Député à 100 voix près : en Auvergne, ces circonscriptions qui se sont jouées à rien

Dans l’Allier et le Puy-de-Dôme, 2 circonscriptions auvergnates sont passées dans un mouchoir de poche : à peine plus de cent voix d’écart entre le député et son adversaire. Au lendemain du second tour des élections législatives, réactions de ces candidats pour qui chaque voix a compté.

Il a suffi de presque rien, à peine une centaine de voix, pour faire basculer ces deux circonscriptions : la 4ème circonscription du Puy-de-Dôme et la 2ème circonscription de l’Allier. A l’issue du second tour des élections législatives, les scores des deux candidats en ballotage étaient pour le moins très serrés. Dans l’Allier, 140 voix seulement séparent le député élu Jorys Bovet (RN) de sa rivale de la NUPES Louise Héritier. Dans le Puy-de-Dôme, l’écart se réduit encore entre la candidate élue de la majorité présidentielle Delphine Lingemann et son opposante NUPES Valérie Goléo : 116 suffrages les séparent. Au lendemain de ces résultats, les députés et leurs anciens rivaux analysent cette situation. 

Nous, on a cette tradition du front républicain. On a bien vu que ça ne marche que dans un sens.

Louise Héritier

Battue, Louise Héritier, jeune candidate NUPES de 25 ans, s’inquiète de voir le RN triompher. Elle en veut au bloc de droite et centre-droit de ne pas avoir appelé au barrage républicain : “Il y a eu, pendant toute la semaine, une certitude de la part des gens de gauche que ça passerait largement. Nous, on a cette tradition du front républicain. On a bien vu que ça ne marche que dans un sens puisqu'on a eu des appels explicites de la droite à voter pour mon adversaire. Le maire de droite de Montluçon, Monsieur Laporte, a voté pour le RN. Le candidat Jean-Jacques Kegelart ne s’est pas prononcé. Les macronistes et Madame Vanceunbrock, qui a été éliminée au premier tour, a d'abord dit que c'était la peste et le choléra. Elle a continué à tracer ce signe égal entre l'extrême droite et la gauche rassemblée puis s'est ravisée et a appelé au barrage républicain. Quand on constate, à l'échelle du pays, qu’il y a eu 73% d'abstention chez les gens qui avaient voté pour En Marche au premier tour, on voit bien qu'en fait, il y a eu soit carrément une alliance de classe un entre le bloc bourgeois et le bloc fasciste, soit une certaine mollesse de la part d'un grand nombre de personnes du centre et de la droite. Ils ont considéré que c'était bonnet blanc et blanc bonnet. C'est ça qui a fait ce score très serré.”  

Elle regrette également la forte abstention : dans sa circonscription, près de 52% des électeurs ne sont pas allés voter. “On avait une belle mobilisation populaire mais il y a des gens qui sont éloignés de la politique depuis longtemps. On ne peut pas non plus, en une campagne, tout bouleverser”, analyse Louise Héritier. Malgré le faible écart, elle n’entend pas contester les résultats : “Pour contester un résultat, il faut qu'il y ait des irrégularités. On a eu des assesseurs, des gens qui ont observé les bureaux de vote. Apparemment, les choses se sont bien déroulées, il n'y a personne qui a noté des choses qui se seraient mal passées. Pour recompter, il aurait fallu des irrégularités et ce n'est pas le cas. Ou alors, il aurait fallu un écart encore plus serré.” 

“L'union de la droite a vraiment très bien pris au niveau de de Montluçon” 

Pour son rival, Jorys Bovet, député RN nouvellement élu, les discours de la figure de proue de la NUPES Jean-Luc Mélenchon ont pu porter préjudice à son opposante : “ On sait les déclarations de Monsieur Mélenchon à savoir que la police tue, qu'il faudrait les désarmer, des déclarations assez hostiles envers les forces de l'ordre...”. Il remercie également toutes les figures de droite qui l’ont soutenu : “L'union de la droite a vraiment très bien pris au niveau de de Montluçon. Il y a eu beaucoup de circonstances qui ont fait que les droites ont dû se mobiliser en conséquence." 

