Lydia Defossez, 41 ans, gardienne à la prison de Varces, était en charge de la surveillance de la promenade le jour où un sniper a tué un détenu. Enceinte de 6 mois, elle avait perdu son bébé. La cour vient de la reconnaître comme partie civile.
Présente dès le premier jour du procès devant les assises du Rhône, Lydia Defossez réclamait le droit de se constituer partie civile. Le président de la cour avait promis une réponse avant la fin des audiences.
Ce mardi 29 janvier, au 7e jour du procès, il a accepté la requête de la surveillante. Lydia Defossez va donc pouvoir demander réparation de son préjudice.
En France, on peut encore se constituer partie civile en se présentant au premier jour d'un procès, personnellement, seul ou assisté d'un avocat. Il suffit de se manifester auprès du greffier du tribunal avant que le procureur de la République ou son représentant ne prenne la parole à l'audience. C'est ce qu'a fait Lydia.
"J'ai cru mourir"
A son arrivée, le lundi 21 janvier au matin, elle était apparemment calme mais, dès qu'elle évoquait les événements du 28 septembre 2008, ses grands yeux bleus disaient de nouveau le stress, la peur et la panique ressentis ce jour-là, "j'ai cru mourir, j'étais tétanisée, je me suis dit, je dois protéger mon fils, j'ai tenu mon ventre entre mes mains pour protéger mon bébé", raconte-t-elle.
Lydia n'a rien oublié
Au moment de l'assassinat de Sghaïr Lamiri, depuis son poste de surveillance, juste au-dessus de la cour de promenade, Lydia Defossez est en première ligne. Quand Lamiri tombe au sol, à 10 m d'elle, touché par balles à plusieurs reprises, elle croit même que le tireur va l'abattre, elle."Quand Lamiri a été touché, nos regards se sont croisés, j'ai cru qu'il indiquait à celui qui était en train de tirer, l'endroit où, moi, j'étais positionnée.(...) je me suis dit, la vie s'arrête, c'est une fatalité, j'ai mis mes mains sur mon ventre, j'avais des crampes, des nausées, j'étais comme plombée au sol".
D'autant que la fusillade a déclenché une émeute chez les autres prisonniers: "ils étaient plus de 70 détenus dans la cour. D'abord plaqués au sol, ils ont commencé à s'agiter, à taper dans les portes, à m'insulter et à me menacer de mort".
Les tirs, les cris, le feu qui se déclare dans les ateliers... Lydia n'a rien oublié. Décédé le lendemain au matin, son bébé a été enterré le 3 octobre 2008. Il n'a pas survécu à l'hypoperfusion placentaire provoquée par la violence du stress que sa mère a subie.
Lydia, aujourd'hui en arrêt maladie, n'a pas repris le travail. Elle se bat pour que la justice la reconnaisse comme une victime de ce drame. Qu'on reconnaisse que la mort de son enfant est une conséquence terrible et directe de ce qu'elle a vécu.
"Depuis le début, on me tient à l'écart de la procédure judiciaire", accuse la surveillante qui a même déclaré , dans les colonnes du Parisien, que "le ministère de la Justice lui avait proposé 25.000 € pour le préjudice subi, à condition qu'elle n'engage pas de poursuites, ce qu'elle a refusé, parce que ce n'est pas une histoire d'argent."