Une centaine de personnalités françaises de la culture et de la politique, dont l'ex-ministre Aurélie Filippetti ou le metteur en scène Jean-Michel Ribes, ont lancé hier un comité de soutien à l'écrivain italien Erri De Luca, poursuivi pour incitation au sabotage de la ligne ferroviaire Lyon-Turin.
"En défenseurs de la liberté d'expression, nous n'acceptons pas qu'un écrivain soit poursuivi pour ses mots", indiquent les signataires de cet appel publié lundi 2 mars dans Libération, demandant à "l'Etat français de donner l'ordre à SNCF Réseau de faire retirer" la plainte contre l'écrivain."Alors que la France vient de se mobiliser pour défendre la liberté d'expression, comment pourrait-elle laisser un écrivain risquer la prison pour ses déclarations publiques?", ajoute le comité de soutien, qui lance aussi un site internet www.soutienaerrideluca.net
Parmi les signataires, en grande majorité de gauche, figurent les éditeurs Antoine Gallimard et Paul Otchakovsky-Laurens, les écrivains Marie Desplechin, Annie Ernaux, Jean-Bernard Pouy, Fred Vargas et Geneviève Brisac, l'acteur Philippe Caubère, les metteurs en scène Jean-Michel Ribes, Stanislas Nordey et Frédéric Bélier Garcia, les humoristes Christophe Alévêque et François Morel, les anciennes ministres du Logement Cécile Duflot et de la Culture Aurélie Filippetti ou le directeur de France Culture Olivier Poivre d'Arvor.
Erri De Luca, 64 ans, est jugé devant le tribunal de Turin depuis fin janvier pour une phrase prononcée à l'encontre du projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin. Il est accusé d'avoir incité au sabotage du chantier, dans un entretien avec plusieurs médias italiens en 2013. Erri de Luca, qui défend sa liberté d'expression dans un petit livre, "La parole contraire", se bat contre la société franco-italienne LTF --filiale de Réseau Ferré de France (RFF) et de Rete Ferroviaria Italiana (RFI)--, qui construit la ligne et à l'origine de la plainte. La prochaine audience de son procès a été fixée au 16 mars. L'auteur de "Montedidio", prix Femina étranger en 2002, écologiste depuis toujours et longtemps militant d'extrême gauche, risque entre un et cinq ans de prison.