Des lycéens ont manifesté vendredi 7 décembre dans les rues de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Le long du cortège ponctué de dégradations, passants et riverains ne cachaient pas leur indignation et leur incompréhension.
Dès les premières poubelles renversées le long du trajet entre le Lycée Sidoine Apollinaire et le Lycée Amédée Gasquet à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), c’est l’incompréhension. Trois habitants sont descendus de leur immeuble : "ça sert à quoi ?" interroge l’un d’eux, "C’est encore le gardien qui va devoir ramasser les ordures répandues sur la chaussée, il n’a pas que ça à faire".
Et quand la première voiture est renversée rue Antoine Menat à l’arrière du lycée, c’est carrément l’indignation : "quelle honte" dit une passante qui a assisté aux 3 charges des policiers "Je suis dégoutée, les gens triment pour se payer une voiture, parfois à crédit". Pour cet agent des cuisines du lycée qui est resté à l’abri pendant que des manifestants escaladaient les grilles : "Il suffit d’une poignée de casseurs et c’est le bordel, on plaint le propriétaire de la voiture, elle est bonne pour la casse".
Rapidement les lycéens traversent le centre-ville et rejoignent l’avenue Carnot. Un nouveau point de fixation se crée devant les locaux de l’Université Clermont-Auvergne. Un face à face tendu avec la police comme il y en a déjà eu les jours précédents. Un homme engage la discussion avec un policier en civil : "Je suis parent d’élève" lui dit-il, "Ils sont mineurs, vous voyez comment vous les traitez, c’est trop de violence". Quelques étudiants font le point : "Nous on est calmes, il n’y a pas de raison que ça dégénère". Pourtant à peine le premier projectile lancé sur les forces de l’ordre, la réplique est immédiate, une grenade lacrymogène dégage la rue Bansac. Un couple passe avec une poussette : "ça pique, faisons-vite pour le petit".C'est trop de violence
Le cortège repart vers le Lycée Sidoine Apollinaire. A l’arrêt du tram où plus une rame n’est passée depuis 9 heures 50, un jeune homme attend : "C’est quand le prochain, je vais au sud de Clermont, à pied c’est trop loin". Comprend-il le mouvement : "Non, ils n’ont rien à voir avec les Gilets Jaunes, d’ailleurs que demandent-ils ?"
Sortie de son bureau, une riveraine commente : "Je ne veux pas les critiquer, mais ils y en a des très jeunes, 12 ans à peine sans doute, ce ne sont pas des lycéens, et encore moins des étudiants".
Depuis sa voiture un automobiliste contraint à faire demi-tour crie "Arrêtez !" aux jeunes filles qui constituent la fin du cortège, puis s'en va.
Ils n'ont pas de revendication
Peu après 11 heures 30, ils ne sont plus qu’une centaine à se rejoindre place de Jaude. Le dispositif de maintien de l’ordre monte en puissance, une dizaine de gendarmes surveille discrètement près du Pont de Jaude. La foule passe dans une quasi indifférence : "Ils n’ont pas de revendication, les voitures et les magasins, c’est tout ce qui les intéressent" échangent deux employés de bureau qui font une pause. Aux forces de l’ordre qui filtrent le passage vers la Préfecture une femme lance "Bon courage les policiers et bravo !"
Les magasins sont ouverts, les galeries commerciales ont des agents de sécurité qui filtrent les entrées et les commerçants (sous couvert d’anonymat) disent leur ras-le-bol : "On a fait un mauvais mois de novembre, décembre on dégringole dit l’un d’eux". "La semaine c’est déjà pas terrible, mais demain samedi ça sera comment ? A deux semaines de Noël, on n’avait vraiment pas besoin de ça !" dit un autre.