Pour le déjeuner, à l'ESPE Clermont-Auvergne (École Supérieure du Professorat et de l'Éducation), l'association actu'sciences et le CRESNA, une coopérative d'expertise et de médiation autour de l'alimentation, proposait aux étudiants de déguster des... insectes. Au menu, grillons, vers et termites.
Après avoir dégusté la patte d'un grillon qui la repugnait un peu moins que la tête, et bien moins que de l'avaler entièrement, la jeune fille détecte un goût d'huître. Une autre reconnaît bien le citron. Cette dernière est plus proche de la réalité, puisque la préparation proposée par le CRESNA (une coopérative d'expertise et de médiation autour de l'alimentation basée à Clermont-Ferrand) pour ce premier atelier de l'année dans l'école autour du thème "L'entomophagie avec dégustation d'insectes", mélange les grillons entiers à des morceaux de citrons déshydratés (Photo de droite).
Le temps de la pause déjeuner, les futurs enseignants sont donc devenus "entomophages", et certains se sont délectés de ces petites bestioles qui craquent volontiers sous la dent. L'entomophagie est la consommation d'insectes par les humains. Elle est pratiquée principalement dans certaines régions d'Asie, Afrique et Amérique latine. Ses intérêts gustatifs mis à part (intérêts, qui, il faut bien le dire, peuvent faire débat), l'entomophagie présente quelques avantages.
Pour l'environnment d'abord. Et par les temps qui courent, l'argument a du poids. Selon le CRESNA qui, croyez-moi, s'appuie lui-même sur des études très très sérieuses, c'est une économie de ressources avec un taux de conservation rentable. Un argument indiscutable puisque tous les aliments proposés lors de cet atelier sont déshydratés. Ensuite, la production de gaz à effet de serre pour l'élevage de ces petites bêtes est suceptible d'être inférieure à celle de l'élevage de bétail. On utilise aussi moins d'eau et l'élevage de ces bestioles est moins dépendant du sol et plus économe en espace que l'élevage conventionnel.
L'intérêt serait aussi social et économique: diversification des moyens de subsistance des populations, opportunités commerciales, meilleur rendement que l'élevage conventionnel. Enfin, même si on nous apprend que la valeur nutritionnelle des insectes dépend de plusieurs facteurs, il est largement admis qu'ils fournissent des protéines et des nutriments de haute qualité et qu'ils présentent un faible risque de transmission de maladies.
"En France, nous dit Sarah Boivin du CRESNA, de plus en plus de farines à base d'insectes se développent. On peut trouver des petits gâteaux à base de farine d'insectes, des compléments alimentaires mais le plus gros du marché concerne l'industrie du sportif. Car au niveau des protéines, l'insecte a du répondant, et plus particulièrement la termite, riche en protéines, pauvre en lipides et glucides et très riche en minéraux."
Le but du CRESNA est d'informer, de sensibiliser à l'alimentation dans sa globalité et il aborde toutes les thématiques liées à la santé, à l'environnement et à l'éducation au goût. Régulièrement, le CRESNA intervient dans différents organismes publics et privés pour animer des ateliers cuisines, jardins et accompagnement dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Enfin, Sarah nous a également appris qu'aujourd'hui, un à deux millards de personnes sur terre mangent des insectes régulièrement. Alors pourquoi pas nous?