Certaines précautions sont indispensables pour les alpinistes débutants comme les plus expérimentés. Le directeur des pistes du Mont-Dore, David Tournadre, livre ses conseils au lendemain de l'avalanche mortelle.
Bulletins météo, panneaux, matériel... Comment s'informer sur les risques d'avalanches et quels sont les réflexes à adopter afin de limiter au maximum le risque de se faire piéger ? Au lendemain de l'avalanche mortelle au Mont-Dore, on fait le point avec David Tournadre, le directeur des pistes du domaine skiable.
Surveiller les bulletins "coulée de neige"
Dans le Puy-de-Dôme, il n'existe pas de bulletin de prévention des risques d'avalanche officiel comme dans les Alpes. En revanche, il est important de surveiller si un bulletin d'avertissement "coulée de neige", n'a pas été délivré par Météo France : l'équivalent dans les montagnes du massif central.
Ce dimanche, aucun avertissement n'avait été émis. En revanche, un bulletin a été publié ce lundi matin par Météo France : "Ce dimanche, le temps a été perturbé, avec de la neige tombée entre ces derniers jours (30 cm environ vers 1500 m), ce qui associé au vent de sud prévu de l'ordre de 70 à 80 km/h amène un risque de coulées de neige", analyse a posteriori l'établissement public dans un communiqué de presse.
Chercher les panneaux "risques d'avalanches"
Les bulletins de Météo France ne sont pas les seuls indicateurs à prendre en compte. Sur le domaine skiable, des panneaux indiquent les risques d'avalanches en dehors des pistes balisées, du niveau 1 (le plus faible) au plus élevé (niveau 5). Ce dimanche, vers 13 heures, le risque était "marqué" (niveau 3) : cela correspond à des conditions partiellement défavorables, avec une instabilité du manteau neigeux "parfois sur de nombreuses pentes". Dans ce cas, l'appréciation du danger "requiert de l'expérience".
Échanger avec les pisteurs
Une fois sur le domaine skiable, "il ne faut pas hésiter à demander leur avis aux pisteurs avant de se lancer dans une excursion", précise le directeur des pistes du Mont-Dore. Le niveau de risque d'avalanches est évalué tous les jours par ceux d'entre eux qui sont formés à la nivologie, l'étude de la neige. Parmi les paramètres observés : la stabilité du manteau neigeux, la puissance du vent, le taux d'humidité... "On fait des patrouilles plusieurs fois afin d'identifier les zones les plus à risque et contrôler les pentes les plus abruptes", explique David Tournadre, directeur des pistes du Mont-Dore. En cas de danger, les pisteurs peuvent déclencher le Plan d'intervention déclenchement des avalanches (PIDA) : concrètement, il s'agit de "purger" les couloirs en faisant sauter les tas de neige instables avec des explosifs, de manière préventive.
Les pisteurs surveillent uniquement le domaine skiable, qui comprend à la fois les pistes et les secteurs qui peuvent être joints par les personnes qui empruntent les remontées mécaniques. En dehors de cet espace, ces mêmes missions sont assurées par les pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM). Sur le terrain, le PGHM et les pisteurs travaillent souvent ensemble pour détecter les risques, avant de faire remonter leurs observations à Météo France.
S'équiper et prévenir quelqu'un avant son départ
Quel que soit le niveau d'alerte, il est indispensable de s'équiper du matériel adéquat lorsque l'on s'aventure en dehors des pistes : un détecteur de victimes d’avalanches (DVA) ou un appareil de recherche de victimes d’avalanche (ARVA), une pelle pliable et une sonde pour évaluer l'état du manteau neigeux.
Autre recommandation : prévenir quelqu'un avant son départ et détailler l'itinéraire que l'on compte emprunter. Enfin, le meilleur conseil reste de "savoir renoncer si nécessaire, même quand la neige a l'air magnifique et que l'on n'a pas d'autre moment pour se rendre en montagne", conclut le chef des pisteurs.