Le troisième président de la Ve République Valéry Giscard d'Estaing est mort mercredi soir du Covid-19, à l'âge de 94 ans. L’homme d’Etat, connu pour son amour du ski et des montagnes alpines, a longtemps passé ses vacances d’hiver sur les pistes de Courchevel.
Il était "un homme de progrès" pour les uns, un "réformateur" pour les autres. Mais pour les Savoyards, celui qui fut président de 1974 à 1981 était surtout le skieur de l’Elysée, qui avait ses petites habitudes à Courchevel.
Chaque hiver, c’était le même rituel pour la famille Giscard d’Estaing : installation chalet du Blanchot et descente des pistes devant des dizaines de journalistes.
Une communication bien rôdée
A l’époque, ces sorties en ski font les choux gras de la presse. C’est la première fois qu’un Président de la République se laisse filmer ainsi, en veste de ski blanche et pantalon de velours. Bien loin, donc, des salons dorés de l’Elysée et des costumes cravates.
Pris au jeu, les journalistes n’hésitent pas à commenter ses techniques de ski : "Pour les spécialistes, le président pratique un ski un peu trop raide. On lui reproche un manque de souplesse et une trop grande recherche de vitesse pure" commente l’un d’entre dans le reportage ci-dessous, datant du 10 février 1975.
Même son ami et moniteur de ski, Gaby Féjoz, est sollicité pour commenter la pratique de Valéry Giscard d’Estaing : "Il a beaucoup d’équilibre et surtout beaucoup de volonté. Il a la position bien au milieu de ses skis" explique-t-il, penaud, face aux caméras.
Centriste jusque sur les planches, le Président veut surtout démocratiser les sports d’hiver. Dans les années 70, peu de Français pratiquent le ski, perçu comme une discipline très élitiste. Le message est donc clair : il souhaite ouvrir cette pratique aux classes moyennes grâce à sa politique économique.
"Grâce aux médias, il a contribué à faire connaître la station, confirme David Dereani, conseiller municipal de Courchevel en charge des affaires culturelles et du patrimoine. A l'époque, il y avait une foule de journalistes qui le suivaient et il restait 9 ou 10 jours pour skier. Ça a renforcé notre notoriété". Depuis sa participation à l'une des toutes premières descentes aux flambeaux de Courchevel en 1975, l'évènement est devenu une tradition chaque hiver. "C'est devenu une animation incontournable de la station" ajoute l'élu.
L'amour de la montagne
Mais au-delà des messages et symboles, Valéry Giscard d'Estaing était un vrai passionné. En mai 1966, il a même descendu la face nord du Mont-Blanc, réalisant une seconde mondiale, aux côtés de l'alpiniste Maurice Herzog et André Contamine.
50 ans plus tard, à l'âge de 94 ans, le Président s'est éteint chez lui, dans le Loir-et-Cher, bien loin de sa montagne adorée. Mais il laisse derrière lui de vastes souvenirs enneigés, que les anciens de Courchevel sont loin d'avoir oubliés.