Au CHU de Clermont-Ferrand, des patients pourront être recalés à l'entrée des urgences

L’accès aux urgences du CHU de Clermont-Ferrand sera régulé entre les 12 et 15 mai. Les patients se présentant spontanément, sans avoir contacté le 15 au préalable et sans être en situation d’urgence vitale, seront réorientés.

Le service des urgences adultes du CHU de Clermont-Ferrand met en place un dispositif expérimental de régulation entre le 12 et le 15 mai 2023 « afin de garantir une prise en charge efficace des urgences non différables », dans une situation où « l’hôpital public est sous tension » écrit le CHU dans un communiqué. Les patients qui ne sont pas en situation d’urgence vitale et qui n’auront pas été envoyés par le SAMU seront réorientés, indique le CHU : « Les patients se présentant spontanément aux urgences du site Gabriel-Montpied, sans régulation préalable, seront réorientés en l’absence d’urgence vitale par un infirmier d’orientation et d’accueil vers un appel au 15. Deux postes téléphoniques directement reliés au SAMU seront disponibles à l’entrée du service des urgences. » La mesure s’applique de 18 heures à 6 heures.

Contacter au préalable le 15 

Voici la procédure à suivre selon le CHU : « En cas de problème de santé, les usagers sont invités, en priorité, à contacter les différentes permanences médicales. En cas de doute sur l’urgence de leur état de santé, ils doivent impérativement contacter le 15. Les équipes du SAMU :

  • évalueront la situation du patient,
  • émettront un avis médical,
  • orienteront le patient vers la structure de soins la plus adaptée,
  • dirigeront le patient, si sa prise en charge le requiert, vers le service d’accueil des urgences. »

"Une décision prise en catimini"

Pascale Guyot, secrétaire générale FO du CHU de Clermont-Ferrand, s’inquiète des conséquences de ce test sur la prise en charge des patients : « Cette mesure a été présentée au conseil de surveillance qui a eu lieu jeudi 4 mai. C’est une décision prise en catimini. C’est évident que cela va se pérenniser. Ce n’est pas une mesure acceptable car elle va encore baisser l’offre de soins. Quand cela nous a été présenté, on nous a expliqué que c’était pour des prises en charges qui pourraient être assurées par d’autres structures, comme les médecins généralistes. Sauf qu’il n’y en a pas. La nuit il n’y a personne. La population se trouve désemparée dans beaucoup d’endroits. »

"Encore plus de patients n’auront pas accès à l’hôpital et aux soins"

Selon Pascale Guyot, les urgences sont parfois le seul recours et sont de plus en plus utilisées par les patients : « Suite à la loi RIST, sur le plafonnement des médecins intérimaires, certains médecins ont préféré travailler ailleurs que dans des petits établissements. On s’est retrouvés avec un afflux de patients, notamment le week-end de Pâques : les urgences du Pôle Santé République étaient fermées, à Ambert la situation était tendue avec un seul médecin. Aujourd’hui on a jusqu’à 230 passages aux urgences par 24 heures alors qu’on en était à 150 il y a deux ans ». Ces patients risquent donc de se retrouver sans soins, même dans des situations qui nécessitent une prise en charge d’urgence, selon Pascale Guyot : « Encore plus de patients n’auront pas accès à l’hôpital et aux soins. Les conséquences peuvent être graves. Quelqu’un peut présenter une apparence rassurante et avoir une situation de santé qui se dégrade très vite.»

Le SAMU sous tension

La syndicaliste craint également que les personnels du CHU ne soient pris à parti : « Dans les hôpitaux, l’agressivité augmente avec les difficultés de prise en charge. Il y a de forts risques qu’il y ait une colère légitime de la part des usagers qui souhaitent se faire soigner. Il s’agit d’un service public qui devrait être ouvert à tous et ce n’est pas le cas ». Pour Pascale Guyot, le risque est également présent au niveau de la régulation du 15 : « Au SAMU, la régulation est assurée à flux tendu. Les effectifs sont serrés. Si les appels augmentent, ils vont être en grande difficulté. Ce n’est pas très sécurisant ».

Le CHU invite quant à lui les patients à se tourner vers des consultations de soins non programmés.

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