Depuis près de quarante ans, 20 millions d’oiseaux disparaissent chaque année en Europe, estime une étude menée par des scientifiques européens. La LPO, Ligue de protection des oiseaux, organise régulièrement des comptages. Dans le Puy-de-Dôme, elle constate aussi année après année que les populations d’oiseaux sont en déclin, notamment dans les milieux agricoles.
Dans un article publié le lundi 15 mai, des chercheurs ont conclu que l’intensification de l’agriculture est la principale cause d’un spectaculaire déclin des oiseaux en Europe : ils sont 20 millions à disparaître en moyenne chaque année. "On trouve une baisse d'un quart de l'abondance des espèces depuis 1980", a expliqué à l'AFP Vincent Devictor, chercheur au CNRS et coordinateur de l'étude. "Autrement dit 800 millions d'individus en 40 ans, soit 20 millions par an, donc une baisse systémique, profonde, de l'avifaune européenne", souligne l'expert. Certains écosystèmes sont plus durement touchés que d'autres: le nombre d'oiseaux forestiers a diminué de 18%, baisse qui atteint 28% pour les oiseaux urbains et même 57% pour les oiseaux des milieux agricoles. "Nous concluons que l'intensification de l'agriculture, en particulier l'usage des pesticides et des engrais, représente la pression principale pour la plupart des déclins de populations d'oiseaux, en particulier ceux qui se nourrissent d'invertébrés", écrivent les scientifiques dans leur article.
Des oiseaux qui disparaissent
Dans le Puy-de-Dôme, le chant des alouettes raisonne, au cœur des champs de la Limagne bosselée, au sud d’Issoire. Pourtant cette mélodie champêtre est trompeuse. Sabine Boursange, directrice de la LPO (Ligue de protection des oiseaux) Auvergne, explique : « Depuis 20 ans, on a compté une diminution de 30 % des alouettes des champs. Elle est toujours là mais avec 30 % d’individus en moins en 20 ans. On a aussi de nombreuses espèces qui diminuent dans les milieux agricoles, par exemple le vanneau huppé, avec – 60 %, la tourterelle des bois, -61 % ou encore le bruant jaune, avec quasiment -50 % ». Selon la LPO, cet effondrement de la population est dû aux pratiques agricoles. Les pesticides éliminent les sources de nourriture des oiseaux : les insectes et les graines des plantes indésirables.
Des paysages qui changent
La modification des paysages agricoles a aussi son importance. Sabine Boursange poursuit : « Le changement de certaines prairies en cultures fait qu’on a moins de zones de nidification au sol pour les oiseaux. L’agrandissement des parcelles va faire disparaître le bocage, les murets et les haies, qui sont des zones de reproduction des oiseaux car beaucoup d’oiseaux installent leur nid dans les arbres du bocage ». Selon La LPO, il est urgent de repenser notre modèle agroalimentaire et de revenir à un modèle plus soutenable, plus durable. Sabine Boursange indique : « Pour donner un autre chiffre, on a 80 % d’agriculteurs en moins par rapport aux années 70 et cela a un impact sur la vie dans les milieux ruraux mais aussi sur la santé et notre bien-être. Il faut remettre de l’humain pour retrouver des oiseaux, des insectes et du bien-être ». Le déclin des populations d'oiseaux est un phénomène inquiétant. Pourtant, selon la LPO, ce triste constat est moins important dans les campagnes d’Auvergne que dans le reste de l’Europe, globalement encore plus touché.
Ecrit avec AFP