Instauré progressivement par le gouvernement depuis un an et demi pour inciter les consommateurs à réparer leurs objets du quotidien plutôt que de les jeter, le “bonus réparation” reste peu déployé. Exemple à Clermont-Ferrand où l’on ne compte qu’une dizaine de réparateurs agréés.
Cinquante euros pour la réparation d’une machine à laver, 25 euros pour remplacer l’écran d’un smartphone, 7 euros pour faire recoudre un accroc dans son pull préféré… Voici quelques exemples des sommes que permet d'économiser le “bonus réparation”, mis en place par le gouvernement depuis décembre 2022. Au départ consacré aux appareils électroniques et ménagers, il a été élargi au textile et aux chaussures en novembre 2023. Ce dispositif, qui vise à lutter contre le gaspillage en offrant un coup de pouce financier aux consommateurs, reste pourtant peu utilisé.
Manque de communication
À Clermont-Ferrand, seulement une dizaine de réparateurs agréés sont recensés. À titre de comparaison, la ville de Grenoble en compte le double. "Ce n’est pas beaucoup. Selon moi, cela vient du fait qu’il y a peu de communication autour de cette aide", commente Benoît Ayat, gérant de la retoucherie et pressing clermontoise Stop Press.
Les commerçants ne sont pas toujours au courant que cela existe et les clients, encore moins. Souvent, c’est nous qui leur apprenons qu’ils bénéficient d’une réduction sur la facture.
Benoît AyatGérant de la retoucherie clermontoise Stop Press
Le montant de la remise varie de 15 à 60 euros, selon le type d’objet (la liste complète est à retrouver ici) et peut atteindre jusqu’à 60% du prix TTC. Les consommateurs n’ont aucune démarche supplémentaire à effectuer pour en profiter.
Pour les réparateurs proposant le bonus, en revanche, ce sont des heures de paperasse par mois. Il faut photographier l’objet en question – avant et après réparation – puis transmettre les images, la facture et les caractéristiques de l’appareil via un portail web dédié. “C’est chronophage. Cela me prend 15 minutes par réparation”, détaille William Bayard de GSM-Destock à Clermont.
Nombreuses démarches administratives
Ce réparateur de smartphones et ordinateurs a adhéré dès le lancement de ce bonus inscrit dans la Loi antigaspillage pour une économie circulaire. Il a d’abord dû passer un audit pour décrocher le label délivré par des organismes certificateurs indépendants (QualiRépar pour les appareils et ReFashion pour les vêtements et chaussures). Cette étape peut rebuter certains professionnels. “Il faut plusieurs jours pour recueillir les documents demandés, pour les rendez-vous de suivi. Je peux comprendre que ceux qui ont déjà leur clientèle ne veulent pas s’embêter avec ça. Il faudrait que ce soit un peu simplifié”, poursuit William Bayard.
Le processus de labellisation est justement ce qui a freiné Corinne Marques, gérante de l’entreprise de dépannage électroménager, tv et hifi, STR Auvergne. “Pour moi, le premier inconvénient est le coût. J’aurais dû débourser plus de 1 000 euros pour être agréée pour 3 ans ! Ils viennent de revoir les tarifs pour les petites entreprises et désormais, cela me coûterait environ 150 euros annuels. C’est plus raisonnable donc je vais y réfléchir.”
Les magasins référencés en ligne comme effectuant le “bonus réparation” attirent de nouveaux clients. “C’est une façon de nous faire connaître”, constate Benoît Ayat qui travaille principalement avec les professionnels et souhaitait cibler davantage les particuliers. Ces derniers sont nombreux à préférer prolonger la durée de vie de leurs objets du quotidien, surtout si cela leur permet de faire plusieurs dizaines d'euros d'économie.