Pour raisons budgétaires, le gouvernement devrait abandonner le Plan vélo 2023-207. Une somme de plus d’un milliard d’euros d’investissements prévus sur cinq ans ne devrait pas être débloquée. Une décision qui fait des mécontents à Clermont-Ferrand.
Fin octobre, Mediapart a annoncé que le gouvernement était sur le point d’abandonner le Plan vélo 2023-2027, pour des raisons budgétaires. L’an dernier, Élisabeth Borne, Première ministre, dévoilait un projet de « 2 milliards d’euros pour le vélo d’ici 2027 ». L’objectif était de « donner accès à chaque Français à une solution de mobilité écologique ». Il s’agissait de « moyens historiques », insistait Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports. L’abandon du Plan vélo ne réjouit pas Serge Fabbro, président de Vélo-Cité 63, une association militante qui œuvre dans le Puy-de-Dôme pour le développement de la petite reine : “S’en prendre au vélo est un mauvais signal et un mauvais pari. Une politique cyclable se construit sur des années. On l’a bien vu en Hollande. J’espère que cet arrêt brutal n’empêchera pas les collectivités locales de s’engager. Les financements qui sont en place pour les aider à faire des aménagements cyclables sont importants. C’est la piste qui crée le cycliste. C’est grâce à des investissements qui apportent de la sécurité que l’on peut développer la pratique du vélo. Clermont-Ferrand en est l’illustration car les aménagements, notamment du boulevard sud, ont complètement boosté la pratique du vélo”.
Une place à renforcer
Pour Serge Fabbro; il faut développer la place du vélo dans notre quotidien : “Le vélo est l’un des piliers de la mobilité durable et décarbonée. Il y a aussi la marche et le covoiturage. Le vélo est un moyen de déplacement alternatif pratique, efficace et bon pour la santé. Il permet aussi de faire des économies en matière de santé publique. Il peut transformer la ville par les aménagements réalisés : les villes sont beaucoup plus apaisées et plus agréables à vivre. Il transforme le cadre de vie et le mode de vie. Le vélo était vu comme un moyen de ralentir la progression des gaz à effet de serre et d’améliorer la qualité de l’air en milieu urbain. Tout cela va être mis en berne”. Le président de Vélo-Cité 63 redoute des conséquences pour les plus petites communes : “Les métropoles vont sans doute continuer à développer le vélo mais l’annulation du plan risque d’impacter les territoires peu denses ou périphériques. Ils ont besoin de ces financements pour créer une dynamique. Des crédits étaient notamment prévus pour des chargés de mission, pour développer la mobilité active. On annonce que 400 collectivités vont en pâtir. Depuis 2017, l’usage du vélo a augmenté d’une quarantaine de pourcents. En 2030, on visait 9% de part modale du vélo. Je ne pense pas que l’on y arrivera”.
"Une mauvaise nouvelle"
Flavien Neuvy, vice-président de Clermont Auvergne Métropole, en charge du schéma directeur cyclable, s’inquiète lui aussi de ce coup de rabot du Plan vélo : “L’annulation de ce plan est une mauvaise nouvelle. La plupart des villes et des métropoles sont engagées dans des aménagements cyclables pour augmenter la pratique du vélo au quotidien, pour sécuriser les cyclistes. Des faits divers récents ont montré que les cyclistes sont souvent mis en danger par la conduite irresponsable de certains automobilistes. Il est très important de sécuriser le plus possible les cyclistes avec des aménagements de qualité. Or ces aménagements coûtent très cher. Les soutiens de l’Etat étaient très importants pour nous accompagner dans des travaux d’infrastructures”.
Des investissements qui vont se poursuivre à Clermont-Ferrand
Cependant, Flavien Neuvy indique que les investissements en faveur du vélo dans la métropole de Clermont-Ferrand ne sont pas menacés : “Cette annulation du Plan vélo ne remet pas en cause notre stratégie vélo sur la métropole. Depuis 2020, on a décidé d’accélérer le déploiement des infrastructures cyclables. On en a fait une priorité et on avance. On est vraiment monté en puissance. Cela ne va pas nous empêcher d’avancer sur ce sujet”. Il s’étonne du mauvais timing de la décision de s’en prendre au Plan vélo : “Le Plan vélo sollicitait les collectivités sous forme d’appels à projets. Cela accompagnait plutôt des infrastructures de grande taille. Les petites communes n’étaient pas les premières bénéficiaires de ce Plan, mais plutôt les grandes métropoles et les intercommunalités. On est dans une période où la place du vélo augmente. C’est au moment où l’on réalise plus de travaux qu’on coupe les subventions. C’est incompréhensible”. D’après l’élu, le schéma directeur cyclable de Clermont Auvergne Métropole prévoit d’investir 30 millions d’euros sur 10 ans.