Ce lundi 23 février s'est ouvert le procès du meurtre de deux opposants congolais, dont les corps avaient été retrouvés calcinés il y a 14 ans en Isère, la cour d'assises ayant décidé qu'un des accusés serait jugé ultérieurement, faute d'avocat.
Seuls deux des trois accusés, l'homme d'affaires Benoît Chatel et l'architecte d'intérieur monégasque Alain Deverini, seront donc jugés jusqu'à vendredi.
Benoît Chatel, qui serait mort selon ses avocats, sera jugé par défaut. "Je n'ai aucun renseignement sur ce qu'il devient, où il est. Le dernier renseignement utile sur M. Benoit Chatel date d'avril 2012 en République démocratique du Congo", a indiqué le président de la cour d'assises, indiquant n'avoir jamais reçu d'acte de décès concernant M. Chatel.
Le troisième accusé, Domenico Cocco, un Italien proche du milieu selon l'accusation, était lui présent à l'ouverture du procès mais sans son avocat, Massimo Bianchi, hospitalisé pour une durée indéterminée. La cour d'assises a décidé "la disjonction de l'accusation" le concernant: "le cas de M. Cocco sera examiné au cours d'une autre session", a indiqué le président.
Les trois hommes sont accusés de complicité dans l'assassinat de deux opposants congolais il y a plus de 14 ans, dont les auteurs n'ont jamais été retrouvés.
Le 29 décembre 2000, un Renault Scenic était découvert en flammes, frein à main serré, dans un champ de maïs fauché à Chasse-sur-Rhône. A l'intérieur, deux hommes tués de deux balles dans la tête et dans le cou: Philémon Naluhwindja, chef Maï Maï d'une tribu de la province du Kivu en République démocratique du Congo (RDC), et Aimé-Noël Atembina, conseiller militaire du gouvernement congolais à l'époque de Mobutu.
Selon l'accusation, Benoit Chatel aurait fomenté cet assassinat avec son associé Alain Deverini pour protéger leurs intérêts en RDC, les deux victimes préparant un coup d'Etat à l'encontre du régime de Laurent-Désiré Kabila - finalement assassiné à son tour 18 jours plus tard. Leur homme de main, Domenico Cocco, se serait chargé de recruter deux tueurs lyonnais pour effectuer la basse besogne, moyennant la somme de 200.000 francs (30.500 euros).
Les avocats de la défense estiment que l'enquête n'a pas suffisamment creusé les autres pistes, comme une implication des services secrets, un trafic d'uranium, voire le rôle d'Al-Qaïda.