À Genève, le pape François appelle à investir "intelligemment" dans les pays d'origine des migrants

Le pape François a donné une conférence de presse dans l'avion qui lui faisait quitter Genève, hier soir. Il y a notamment parlé des migrants, l'une des principales thématiques de son pontificat.

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Le pape François, qui a placé l'accueil des migrants en Europe au centre de ses préoccupations, a estimé jeudi qu'il était temps "d'investir intelligemment pour leur donner du travail et une éducation" dans leur pays d'origine, notamment en Afrique.

"Le problème des guerres est difficile à résoudre, le problème des persécutions des chrétiens aussi, au Moyen-Orient et au Nigeria", mais "le problème de la faim peut se résoudre", a-t-il jugé, au cours d'une conférence de presse dans l'avion qui le ramenait d'un voyage à Genève.


Dans l'inconscient collectif, il y a une idée mauvaise qu'on peut exploiter l'Afrique, toujours une terre d'esclaves


Le souverain pontife a ainsi appuyé une réflexion actuelle des gouvernements européens sur un plan d'investissement.

"Dans l'inconscient collectif, il y a une idée mauvaise qu'on peut exploiter l'Afrique, toujours une terre d'esclaves", a-t-il déploré.


La richesse culturelle de l'Afrique


"Cela doit changer avec des plans d'investissement, il faut les faire croître !", a-t-il plaidé, en vantant "la richesse culturelle de l'Afrique".

Le pape a rappelé dans le même temps ses quatre critères pour l'accueil des migrants : "accueillir, accompagner, loger, intégrer", auxquels il a ajouté cependant un bémol qu'il mentionne régulièrement depuis un voyage en Suède à l'automne 2016.

"Chaque pays doit faire ceci avec la vertu gouvernementale qu'est la prudence, parce qu'un pays doit accueillir autant de réfugiés qu'il le peut, qu'il peut intégrer et éduquer", a-t-il précisé.


L'Italie et la Grèce, bonnes élèves


"Nous avons une onde de réfugiés qui fuient des guerres et la faim, guerre et faim dans tant de pays de l'Afrique, guerres et persécutions au Moyen-Orient", a-t-il résumé, en félicitant particulièrement "l'Italie et la Grèce" qui ont été "extrêmement généreuses" pour accueillir, tout comme la Turquie ou le Liban.

Le pape n'a toutefois fait aucune référence au gouvernement populiste au pouvoir en Italie depuis trois semaines et qui a déclaré la guerre aux bateaux des ONG transportant les migrants.

L'Italie a annoncé jeudi qu'elle allait placer sous séquestre deux navires de l'ONG allemande Lifeline, dont l'un navigue en Méditerranée avec plus de 200 migrants à bord, afin de vérifier la correspondance entre leur pavillon néerlandais et leur nationalité.

L'Aquarius, navire humanitaire affrété par l'ONG française SOS Méditerranée, avait été accueilli dimanche dans le port espagnol de Valence (Espagne) une semaine après le refus de l'Italie et de Malte de l'accueillir dans un de leurs ports.

Les 630 migrants, que le navire transportait initialement avait été en partie transbordés vers deux navires italiens, et les trois bateaux avaient ensuite fait route vers l'Espagne.


"Prisons" de migrants en Libye


Le pape s'est par ailleurs déclaré horrifié par les images qui lui sont parvenues des "prisons" de migrants en Libye.

"Les prisons des trafiquants sont terribles. On voyait ces choses là à l'époque de la Seconde guerre mondiale", a-t-il commenté, en évoquant "mutilations, tortures et fosses communes".


Aujourd'hui les droits de l'Homme sont devenus relatifs, y compris le droit à la paix


Le chef des 1,3 milliard de catholiques s'est rendu jeudi à Genève à l'invitation du Conseil oecuménique des Églises (COE), institution qui fête ses 70 ans et représente avec 350 églises membres quelque 500 millions de protestants et d'orthodoxes.

"Nous avons parlé de la crise des droits de l'Homme aujourd'hui", a-t-il dévoilé, à propos de ses discussions à Genève. "Aujourd'hui les droits de l'Homme sont devenus relatifs, y compris le droit à la paix", a déploré le pape.

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