Une hausse de 10 à 15% des tarifs de péage des poids lourds sur les autoroutes des Alpes, c'est la proposition choc de deux parlementaires français pour contribuer au financement de la liaison Lyon-Turin. A la clé : 40 millions d'euros par an.
Dans un rapport remis au Premier ministre Manuel Valls, le sénateur UMP Michel Bouvard (Savoie) et le député PS Michel Destot (Isère) estiment que ces surpéages, conformes à la directive européenne "Eurovignette", permettraient de dégager 40 millions d'euros supplémentaires de recettes nettes
par an au profit de la construction de ce tunnel de 57 km de long.
Un rapport commandé par Matignon
MM. Bouvard et Destot, qui s'étaient vu confier cette mission fin 2014 par le Premier ministre, ont souligné que l'UE autorisait une majoration allant jusqu'à 25% pour les péages d'autoroutes situées en zone montagneuse, à condition que les recettes soient "investies dans des tronçons transfrontaliers de projets prioritaires d'intérêt européen comprenant des infrastructures situées dans des régions montagneuses", ce qui est bien le cas de la LGV Lyon-Turin.Une hausse différenciée
Toutefois, les parlementaires ont dit écarter l'idée d'une augmentation d'un quart et préféré privilégier l'hypothèse de deux taux: +10% sur les autoroutes des Alpes du Nord et +15% sur les autoroutes des Alpes du Sud, notamment la liaison côtière entre Aix-en-Provence et la frontière italienne, "pour tenir compte de niveaux de péages moins élevés dans ce secteur".Pour éviter un choc tarifaire, MM. Bouvard et Destot suggèrent d'introduire ces majorations de manière progressive, "par exemple sur cinq ans à raison de +2% ou +3% par an, soit une hausse de moins de deux euros par an sur les trajets les plus longs". Ils estiment que ce surpéage pourrait être maintenu "jusqu'à 50 ans après l'ouverture du tunnel de base", soit théoriquement à la fin des années 2070.
Une addition de deux milliards pour la France
Le 24 février, 14 ans après l'accord initial, le président français François Hollande a annoncé le lancement des travaux de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin à partir de 2016. Cette "autoroute ferroviaire", combinant fret et trafic de voyageurs, devrait entrer en service en 2028-2029. Le rapport Bouvard-Destot rappelle que les 8,17 milliards d'euros (en valeur 2012) "nécessaires pour la construction du tunnel de base seront apportés au taux maximumde 40% par l'Europe".
Le reste se partage entre l'Italie (57,9%) et la France (42,1%), soit 2,06 milliards d'euros côté français, "échelonnés sur les 12 ans de construction de l'ouvrage".