Discret pendant la campagne, il explique avoir pourtant rencontré de nombreux électeurs : "Je n’étais pas sous les caméras ou toujours accompagné de journalistes, mais j’étais sur place, j'ai collé mes affiches, j'ai vu du monde, j'ai pu dialoguer et voir les soucis de la circonscription. J'ai eu également un rendez-vous avec l’hôpital de de Montluçon et Néris-Les-Bains et j'ai pu voir comment résoudre certains problèmes”. Originaire de Vichy, il est parvenu à réaliser ce tour de force dans une circonscription qui n’est pourtant pas celle de son lieu d’habitation : "A Montluçon, j'ai des attaches familiales par rapport à ma compagne. C’est une ville que j'aime beaucoup et même une circonscription que j'aime beaucoup. J’aime tout ce qui concerne l'histoire de France. Il y a des châteaux très jolis et ça me plaît.” 

“La prochaine fois ça passera” 

Dans le Puy-de-Dôme, pas d’amertume du côté de Valérie Goléo, candidate NUPES qui n’est pourtant passée qu’à 116 voix d’un siège à l’Assemblée : “Si je n'avais fait ça que pour moi, je serais certainement très amère, mais comme je n'ai pas fait ça pour moi, je trouve ça réjouissant. Il s'est réveillé dans la 4ème circonscription quelque chose d'assez nouveau : une vraie force de gauche rassemblée, unie. Pour quelqu'un de gauche comme moi, c'est plutôt enthousiasmant. Après, le seul bémol que je mets là-dessus, c'est que la plupart des abstentionnistes du 1er tour ne se sont pas déplacés. Il y a ce désamour de la politique qui, malheureusement, ne fait pas leur bonheur. Même si nous avons constitué une force d'opposition puissante au Parlement, il y a à craindre encore une politique de maltraitance sociale et d'inaction climatique. Les gens qui auraient eu le plus besoin de gauche ne se sont pas déplacés. Nous avons encore beaucoup de travail à faire et c’est en construction. 

Son seul regret : ne pas être parvenue à mobiliser les abstentionnistes. “Même si je pense qu'on est allé chercher beaucoup de gens, il y aura donc 116 personnes que nous n'avons pas rencontrées et qui auraient pu faire la différence ; 116 ce n’est rien, mais bon, c'est ainsi. Je suis une républicaine, une démocrate convaincue. Les urnes ont parlé, on a perdu sur ce coup-là, à rien, mais on a perdu. Eh bien, on recommence. Et puis la prochaine fois ça passera.” 

“Les électeurs ont choisi de soutenir le projet de la majorité présidentielle” 

Elle succède à Michel Fanget : Delphine Lingemann, candidate de la majorité présidentielle, voit cette courte victoire comme une adhésion au projet gouvernemental : " Je pense que ce qui fait la différence, c'est qu'on a mené une campagne sur le terrain, projet contre projet et les électeurs ont choisi de soutenir le projet de la majorité présidentielle qui, pour moi, est un projet de rassemblement et un vrai projet d'avenir pour le pays." 

Pour elle, ce vote est également un désaveu de la nouvelle union populaire : "La NUPES déjà, éclate au lendemain des élections, puisque les différents partis constitutifs ne veulent pas constituer un groupe à l'Assemblée Nationale. Nous, on a un groupe unifié autour d’un projet et des pactes républicains pour la production et entre les générations. La NUPES est une alliance de différents projets mais qui n'avaient pas toujours beaucoup de choses en commun. C'est peut-être ce que les électeurs ont ressenti. Aujourd'hui, on voit que ça a déjà éclaté puisqu'ils ne font même pas en un groupe à l'Assemblée Nationale, donc je pense que les électeurs ne s'y sont pas trompés. Ils ont bien vu que c'était une alliance qui n'était pas autour d'un projet commun comme celui porté par la majorité présidentielle. Sur la 4e circonscription, je n’ai jamais entendu parler quelqu'un de barrage contre la NUPES.” Dans l’Allier 52,74% des électeurs inscrits se sont abstenus et 51, 27% dans le Puy-de-Dôme, une forte abstention qui explique en partie ces faibles écarts de voix. 

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