Un alpiniste qui gravissait la face nord du Mont-Blanc en solitaire est mort ce vendredi 30 juillet au petit matin, malgré les multiples tentatives de sauvetage des secouristes à 4.000 mètres d'altitude, dans la nuit et en pleine tempête.
Après la mort d'un alpiniste de 65 ans victime d'une chute de 400 mètres près du glacier des Bossons, jeudi après-midi, un autre homme originaire d'Île-de-France est décédé vendredi dans le massif du Mont Blanc vendredi. Il a succombé au froid et à la fatigue malgré les multiples tentatives de sauvetage. Récit de cette nuit éprouvante pour les secouristes du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix.
L'alerte a été donnée jeudi soir, raconte le commandant du PGHM de Chamonix, André-Vianney Espinasse. Il est 18H50, un quadragénaire est seul près du sommet Mont-Blanc. Il a perdu la trace, coincé vers 4.800 mètres d'altitude par "la tempête, le vent, le froid", ces mêmes conditions météo impossibles qui immobilisent déjà une équipe de secouristes avec un hélicoptère.
Un second aéronef tente alors de monter d'autres gendarmes, mais le vent force le pilote à les déposer bas, à 3.200 mètres, les contraignant à s'engager dans une périlleuse ascension nocturne.
A 2 heures du matin, après avoir rejoint le refuge du Gouter et attendu une accalmie, ils s'engagent à la rencontre de l'alpiniste, dans l'obscurité, sur les glaciers, face à un vent de 80 km/h et alors qu'ils sont sans nouvelles de l'homme depuis 1h30.
Ils le retrouvent vers à 4h10 au Grand plateau, une zone "mortifère" où il avait pu descendre, à 4.000 mètres d'altitude, sous des séracs qui menacent de faire chuter leurs tonnes de glace. Là, les trois secouristes font un "point chaud" autour de lui pour retarder l'hypothermie sévère de l'alpiniste en détresse. Mais "à 5h30, toujours sous un vent terrible, l'alpiniste fait un arrêt cardiaque", poursuit le commandant Espinasse.
Dans le même temps, une nouvelle tentative "d'extraction de l'impossible", visant à simplement emporter par câble la victime avec son harnais, échoue à nouveau en hélicoptère, car il y a trop de vent. "A l'issue de cette tentative avortée, à 6h15, j'ai pris la décision de dire à mes secouristes de quitter cette zone extrêmement dangereuse, en laissant l'alpiniste sur place", poursuit le gradé. Il faudra finalement attendre l'intervention d'un hélicoptère des secours italiens, venu de l'autre côté du massif, pour "arracher le corps à la montagne" et le confier aux pompes funèbres.
"Cette nuit, on s'est démenés, mais il n'y a pas eu de miracle", conclut André-Vianney Espinasse, qui souhaite rappeler que "le solo en haute montagne, c'est vraiment à proscrire, pour tous les dangers objectifs que ça contient."
Ses hommes étaient déjà intervenus jeudi après-midi pour la chute mortelle, en randonnée, d'un homme de 65 ans près du glacier des Bossons.