Le parti gaulliste, parti de gouvernement depuis le début de la Ve république, n'a pas franchi la barre symbolique des 5 % au premier tour. Fracturé entre deux lignes opposées, il est menacé d'imploser. Et de disparaître, comme son cousin de l'autre bord, le PS. Le point avec les maires de Saint-Etienne et Rillieux-la-Pape.
A moins de 5 % des résultats au premier tour, l’atterrissage de la candidate LR s’apparente à un crash. Gaël Perdriau, le maire LR de Saint-Etienne (où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête dimanche soir) pense que les jeux sont faits et commence à parler de sa formation politique au passé.
«Il n'y a plus d’explosion des LR à attendre, car il n’y a plus rien à faire exploser. A 4 % et quelques, c’est une implosion, c’est une extinction, C’est aussi la fin à la fois des deux grands partis de gouvernement que sont les LR et le PS», déclarait-t- il lundi soir. Il appelle clairement à reconstituer le front républicain et à voter Macron au deuxième tour. Un Gaëll Perdriau attristé par cette situation qui découle de la surdité assumée de sa famille politique.
J’appelais Valérie Pécresse à trancher de manière très claire avec la ligne de la droite identitaire poussée par Ciotti, Bellamy, Nadine Morano ou d‘autres. Je sentais que cette voie-là qui cherchait à construire l’union des droites était sans issue.
Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Etienne
L’avenir des Républicains ? Comme à son habitude, le maire de Saint-Etienne ne mâche pas ses mots. Il souligne qu’il a, à de nombreuses reprises, averti Christian Jacob, son président, des risques de rapprochement de certains élus avec la droite identitaire et sur l’absence d’un véritable projet qui réponde aux préoccupations des Français. «Pour seule réponse, on m’a retiré la vice-présidence du parti. Je regrette que le parti cherche par l’exclusion à faire taire ceux qui ont cherché à essayer de le sauver et à sortir de la situation dans laquelle on est aujourd’hui».
Alexandre Vincendet, proche de Copé et de Sarkozy
Maire de Rillieux-la-Pape pour son deuxième mandat et président des LR du Rhône, Alexandre Vincendet le dit tout de go : «J’ai dit que je voterai pour Emmanuel Macron. Je l’ai très clairement dit dès le soir du premier tour : je suis de droite, je l'ai toujours assumé. Mais une droite responsable et de gouvernement, et donc fidèle aux valeurs qui ont toujours été les mêmes parce que je suis un élu de droite libre mais aussi responsable».
La dégringolade, il reconnaît que, plus les semaines passaient, plus elle était palpable. Les sondages ne disaient pas autre chose… Reste un parti en morceaux, au sens littéral du terme : «On l'a vu aussi au bureau politique [lundi], il y a des lignes aujourd'hui qui s'affrontent dans notre famille politique. Vous avez des personnes qui ont très clairement dit qu'elles ne voteraient pas pour Emmanuel Macron, qui appellent à voter blanc et à ne pas se prononcer. Il y a d'autres personnes dont je fais partie, mais aussi Xavier Bertrand, Valérie Pécresse dès dimanche soir, et d'autres qui ont très clairement dit qu'ils voteraient Emmanuel Macron, pour ne pas faire en sorte que l'extrême droite arrive au pouvoir dans notre pays parce que je le répète, la droite républicaine et de gouvernement, ce n'est pas l'extrême droite, ce n'est pas la même chose !».
L'appel à voter macron au 2e tour déterminant pour l'avenir des Républicains
Je ne sais pas si c'est la fin de mon parti, en tous les cas ce qui est sûr, c'est que si on n'est pas responsable on aura de grandes difficultés à se reconstruire, on ne pourra pas faire comme s'il ne s'était rien passé. Moi, quand j'ai entendu hier au bureau politique dire, nos idées sont majoritaires,(…) quand on fait en dessous de 5%, nos idées ne sont pas majoritaires parce qu'on n'a pas su se faire entendre parce que nous ne sommes pas clairs.
Alexandre Vincendet
Et le parti ? Alexandre Vincendet veut prendre à témoin d’autres élus LR de l’agglomération avec qui il estime avoir accompli du chemin face au RN. «Regardez ce que nous avons fait à Rillieux-La-Pape et aussi ce que fait par exemple Gilles Gascon à Saint-Priest. Nous sommes maires de villes où le Front national a toujours fait des scores extrêmement importants. Depuis nos élections, le Front national a tendance à baisser. J'en veux pour preuve dans ma commune : avant mon élection en 2014, le FN faisait systématiquement entre 19 et 25% des voix. Depuis mon élection, c'est entre 9 et 5% des voix et pour autant vous ne verrez jamais une parole outrancière, ambiguë ou un regard complaisant vis-à-vis des extrêmes».