“Cela rajoute encore des sources probables de mortalité sur les abeilles “ : pourquoi la réintroduction des néonicotinoïdes fait débat

Le Sénat a ouvert la voie à un retour des néonicotinoïdes. Bannis depuis 2018, ces pesticides pourraient de nouveau être utilisés dans certains cas spécifiques, pour des cultures de pommes, de noisettes ou de cerises. Pour les apiculteurs c'est une aberration. Les néonicotinoïdes sont qualifiés de tueurs d'abeilles.

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À Saint-Jean-en-Val, dans le Puy-de-Dôme, aux abords des champs, les abeilles de Christophe côtoient directement le monde agricole. La possible réintroduction de néonicotinoïdes, cet insecticide tueur d'abeilles, serait un retour en arrière brutal pour la biodiversité. Christophe Guilbert, apiculteur, indique : “C’est comme une épée de Damoclès. Cela rajoute encore des sources probables de mortalité sur les abeilles. Si elles ne meurent pas, cela joue sur la qualité de mon miel”.  

 "Il y avait des paquets d’abeilles mortes devant les ruches"

Apiculteur depuis des générations à Vic-le-Comte, Jacky a vu l'évolution des pesticides. Face à ce danger pour les abeilles, il a manifesté toute sa vie. Jacky Dufoix, apiculteur, souligne :  “Il y avait des paquets d’abeilles mortes devant les ruches. On pouvait trouver jusqu’à plus d’1 kg d’abeilles mortes devant les ruches. Maintenant c’est beaucoup plus sournois. Certains produits phytosanitaires créent comme une maladie d’Alzheimer chez les abeilles : souvent, elles meurent entre la fleur et la ruche”.  

Faire face à la concurrence étrangère  

Interdit en 2018, le néonicotinoïde nommé acétamipride pourrait être de nouveau utilisé dans certaines cultures comme la betterave, la noisette ou la pomme. Selon le sénateur de Haute-Loire, Laurent Duplomb, à l'origine du projet de loi, cela permettrait de faire face à la concurrence étrangère. Le pesticide étant toujours autorisé dans plusieurs pays de l'Union européenne. Laurent Duplomb, sénateur (LR), précise : “Avant qu’on ait des filières qui disparaissent complètement, et d’être obligés de manger des produits importés avec exactement ces mêmes molécules, car ces produits importés viennent souvent de pays voisins du nôtre, l’autorisation de cet acétamipride est ouverte. Je pensais qu’avant qu’on perde ce patrimoine français, il fallait qu’on réagisse et qu’on réintroduise dans des cas particuliers l‘acétamipride”.  

Des produits encore présents dans l'environnement

Mickaël Isambert, Membre du bureau de la Fédération française des apiculteurs professionnels, insiste : “Ces produits sont autorisés dans l’Union européenne. C’est normal de vouloir une égalité mais on voit le problème à l’envers, plutôt que d’encourager des mesures qui sont toxiques pour l’environnement et pour la santé humaine, on prône l’interdiction de ces produits dans tous les pays pour que tout le monde soit à égalité. Il faudrait une harmonisation au niveau européen et mondial, car les agriculteurs sont en concurrence avec des produits qui viennent de partout sur la planète. Si on laisse venir dans notre pays des produits cultivés dans des conditions différentes que celles de la France, c’est là qu’est la concurrence pour les agriculteurs. De plus, les normes ont une raison d’être. Je comprends bien le ras-le-bol des agriculteurs mais on ne peut pas aller contre un mieux-être environnemental et de la santé. Aujourd’hui, si on a interdit les néonicotinoïdes, c’est parce qu’ils étaient néfastes pour l’environnement, les abeilles et les pollinisateurs sauvages. Ce sont des neurotoxiques très puissants avec une rémanence très importante sur l’environnement et sur les sols. L’effet de leur interdiction en 2018 a été difficile à mesurer car sur les ruches, nous sommes soumis à différents facteurs. Mais on voit moins de disparitions massives d’abeilles. Cependant, il y a une rémanence des produits et on en trouve encore sur le pollen récolté sur les ruches. Ces produits sont encore présents dans l’environnement”.  

Le texte a été largement adopté par le Sénat. Sa survie se jouera à l'Assemblée. La gauche s'oppose, l'extrême droite soutient le texte. Les députés macronistes ont les cartes en main. 

Propos recueillis par Romain Leloutre / France 3 Auvergne

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