. Les agriculteurs ont largement compliqué le coup d'envoi de l'événement.
Dialogue impossible ?
"Les premiers écolos ici, ce sont les agriculteurs qui entretiennent nos territoires et qui valorisent les prairies". Au sujet des militants antispécistes, Jérémy, éleveur et membre des JA de la Loire s'indigne :"Ils habitent en pleine ville et ils veulent dicter leur loi sur l'agriculture. Je suis rural, je ne vais pas aller leur expliquer comment vivre à Paris. Leur leader est député dans le 18e. Pourquoi ils ne font pas leur réunion dans le 18e ? Si ce n'est pas de la provocation, je ne sais pas comment on peut appeler ça ".
Pour François Garrivier, éleveur et vice-président de la FDSEA 42, le dialogue avec les militants et leur chef de file Aymeric Caron est bel et bien impossible. En cause : les propos de l'élu.
Aymeric Caron dit des choses tellement violentes sur l'élevage. Quand on dit qu'un élevage est un camp de concentration, quand on dit qu'un chasseur est un assassin, quand on dit qu'un agriculteur partisan de la FNSEA, c'est un terroriste... C'est des mots qui sont tellement blessants. Faute d'excuses ou de corrections de ce langage toute discussion est impossible.
François Garrivieréleveur et vice-président de la FDSEA 42
De son côté, le député Aymeric Caron dit comprendre les inquiétudes des éleveurs. "Ce qu'on propose aux éleveurs c'est qu'on travaille ensemble justement. Qu'on avance main dans la main vers un nouveau modèle agricole. Il ne s'agit pas de mettre les éleveurs au chômage du jour au lendemain, pas du tout (...) Je pense que nous pouvons travailler ensemble à imaginer ce nouveau modèle agricole, sans laisser les éleveurs sur le côté".
Samedi 24 août, les chasseurs devraient prendre le relais des agriculteurs et éleveurs. Près de 500 d'entre eux sont attendus.