CHU de Clermont-Ferrand : « La situation est tendue » confie le chef des urgences

Avec les patients COVID et les autres malades à gérer, le service des urgences du CHU de Clermont-Ferrand est sous tension. Alors qu’une nouvelle vague de l’épidémie est attendue, avec le variant Omicron, le service espère tenir bon.

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Alors que la cinquième vague de l’épidémie de COVID frappe la France, aux urgences du CHU de Clermont-Ferrand, les équipes essaient de faire face. La situation semble pesante et la perspective d’un déferlement du variant Omicron n’est pas rassurante. Le professeur Jeannot Schmidt, chef du pôle urgences au CHU de Clermont-Ferrand, explique : « La situation est tendue, avec une activité quotidienne soutenue, un peu au-dessus de la moyenne habituelle. On a entre 160 et 170 malades par jour et des pics qui vont parfois au-delà de 200 patients. Il y a un mélange de deux catégories de patients : ceux qui sont suspectés de COVID et les autres. Les autres sont presque aussi nombreux hors période de COVID. Les patients suspectés de COVID sont en plus ».

 "On est plutôt bien organisés"

Afin de pouvoir prendre en charge ces deux types de patients, les urgences ont dû être réorganisées. Le Pr Jeannot Schmidt souligne : « On est plutôt bien organisés car on a deux filières différentes. En termes de charge de travail et de ressources humaines, on n’est pas moins nombreux mais pas plus nombreux non plus pour gérer cela. On a une petite unité d’hospitalisation à côté des urgences, avec 20 lits, où on met habituellement les patients en attente d’hospitalisation ou en observation. On a coupé en deux cette unité et on a créé un mini service d’urgences pour les malades suspectés de COVID ».

Une cinquième vague présente

Le chef du pôle des urgences constate au quotidien la progression de l’épidémie de COVID : « Indiscutablement, depuis trois à quatre semaines, le nombre de patients suspects de COVID monte. Le nombre de malade authentifiés COVID monte. Il y a quinze jours, on avait trois cas par jour et là on en a six, sept par jour. Il faut en hospitaliser cinq par jour, ce qui signifie qu’il faut trouver cinq lits tous les jours. Sur une semaine, il faut trouver trente-cinq lits. Sur cinq malades, en moyenne, un part en réanimation et les quatre autres dans les services standards. Pour les malades en réanimation, il y a aussi tous ceux qui sont pris en charge par le SMUR ». Il précise : « Le ratio des patients positifs au COVID change un peu d’un jour à l’autre. En moyenne, sur dix patients, sept ou huit ne sont pas vaccinés ».

"On a les moyens humains et physiques pour faire face"

Face à ce casse-tête pour trouver des lits et prendre en charge l’afflux de patient, le Pr Jeannot Schmidt et son équipe doivent s’adapter : « On a les moyens humains et physiques pour faire face. On n’a pas renforcé les ressources mais on n’est pas en-dessous des ressources habituellement nécessaires. Si on était un peu plus, personne ne n’en plaindrait. Mais quand tout roule, ce n’est pas un problème. Ce qui est le plus compliqué c’est lorsque les malades arrivent par vagues. S’ils arrivaient au fil de l’eau sur vingt-quatre heures, ça serait parfois mieux. On a parfois quatre ou cinq malades qui arrivent en l’espace d’une heure : vous avez beau avoir la meilleure équipe, ce n’est pas possible. Rapportée sur 24 heures, on a une bonne équipe médico-soignante, mais quand ce sont des pics, ce n’est pas suffisant. Cela ne date pas d’aujourd’hui, c’est habituel. C’est compliqué de renforcer ponctuellement une équipe pour des pics de deux ou trois heures tous les jours. On s’est déjà adaptés en termes de ressources. Aujourd’hui, tous les postes sont pourvus ».

Trois scénarios possibles

Alors qu’on annonce une sixième vague avec le déferlement du variant Omicron, le chef du pôle des urgences a établi différents scénarios : « Il y a trois cas de figure qui se présentent. Le premier est qu’il n’y aura pas de déferlante et qu’on va rester dans l’intense comme actuellement, et c’est tant mieux. Dans un deuxième cas de figure, il y a une déferlante sans forcément de cas graves et on s’en sortira. Dans le troisième cas de figure, on a une déferlante avec beaucoup de cas graves à hospitaliser : il est clair que ce ne sont plus les urgences qui doivent être adaptées mais tout l’hôpital. Ce troisième cas de figure est possible mais on n’y tient pas ». Il ajoute : « On a également des soignants qui sont contaminés et qui ne travaillent pas. On aimerait bien que cela reste à quelques-uns et que cela n’aille pas au-delà ».

Des contaminations possibles dans les stations de ski

Avec l’ouverture des statons de ski, qui étaient fermées l’an passé, le Pr Jeannot Schmidt redoute la multiplication des contaminations. Il explique : « Pour les stations de ski, ce qui m’inquiète ce ne sont pas les gens qui se cassent la figure car le plus souvent ces accidents ne sont pas très graves et on arrive à les gérer. Ce qui me gêne le plus c’est qu’il y aura probablement des gens non vaccinés sur les pistes de ski. Même parmi ceux qui sont vaccinés, on sait qu’Omicron peut les frapper. Il peut y avoir une contamination par l’effet de densité de population, notamment sur les terrasses des cafés. Il peut y avoir une augmentation des contaminations. Le retentissement sera pour la semaine suivante. Globalement, ce sont des gens jeunes et dynamiques, qui risquent de consulter des médecins en ville mais beaucoup de cabinets sont fermés à cause des vacances. S’ils viennent aux urgences, on aura une suractivité. Mais en termes d’hospitalisation, ce n’est pas la population la plus embêtante. Si on devait avoir une augmentation du nombre de patients COVID et la réapparition des accidents de ski, il arrive un moment où on ne pourrait plus tenir ».

Un message de prévention

Le médecin souhaite avant tout faire passer un message de vigilance : « C’est bien de s’amuser, de profiter des pistes de ski, mais c’est bien aussi d’être citoyen. Il faut porter le masque le plus possible lorsque les gens sont sur les terrasses des bars. Il faut se faire vacciner. Si on est positif, il faut s’isoler et ne pas cacher sa positivité. Enfin, il faut consommer les services d’urgences avec modération car toutes les équipes sont fatiguées, et si on travaille un peu moins, on n’en voudra à personne ». L'équipe des urgences se prépare aussi pour le réveillon du nouvel an. Une nuit généralement très agitée dans ce service qui ne dort jamais.

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