Alors que Yassin Salhi dément le caractère religieux de ses actes, le procureur de la République de Paris, François Molins, pense que l'ombre de l'organisation Etat islamique plane sur cet attentat. Voici les trois raisons évoquées lors de sa conférence de presse, ce mardi 30 juin.
##fr3r_https_disabled##
1 - La dimension "terroriste" des crimes de Salhi
Pour François Molins, les actes de Yassin Salhi répondent à "un mobile terroriste" même s'il tente de les justifier "par des considérations personnelles", notamment un différend professionnel avec sa victime. "En fait, l'un n'exclut pas l'autre et le choix de tuer quelqu'un à qui il en voulait n'est pas exclusif du mobile terroriste."La décapitation et l'exhibition de la tête visaient à donner au crime "une publicité maximale". "Cela correspond très exactement au mot d'ordre de Daesh qui appelle régulièrement à commettre des actes de terrorisme" en France et "à égorger des mécréants". "La décapitation rappelle aussi précisément un mode opératoire habituel des organisations terroristes."
De plus, "la tête était entourée de deux drapeaux portant la chehada, la profession de foi islamique". Salhi "a ensuite tenté de faire exploser les bouteilles de gaz, ce qui ressemble à une opération martyr".
Salhi "a refusé de s'exprimer sur la mise en scène de la tête décapitée, disant n'en avoir aucun souvenir, pas plus que de l'envoi de photos" à un correspondant en Syrie et s'abritant "derrière une prétendue amnésie".
2- L'envoi du selfie en Syrie et l'ombre de l'organisation Etat Islamique
Une photo du "corps de la victime enveloppé d'un des drapeaux, la tête posée sur le tronc" et un "selfie dans lequel l'auteur présumé pose au côté de la victime", ont été envoyés à 09h33 vendredi à Sébastien-Yunes V., 30 ans, originaire de Besançon", "parti en Syrie en novembre". Les deux hommes "étaient régulièrement en contact téléphonique" malgré les dénégations de Salhi "qui prétend" qu'ils "s'étaient beaucoup éloignés et que comme par hasard il avait reçu un coup de téléphone quelques jours avant le passage à l'acte".Un téléphone saisi pendant l'enquête, avec lequel des proches contactaient le jihadiste, "a permis de mettre au jour une discussion" sur l'application WhatsApp après l'attentat "au cours de laquelle Sébastien-Yunes indiquait très bien connaître Salhi et affirmer être une des causes pour lesquelles il a fait ça". "Il disait enfin avoir reçu les deux clichés et avoir demandé l'autorisation à l'organisation terroriste Etat islamique de les diffuser."
S'il est "prématuré d'aller jusque" faire de Sébastien-Yunes V. un donneur d'ordre, "la première chose que Salhi a faite après ses actes criminels terroristes, a été d'envoyer ses clichés à cet individu".
3- Un profil jamais démenti d'islamiste radical
Salhi "avait été remarqué dès 2003 (...) dans un groupe salafiste du Doubs à Pontarlier. En 2003 et 2004, il s'était rendu plusieurs fois au Maroc et en Arabie saoudite" et avait attiré l'attention par "sa fréquentation du surnommé +Grand Ali+", Frédéric Jean Salvi, "figure du radicalisme à Pontarlier entre 2003 et 2005". Salhi "avait ainsi fait l'objet d'une fiche S de 2006 à 2008"."Après avoir quitté Besançon pour Saint-Priest en banlieue lyonnaise, Salhi serait, d'après les dires de sa soeur (...), parti en Syrie avec femme et enfants pendant un an en 2009 (...) L'intéressé reconnaît aussi être allé en Syrie, en prétextant y être allé pour apprendre l'arabe." Mais selon un témoin, "il est allé dans une école coranique. Une école coranique, ce n'est pas pour apprendre l'arabe".
"A son retour, il est revenu à Besançon où il a pratiqué plusieurs sports de combat, notamment du free-fight."
"En 2011, il est apparu proche d'un individu gravitant autour de la mouvance Forsane Alizza" et "au printemps 2014 un de ses voisins (...) avait signalé auprès de la gendarmerie la tenue de réunions à caractère religieux" chez Salhi. Enfin, "il s'est plaint à plusieurs reprises du manque d'implication religieuse de son épouse."