A La Tour-d'Auvergne, dans le Puy-de-Dôme, une boutique de galoches a ouvert ses portes fin juin. Elle s'est installée dans une ancienne scierie, à l'arrêt depuis 60 ans. Un morceau de patrimoine qui reprend vie grâce à une vieille chaussure oubliée qui revient à la mode.
Il ne faut pas confondre une galoche avec un sabot. Les deux ont une semelle de bois, les deux sont composés de cuir mais la galoche a un talon contrairement au sabot où le pied est plus libre. Sur les étals de la boutique à La Tour-d’Auvergne dans le Puy-de-Dôme, les deux chaussures s’affichent dans toutes les couleurs du marron traditionnel au rose fuchsia.
« Combien il chausse, le monsieur ? » Eric Mas, le patron des Galoches du Cantal, connaît ses produits sur le bout des doigts. « 42-43 ? Alors c’est celle-ci ! » Et voici le monsieur, très certainement touriste de passage, galoches marron aux pieds, qui fait les cent pas pour tester ces souliers d’autrefois. « C’est un peu lourd… » Il enfile alors une paire de sabots.
Depuis fin juin, depuis que les Galoches du Cantal ont ouvert leur première succursale à La Tour-d’Auvergne, la boutique ne désemplit pas. « Nous avons 40 à 50 personnes qui entrent dans la boutique chaque jour, c’est un très bon démarrage commercial ! », se réjouit Eric Mas. Mais le Cantalien reste prudent, il attend de passer l’hiver et de voir l’été prochain avant de crier victoire. Malgré tout, il est très optimiste. « Je suis venu hors saison à La Tour-d’Auvergne, je me suis posté sur le parking de la boutique et j’ai compté le nombre de voitures qui passaient. » Et le résultat a achevé de le convaincre. Oui, il allait tout faire pour que ce projet de boutique, à plus de 2h30 du siège de l’entreprise, puisse voir le jour. « Et j’ai pu constater que La Tourd’Auvergne était une station de montagne qui vivait énormément. » La commune n’est qu’à quelques kilomètres des pistes de ski et attire les touristes aussi bien l’été que l’hiver.
Et puis cet emplacement ! Ce bâtiment ! Quand la mairie de La Tour-d’Auvergne lui a soumis le projet de faire revivre l’ancienne scierie du village, Eric Mas a été plus que séduit. « Ce n’est pas un monument historique mais nous sommes quand même dans l’ancienne scierie qui a coupé du bois pour la commune pendant plus de 100 ans ! »
Au milieu des galoches, fabriquées à Marcolès dans le Cantal, la scie verticale a gardé sa place. « Nous avons laissé la passerelle sur la rivière pour que les clients puissent aller voir le mécanisme qui est en-dessous. » La scierie Roux, comme on l’appelle encore, fonctionnait à l’origine avec une roue à aube. Les engrenages sont toujours visibles.
Lorsque Gérard Roux s’y promène, ce sont tous ses souvenirs d’enfants qui reviennent. Son père en fut le dernier exploitant. « Il était tout seul. Ce n’était pas industriel. C’était vraiment artisanal. Nous sommes bien contents que ça revive car le bâtiment est resté 60 ans sans bouger. »
Lieux atypiques
La scierie s’est arrêtée en 1955. Elle attendait depuis de revenir à la vie. La mairie en est devenue propriétaire en 2003 et a cherché un projet pour lui redonner son cachet d’antan.
Eric Mas a répondu présent. Depuis son Cantal. Avec ses galoches à l’ancienne. Il avait déjà repris en 2013 une entreprise dont les origines se perdent dans les tréfonds du 19e siècle. « On mélange le patrimoine, le culturel et l’artisanat ! », s’enthousiasme-t-il.
Tellement enthousiaste qu’il ne souhaite qu’une chose aujourd’hui : que d’autres maires lui proposent des lieux atypiques pour que les Galoches du Cantal puissent partir à la conquête du reste de la France.
Car la galoche est redevenue tendance. A Marcolès dans le Cantal, ils sont quatre désormais à fabriquer près de 3000 paires par an.