C’est au marché de gros de Clermont-Ferrand que les commerçants du Puy-de-Dôme viennent faire leurs achats afin de garnir leurs rayons et leurs étals. Une visite au matin du 25 mars montre qu’ici aussi le contexte international et la hausse des prix des carburants entrainent des augmentations.
Chaque matin comme ce vendredi 25 mars alors que le jour n’est pas encore levé, les commerçants et restaurateurs du Puy-de-Dôme font leurs achats au marché de gros de Clermont-Ferrand. Un rendez-vous incontournable pour ces professionnels qui y découvrent les produits du moment, tout en prenant connaissance des cours de vente sans cesse réactualisés. Et ces derniers temps la tendance est à la hausse.
« On commence à voir une augmentation sur les fruits mais pas que, sur les produits frais bien sûr. Mais aussi tout ce qui est épicerie, l’huile c’est en train de monter sérieusement » explique Christian Coutarel du restaurant gastronomique Le Boudes la vigne à Boudes. « Là on sort de l’hiver : les premières asperges sont dans des prix raisonnables mais il est vrai qu’on est inquiets pour l’avenir, sur ces augmentations que ce soit au niveau alimentaire mais aussi sur les salaires. Ça va être compliqué de répercuter ces augmentations sur notre assiette. Même si la clientèle le comprendrait, il va falloir rogner, ronger nos marges, on ne pourra pas faire autrement ».
« On le voit sur l’ensemble des factures, sur les produits printaniers, sur ce qui est carburant, transports, pour nos agriculteurs, automatiquement il va y avoir une répercussion sur nos produits, ça ne peut pas être autrement. Je viens à Clermont-Ferrand deux fois par semaine, je suis en train de me poser la question si je n’ai pas intérêt à venir en fin de semaine, on est en train d’analyser tout cela ».
Tout augmente un petit peu.
Jacques Dalla Zanna, épicier à Olby
Epicier à Olby, Jacques Della Zanna partage le constat, lui qui précise vendre aussi « un peu de tout » : des fruits et légumes, des pâtes, du gaz… Il vient au marché de gros de Clermont-Ferrand une fois par semaine pour refaire son stock de marchandises. « Forcément il y a augmentation, tous les produits qui sont sous serre ont augmenté, les produits qui arrivent par avion… Les fruits et légumes bougent beaucoup selon le temps, les saisons. Il faut chauffer les serres, ça coute très cher. Même nous nos coûts de transport montent aussi donc on est obligés de répercuter si on veut vivre ».
La guerre, mais aussi le climat
Stéphane Ballestra est grossiste, il exerce sur le marché depuis 30 ans et avoue n’avoir jamais vécu pareille situation. Depuis son bureau, il appelle ses fournisseurs, comme ce maraîcher de la région de Saint-Etienne. Entre les deux hommes la conversation ne s’éternise pas, Stéphane Ballestra est à peine surpris : la marchandise se fait plus rare. « Il me faudrait 60 ou 80 batavias, je vais en avoir 20 » dit-il après avoir raccroché le téléphone. « Il me faudrait une cinquantaine de bottes de radis, il n’en a pas car ça ne pousse pas. Il me faudrait dans les 50 ou 60 feuilles de chêne vertes et rouges, j’en aurai 10 ou 15 de chaque. Il m’a dit : j’ai planté pas énormément parce que j’avais peur du contexte géopolitique, comment allaient tourner les achats des clients. Tout le monde s’est mis à acheter, les salades et le maraîchage n’ont pas repoussé aussi vite qu’il a vendu. Au bout de 8 jours, il n’a presque plus rien déjà, il faut attendre que ça repousse ».
« Tout coûte plus cher, le plastique est plus cher parce que le pétrole est plus cher ; le bois est plus cher, les emballages sont plus chers, la main d’œuvre est plus chère parce qu’on a de plus en plus de mal à trouver des gens pour travailler dans les champs, en livraison ».
La guerre en Ukraine depuis un mois pèse sur le cours des fruits et légumes, mais elle n’est pas, selon Stéphane Ballestra, la seule responsable de ces hausses. Il ajoute : « Et puis on a un dérèglement climatique dans lequel on est véritablement plongés depuis une quinzaine d’années, mais là ça s’accentue. Pas assez d’eau, trop de vent, d’un seul coup trop froid, trop chaud ! Rien ne va jamais au bon moment au bon endroit, on n’a pas beaucoup de visibilité dans notre métier ».
« La production est prise à la gorge par les prix de plus en plus élevés, l’acheminement des produits est plus cher et le client final est aussi de son côté pris à la gorge par les prix des carburants, de l’énergie et la variable d’ajustement, c’est les fruits et légumes, ça toujours été comme ça. Il faudrait peut-être envisager des forfaits de livraison ou un minimum de quantité à livrer. Il y a des gens chez qui on allait plusieurs fois par semaine, on pourrait peut-être ne plus le faire et il faudra essayer de réduire les coûts ».
Car sur place tous le craignent : la guerre en Ukraine devrait encore avoir des conséquences et les prix devraient continuer à augmenter dans les prochains mois.