La maladie d’Alzheimer touche plus d’un million de patients en France. Comment la repérer dès le début pour mieux la prendre en charge ? On vous explique comment être attentif aux premiers signes.
Changement de caractère, troubles de la vision, altération des gestes...ce sont peut-être les premiers signes de la maladie d'Alzheimer. Elle touche 1,2 million de personnes en France. En tout, près de 3 millions de personnes voient leur quotidien bouleversé si l’on tient compte des familles et des proches aidants. Cette pathologie est neurodégénérative, elle touche le patient, mais aussi son entourage, avec des répercussions sociales majeures. Mais quels sont les premiers signes ?
Des troubles de la mémoire
Le Dr Elsa Dionet, neurologue au Centre Mémoire Ressources Recherche (CMRR) du CHU de Clermont-Ferrand, explique que les signes d’un début de maladie d’Alzheimer peuvent revêtir plusieurs formes. “Les signes les plus classiques sont les troubles de la mémoire” indique la neurologue. Il s’agit de la mémoire immédiate, avec la persistance des souvenirs très anciens. “Les souvenirs du mariage peuvent être intacts mais on ne se souvient plus ce qui s’est passé la veille” poursuit-elle.
Des problèmes de vision
Des troubles de la vision peuvent aussi alarmer. Quand la maladie débute dans la zone postérieure du cerveau et non dans l’hippocampe comme dans la plupart des cas, la vision du patient peut être touchée. Il s’agit d’un trouble de vision cérébrale. “Cela peut être piégeux, par rapport aux troubles de la mémoire et on met souvent plus de temps à se rendre compte qu’on est dans le cas d’une pathologie dégénérative” explique la neurologue.
Le langage qui est affecté
Des troubles du langage sont aussi parfois le signe de la maladie d’Alzheimer. Elsa Dionet précise : “Le patient peut avoir du mal à trouver le bon mot au bon moment. Très souvent, les mots précis ne sont pas trouvés et on va facilement les remplacer par truc, machin, chose. Le discours devient superficiel”.
Une altération des gestes
Dans des cas assez exceptionnels, les gestes peuvent aussi être altérés : “Des personnes peuvent avoir certaines difficultés à avoir certains gestes, comme ne plus savoir comment couper sa viande, ou dans quel sens prendre les objets”. Il peut y avoir des difficultés à accomplir des tâches familières.
Un comportement qui change
Des modifications de comportement peuvent également se produire. Le Dr Elsa Dionet rappelle : “Cela peut aller de la dépression à une modification du caractère, avec de l’agressivité”.
La nécessité d'un diagnostic
Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer n’est pas toujours simple. “Beaucoup de personnes viennent nous voir en prétextant un problème de mémoire. Mais en les interrogeant, on s’aperçoit qu’elles ont un problème de sommeil ou qu’elles ont une dépression. Ce n’est pas une pathologie neurologique” insiste la neurologue. Il est important malgré tout de faire un diagnostic le plus tôt possible, même si on n’a pas de traitement curatif de la maladie d’Alzheimer : “Plus on découvre la maladie tôt, plus on peut mettre en place des traitements symptomatiques, pour contenir la maladie. Toutes les prises en charge non médicamenteuses sont fondamentales, comme l’orthophonie, la stimulation cognitive et la prise en charge sociale”.
Il n’existe pas de test rapide pour se faire dépister : il faut faire un bilan complet, avec des tests neuropsychologiques qui durent 2 heures, plus d’autres examens comme la ponction lombaire et l’imagerie cérébrale. “Aucun examen n’est fiable à 100%” prévient le médecin.
Le rôle du médecin traitant
En cas d’apparition de signes, il est recommandé de se tourner vers son médecin traitant : “C’est lui qui connaît le mieux les gens. Il peut voir qu’il y a une rupture avec l’état antérieur. Par exemple, par le passé, il pouvait déceler qu’un patient n’était pas capable de remplir un chèque. Le médecin traitant a aussi accès à l’entourage et c’est souvent lui qui signale un problème”.
Prévenir la maladie
Plus on vieillit plus on risque de développer cette pathologie. Certaines personnes peuvent déclarer la maladie très tôt, vers 40 ans. Il s’agit de formes génétiques, assez rares.
Les médecins ne savent pas encore déterminer pourquoi la maladie d’Alzheimer survient chez certaines personnes. Mais ils ont identifié des facteurs : des facteurs de risques cardiovasculaires comme l’hypertension et le diabète, des traumatismes crâniens. Le Dr Elsa Dionet conclut : “On a tendance à dire qu’il faut avoir une vie saine pour éviter la maladie, tout en sachant que des personnes très saines peuvent la développer. Une vie saine permet d’éviter l’aggravation de certains signes”. Les médecins recommandent de rester actif et dynamique longtemps, pour se protéger de la maladie.