Dans la population rom de Grenoble, l'information s'est répandue comme une traînée de poudre. La préfecture de l'Isère envisage des opérations de reconduite à la frontière cet été pour toutes les personnes sous le coup d'obligations de quitter le territoire.
Chaque jour, elle tend la main aux automobilistes et elle n'est pas la seule à Grenoble. Cette Rom s'est "installée" à un feu tricolore du centre-ville. En quelques mois, son français s'est amélioré, elle parle des ennuis de santé de ses enfants, du froid, de la chaleur... Ce jour-là, elle a plutôt la tête des mauvais jours. "On doit rentrer en Roumanie", explique-t-elle, "c'est la police qui décide". Avec ses mots à elle, elle justifie sa rancoeur: "ici, y'a des arabes, des noirs et on ne veut pas de nous!". Pour elle, c'est clair, l'obligation de quitter le territoire est un acte raciste! Malaise de l'homme qui l'écoute et qui n'avait pas pensé à cette vision des choses. En Roumanie, les Roms sont considérés comme des marginaux depuis des siècles, normal que le moindre geste d'exclusion soit donc assimilé à du racisme.
La décision préfectorale
Conformément aux instructions ministérielles, les 900 places d'hébergement créées en Isère pendant la période hivernale ont été maintenues au-delà du 31 mars. Constatant des arrivées continues de nouvelles familles étrangères sur le département, la préfecture redoute désormais "un accroissement important de la charge financière des dispositifs d'accueil et des mesures indispensables d'accompagnement". "Les limites financières du budget dédié à cette politique sont désormais atteintes, voire dépassées", ajoute le représentant de l'Etat en Isère.
Afin de ne pas mettre en difficulté financière les associations gestionnaires de sites d’hébergement, la préfecture a estimé "nécessaire de réduire le nombre de places proposées et de les dédier aux personnes prioritaires". Une centaine de places devraient ainsi être maintenues pour les personnes dont l'état de santé justifie une poursuite des soins.
"Les autres places devront être libérées et des opérations de reconduite à la frontière vont être engagées pour toutes les personnes sous le coup d'obligations de quitter le territoire, notamment celles qui sont impliquées dans des faits de proxénétisme ou de délinquance", peut-on lire dans un communiqué, "cette démarche concernera aussi les déboutés du droit d'asile demeurés dans des hébergements qu'ils auraient dû libérer au moment du rejet de leur demande".