Depuis l’été 2020, des chercheurs de la métropole clermontoise travaillent sur la nutrition et l’intérêt d’un régime plus végétal chez des personnes à risques de maladies cardio-vasculaires. Une étude clinique menée par l’Inrae de Clermont-Ferrand et le CHU Gabriel Montpied.
Des chercheurs mènent actuellement une étude clinique sur les bénéfices d’un régime alimentaire moins carné au Centre d’investigation clinique (CIC) du CHU de Clermont-Ferrand, en partenariat avec l’Inrae (l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement). Ils sont une dizaine à vouloir mieux analyser les effets d’un apport en protéine plus végétalisé sur la santé de personnes à risques cardio-vasculaires.
Une étude nutritionnelle tournée vers l’avenir
« Avec le changement climatique, nous allons être obligés de changer nos modes d'alimentation. Quelles conséquences cela va-t-il avoir ? », se demande Sergio Polakof, directeur de recherche à l’INRAE. Le chercheur a axé l'étude clinique sur la réduction des apports en protéine animale (viande, poisson par exemple) et leur substitution par des protéines végétales (céréales complètes, légumineuses ou fruits à coque). L’équipe s’est alors penchée sur les sujets à risques de maladies cardiovasculaires. « L’objectif est de voir, si avec une alimentation davantage végétalisée, nous pouvons prévenir le risque. », résume le directeur de recherche.
Les chercheurs ont envisagé 20 participants à leur étude clinique, mais seulement 6 ont pour l’instant été sélectionnés. « Pour avoir un volontaire, il faut brasser des candidats. Et la situation sanitaire n’incite pas à participer, pourtant toutes les précautions sont prises dans le service pour éviter les risques de contaminations. »
Une recherche de volontaires en cours
Une fois le contact pris avec le secrétariat du CIC (Centre d’investigation clinique), les volontaires ont rendez-vous avec un médecin pour une « visite d’inclusion ». L’objectif est de dresser un bilan de santé avant le début de l’étude et de vérifier que le volontaire corresponde aux critères d'inclusion. L’étude requiert des hommes entre 25 et 55 ans, pesant plus de 73 kg et dont le tour de taille (au niveau du nombril) est supérieur à 94 cm. Les personnes remplissant ces conditions sont susceptibles de présenter plus de risques cardiovasculaires que la moyenne.
Sur les réseaux sociaux, les avis de recherche ont été multipliés pour recruter de nouveaux volontaires.
????Nous recherchons des volontaires pour participer une étude nutritionnelle sur les effets des produits animaux et...
Publiée par Etude Clinique sur Lundi 11 janvier 2021
L’équipe de recherche veille à ce que les volontaires n’habitent pas trop loin du CHU : il leur faudra s’y rendre deux à trois fois par semaine. Les habitants de la métropole clermontoise sont ainsi privilégiés. Une compensation financière est attribuée aux participants, pour leur temps et leur investissement. L’engagement doit être respecté sur les deux mois que dure l’étude.
Une alternance entre deux régimes alimentaires
Les volontaires à l’étude consommeront deux régimes alimentaires différents, l’un après l’autre, pour une durée d’un mois à chaque fois. Entre les deux, un répit de 15 jours permet de reprendre ses habitudes alimentaires. Les deux régimes ont été élaborés par des nutritionnistes pour répondre aux besoins des volontaires : « Ceux qui ont déjà participé à l’étude n’ont pas pris, ni perdu de poids. Ce n’est pas le but. », précise Sergio Polakof. Pendant les deux mois de l’étude, tous les repas du midi et du soir sont préparés par le CCAS (Centre communal d'action sociale) et livrés au CHU. Les volontaires n’ont plus qu’à les récupérer plusieurs fois dans la semaine, gratuitement, et à les consommer. « C’est une logistique extrêmement lourde mise en place par le CCAS, souligne le directeur de recherche. Tout est cuisiné, frais, par des professionnels pour les participants. »
Le régime alimentaire A ressemble, dans ses apports, à celui d’un Français moyen. Environ 2/3 des apports en protéine sont issus de produits animaux et 1/3 en produits végétaux.
Le régime alimentaire B est constitué à l’inverse : 2/3 des apports protéinés sont issus de produits végétaux, contre 1/3 de produit animaux. « Il ne s’agit pas du tout de diaboliser les apports animaux. », précise Sergio Polakof, puisqu’1/3 de part animale est conservée.
Les volontaires vont donc alterner, aléatoirement, les régimes A et B pendant deux mois. Dans aucun des deux, il ne s’agit d’un régime alimentaire à 100% végétarien ou à 100% carné. Cette étude simule une transition alimentaire avec réduction de la consommation de protéines animales, pas un changement drastique. « Les végans représentent moins d’un pourcent de la population française, explique Gaïa Lépine, étudiante en thèse à l’Inrae. Dans ce projet, nous souhaitons étudier des régimes applicables à une grande partie de la population française . »
Collecte des résultats et application future
Au total, sur les deux mois, les volontaires devront se soumettre à 8 visites médicales espacées, lors desquelles les chercheurs prélèveront sang, urine et selles pour collecter les données. « Nous utilisons une technique appelée la métabolomique, détaille Gaïa Lépine. C’est une technique de pointe qui nous permet, en un prélèvement, de récolter des milliers de paramètres. » La collecte des informations issues des 20 volontaires, puis l’analyse, l’interprétation et la valorisation des résultats prendront ensuite quelques mois aux chercheurs. A terme, « Les résultats pourraient servir d'appui aux politiques de santé publique. », espère Sergio Polakof. Cela pourrait par exemple alimenter les réflexions du Programme national nutrition santé (PNNS), connu pour des campagnes comme mangerbouger. Les politiques de santé publique actuelles prévoient une alimentation avec des apports en protéine à 50% végétaux et 50% animaux d’ici 2030. Cette étude vise donc à anticiper cette lente transition pour en découvrir les effets sur la santé. Le directeur de recherche conclut : « L’impact de cette étude pour la société peut-être très important, et c’est aussi l’un des objectifs de l'Inrae. »
Pour participer à cette étude ou obtenir des informations complémentaires, contactez le secrétariat du CIC (Centre d'investigation clinique) au 04 73 17 84 25, entre 9h et 12h45, du lundi au vendredi.
Le Centre d’Investigation Clinique du CHU de Clermont-Fd (CIC Inserm 1405), dirigé par le Professeure Gisèle Pickering, a pour vocation de fédérer la recherche clinique sur le site clermontois, en réunissant les potentiels existants et en proposant des innovations.