En ce 1er mai, à Clermont-Ferrand, ils étaient 25 000 manifestants selon les syndicats, 14 000 selon la police, à défiler contre la réforme des retraites, même si la loi a été promulguée. Revivez les temps fort de la manifestation.
Cette année, le 1er mai, fête du travail, coïncide avec un appel à manifester contre la réforme des retraites. Même si la loi a été promulguée, l’intersyndicale n’entend pas baisser les bras. A Clermont-Ferrand, pas moins de 11 syndicats ont appelé à défiler.
La CGT annonce 25 000 manifestants contre 14 000 selon la préfecture. Christophe Boucheix, de l’union locale de la CGT, indique à la tribune : « C’est historique et c’est symbolique : ce 1er mai est l’occasion de rappeler ce que nous ne devrions jamais oublier, le droit de manifester, le droit de contester, le droit de s’opposer, le droit de défendre notre avenir. Toutes les organisations syndicales sont présentes, ensemble et unies, pour rejeter unanimement cette réforme des retraites ».
"On va continuer à sortir dans la rue"
Myriam, 64 ans, est à la retraite depuis un an : « Je n’ai plus trop d’espoir mais on continue à se battre quand même. Macron ne nous écoute pas. Je continuerai à manifester. On résistera tout le temps, jusqu’au bout ».
Tous les moyens sont bons pour se faire entendre : les casseroles, mais aussi les poubelles sont réquisitionnées.
Dans le cortège, les manifestants appellent à la mobilisation. Au son des casseroles, ils scandent : "Clermont, Clermont, soulève-toi ! ".
Léa et Fabien sont venus en famille et indiquent : « On est pris dans l’émulation du mouvement qui vient remettre en cause pas mal de choses dans la société qui me semblent très importantes, notamment pour nos enfants. On veut participer le plus possible. Cela nous fait chaud au cœur d’être aussi nombreux. On n’est pas seuls. Nous sommes venus avec notre enfant. Pour lui, c’est important de voir qu’il appartient à une société unie, avec des sourires, qui ne fait pas qu’aller faire des courses et travailler. Il y a une injustice. On va continuer à sortir dans la rue. Nous nous sentons confiants ».
Peu à peu, le cortège investit la place de Jaude.
Malgré la diversité des profils, les manifestants sont tous d'accord sur une chose : le rejet de la réforme.
Dans le cortège, on trouve aussi bien des jeunes que des retraités, des salariés, des familles.
En dépit de la promulgation de la loi sur la réforme des retraites, ces manifestants restent déterminés à se faire entendre.
"Dans ce pays le jour de combat des travailleurs a commencé le 19 janvier"
Gabriel, 22 ans, employé dans la mécanique, précise : « C’est la première fois que je manifeste un 1er mai. C’est la situation démocratique en France qui me préoccupe. Il y a une dislocation entre la population et le gouvernement : la communication est rompue. Il y a un décalage entre l’élite politique et le reste de la population ».
Frédéric Bochard, secrétaire départemental FO du Puy-de-Dôme, harangue la foule : « Nous sommes des milliers dans les rues de Clermont-Ferrand, certainement des millions dans toute la France, contre la réforme des retraites mais aussi pour exprimer notre solidarité internationaliste avec les travailleurs du monde entier. C’est le jour des travailleurs, le jour du combat des travailleurs. Je crois que dans ce pays le jour de combat des travailleurs a commencé le 19 janvier. Depuis cette date, nous montrons que nous ne cédons pas ».
Le cortège est parti de la place du 1er Mai vers 10h45.
"La loi a été promulguée mais ce n’est pas grave : une loi, ça s’enlève"
Mathieu, étudiant, 27 ans, souligne : « C’est ma première vraie expérience de manifestation. Je voulais être présent aux côtés des gens pour des questions de justice sociale et des questions environnementale qui traversent notre société. Je comprends ce besoin d’exprimer sa colère car on n’est pas entendus. On subit un système qui est de moins en moins démocratique. Cela m’inquiète et cela me motive pour manifester ».
Patricia, agent administratif en mairie, est venue faire du bruit avec une casserole : « Je viens contre la réforme des retraites. Je veux faire du bruit pour qu’on nous entende. Macron est sourd. Je suis déterminée. Une loi, ça se fait et ça se défait ».
Arrivée tôt place du 1er Mai, Anita, 62 ans, bientôt à la retraite, explique : « Je manifeste contre la réforme des retraites. C’est la première fois que je défile un 1er mai. Je ne suis pas d’accord avec la réforme des retraites proposée actuellement. Il faudrait peut-être qu’il y ait une réforme mais pas celle qui nous est proposée. Il y a beaucoup de personnes qui souffrent au travail et qui n’arrivent pas à l’âge de 62 ans et ne parlons pas de 64 ans. On insiste car une majorité de personnes sont contre cette réforme ».
Jean-Michel, 48 ans, conducteur d’engins, indique : « A chaque fois qu’il y a une manifestation, je suis là. La loi a été promulguée mais ce n’est pas grave : une loi, ça s’enlève. Cela ne sera pas la première fois. C’est la première fois que je défile un 1er mai car il faut que cette loi saute. Je suis venu avec mon fils car il s’agit de son avenir. Ils veulent qu’on crève avant la retraite ».
Sur la bien nommée place du 1er Mai, c’est la fête des travailleurs. On n’échappe pas à la tradition, avec la présence de vendeurs de muguet. Chez les manifestants qui rejettent en bloc la réforme des retraites, on sent un parfum de colère.
Sur une pancarte avec un brin de muguet, un manifestant a défini sa vision du bonheur : « Partage. Démocratie. Services publics. Acquis sociaux. Solidarité. GIEC. Retraite à 60 ans ».
Philémon, paysan-boulanger, est venu avec ses enfants de 2 et 4 ans : « C’est aussi pour eux. C’est leur avenir qui est en train de se jouer. Je viens pour le défilé du 1er mai et contre la réforme des retraites. C’est la première manifestation que je fais contre la réforme des retraites ».
Voici le parcours de la manifestation
Un cortège uni
De mémoire de syndicaliste, c’est historique : le 1er mai 2023, il n’y aura qu’un seul cortège dans les rues des grandes villes auvergnates. « C’est la première fois que je vois cela depuis que je suis à Clermont-Ferrand, c’est à dire depuis au moins 1998 » dit Frédéric Bochard, le secrétaire général de Force Ouvrière dans le Puy-de-Dôme. « Cette première est aussi historique parce qu’elle intervient dans le cadre d’un mouvement qui se continue depuis le 19 janvier, et ce malgré les passages en force et la promulgation de la réforme des retraites par le Président de la République et le gouvernement ».
A la CGT, par habitude c’est l’union locale qui est en charge de l’organisation de la journée du 1er mai. Pour son secrétaire local Christophe Boucheix « Ce sera la 13ème manifestation, on pense qu’on sera plus nombreux que pour la 12ème. On est tous ensemble à l’unisson pour cette journée mondiale de lutte des travailleurs et contre la réforme des retraites ».
« Notre objectif est de rassembler le plus de monde possible » indique Valérie Guillaume, secrétaire générale de l’UTI Pays d’Auvergne de la CFDT « car ce jour-là beaucoup de gens sont disponibles, syndiqués ou non, jeunes ou moins jeunes, travailleurs ou chômeurs ; on veut que ce soit familial et populaire ».