Du 27 au 31 octobre se tient le 21e congrès national de l'apiculture à Clermont-Ferrand. Les professionnels du miel s'inquiètent de la forte mortalité des abeilles et de la chute de la production de miel, importante en 2016. La ministre de l'Écologie leur a rendu visite pour tenter de les rassurer.
En 2016, les abeilles n'ont pas beaucoup butiné : elles ont produit moins de 10 000 tonnes de miel en France, au lieu de 17 000 l’année précédente. Le chiffre est d’autant plus mauvais que la consommation est restée au même niveau dans l'Hexagone, soit près de 40 000 tonnes annuelles.
Présents au congrès national des apiculteurs français (CNAF), qui se tient au Polydôme du 27 au 31 octobre, professionnels comme amateurs du miel font grise mine.
De nombreuses causes de mortalité
Sylvie Velon, apicultrice amatrice, tire le bilan de cette année médiocre, qui rejoint 2014 au palmarès des pires années pour la production de miel. « Cette année, j’ai eu moins de récoltes, comme la plupart des apiculteurs. C’est dû aux conditions météorologiques : on a eu un printemps pluvieux et un été très sec, c’est pas top… Donc j’étais plutôt en dessous de ce que je fais habituellement en terme de production »Line Choquet, professionnelle depuis 2005, est du même avis. « On a eu une très grosse baisse de population à cause du frelon asiatique, confie-t-elle. On a eu des ruches qui ne produisent plus de miel, sans savoir pourquoi. On retrouve des ruches vides et aussi, forcément, des intoxications aux pesticides. Ça fait beaucoup de causes de mortalité »
Dérèglements climatiques et pesticides sont à l’origine d’une baisse drastique de la production française de miel. Il y a encore 15 ans, les apiculteurs français produisaient plus de 30 000 tonnes par an, soit trois fois plus qu’aujourd’hui. Les fleurs produisent moins de nectar mais, surtout, les abeilles disparaissent.
« Avant on avait 5% de pertes, aujourd »hui on en a 30% en moyenne, avertit Henri Clément, secrétaire général de l’Union nationale de l'apiculture française (l'UNAF). Nous avons en France 1,2 millions ruches et chaque année les apiculteurs de France sont obligés de reconstituer 300 000 ruches pour maintenir leur cheptel (soit le quart des ruches, NDLR) »
Agir au niveau légal pour protéger les abeilles
La ministre de l'écologie Ségolène Royal, venue ouvrir ce congrès, a réaffirmé ses engagements. La loi biodiversité prévoit l'interdiction des néonicotinoïdes, une famille de pesticides particulièrement nocive.Cette loi entrera en vigueur à partir du 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles jusqu'en 2020, date à laquelle l'interdiction sera totale. La ministre souhaite, de même, prendre un décret d'application de la « loi pour la reconquête de la biodiversité de la nature et des paysages » pour lutter contre les espèces envahissantes et nocives pour les abeilles, à savoir le frelon asiatique et le petit coléoptère des ruches.
Elle a détaillé son plan devant les apiculteurs. « J'ai demandé à ce que les néonicotinoïdes soient aussi interdits au niveau européen, a-t-elle déclaré lors du congrès. En ce moment, je prends un décret qui donnera l’autorisation aux préfets d’aller détruire les frelons asiatiques, y compris sur les propriétés privées. On aura aussi le pouvoir de contrôler les importations [de ces insectes] ».
La sauvegarde des abeilles est vitale pour l'environnement et pour l'économie du pays. Si elles disparaissaient, le coût de la pollinisation serait estimé à 1,5 milliards d'euros.