Episode de froid. Hébergement d'urgence des sans-abri : "C’est le bout du bout, c’est la survie"

Avec les températures glaciales de ces derniers jours, l'hébergement des sans-abri est vital. Malheureusement les structures sont vites saturées. Exemple à Clermont-Ferrand, où un gymnase a ouvert provisoirement pour compléter le dispositif d'hébergement d'urgence.

Il est un peu plus de 17 heures, ce mardi 9 janvier, l’heure à laquelle ce gymnase de Clermont-Ferrand a ouvert ses portes pour accueillir les sans-abri, les perdus de la nuit. Parmi les premiers arrivés et admis, un couple et son grand fils. Ils sont kosovars, dans la rue depuis des mois. La mère a une santé fragile. Opérée du cœur, elle est vulnérable. Hajria raconte : « Ce n’est pas normal de dormir dehors. Il n’y a pas de place où dormir, même quand on est une personne gravement malade ». 

Des appels "plus durs et plus lourds" le soir

Des citoyens dont des membres des Restos du cœur arrivent avec 25 personnes en difficulté qui risquent de passer la nuit dehors. Ils passent des coups de fil. De l’autre côté de la ligne, il y a le 115, avec des écoutants qui tentent de trouver des solutions jour et nuit pour les sans-abri. Il existe de nombreuses structures gérées par des associations. Entre accueil de jour et de nuit, on arrive à 1 750 places dont plus de 400 en chambres d’hôtel dans le Puy-de-Dôme. Dans ce service on fait le point en permanence entre l’offre et la demande. La responsable de la plate-forme du 115 souligne : « Le soir, les appels sont plus durs et plus lourds parce que les personnes se rendent compte que la nuit tombe et que le froid arrive. Elles sont prises d’angoisse et de peur de passer la nuit dehors, surtout quand elles se sentent seules et qu’elles n’ont pas de communauté vers qui se tourner. Les personnes peuvent même appeler 10 à 15 fois dans la journée, même si elles ont compris qu’il n’y avait pas de place. Il n’y a pas d’autre solution pour elles donc elles continuent à appeler. Elles s’excusent même de rappeler ».
Elle poursuit : « On a deux volets au 115. Il y a un volet urgence, c’est-à-dire un hébergement dans l’immédiateté et il y a un volet insertion. On peut travailler sur les profils de droit commun pour leur proposer des solutions plus pérennes. Des travailleurs sociaux vont travailler rapidement pour les emmener sur un autre dispositif et libérer des places. C’est à travers ce travail de coordination qu’on arrive à libérer des places un petit peu tous les jours, pour avoir un dispositif certes saturé, car la demande est plus forte que la réalité des places, mais on arrive quand même à trouver des solutions dans l’urgence ». 

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Avec les températures glaciales de ces derniers jours, la préfecture du Puy-de-Dôme a ouvert une structure provisoire, un gymnase à Clermont-Ferrand, qui s'ajoute à un dispositif d'hébergement d'urgence saturé pour les sans-abri. Dans le département, on compte 1 750 places disponibles dont 450 en hôtel. Reportage au cœur du dispositif. Intervenants : Hajria, hébergée avec sa famille au gymnase d'urgence pour les sans-abris / La responsable de la plate-forme du 115 / Joël Mathurin, préfet du Puy-de-Dôme / Loraine Henry, directrice du collectif Partages et Projets en charge de structures d'accueil et d'hébergement / Fabien Couderc, membre du Service logement au Secours Populaire • ©C. Jouvante / Y. Dorion / P. Raclet

Des personnes vulnérables à héberger

Avec le froid extrême qui règne en ce moment, les associations ont alerté les autorités, d’où l’ouverture de cette structure provisoire aux capacités limitées. Juste à côté, il existe une autre structure d’accueil, fermée entre 10 heures et 17 heures.  Joël Mathurin, préfet du Puy-de-Dôme, indique : « Les températures sont négatives encore quelques jours mais nous ne sommes pas en situation de grand froid. Malgré tout, comme nous avions des personnes vulnérables qui ont été identifiées par des associations, j’ai considéré qu’il était important d’ouvrir ce centre de mise à l’abri que nous avions préparé ». Loraine Henry, directrice du collectif Partages et Projets en charge de structures d'accueil et d'hébergement, ajoute : « Toutes les associations partenaires qui fondent l’hébergement d’urgence sont saturées. On a un nombre de places par établissement. Une fois qu’on a atteint le nombre de places, on ne va pas surcharger. Cela veut dire qu’il faut en recréer. Là, ce sont des personnes qui sont dehors et qui n’ont aucun hébergement : elles peuvent bénéficier de cette mise à l’abri. C’est le bout du bout, c’est la survie ». 

"Le 115 fait ce qu’il peut pour répondre à toutes les demandes"

Plus le jour s’achève plus l’angoisse monte. Dans le gymnase, il y a des familles à héberger. Les jeunes enfants n’y sont pas admis d’où les difficultés. Fabien Couderc, membre du Service logement au Secours Populaire, précise : « Le 115 fait ce qu’il peut pour répondre à toutes les demandes. Aujourd’hui les besoins sont nombreux et les offres en termes d’hébergement, malgré l’ouverture de ce gymnase, restent insuffisantes par rapport aux besoins. Au Secours Populaire, on a constaté depuis le 1er novembre 149 personnes en situation de rue à Clermont-Ferrand. Evidemment, parmi ces 149 personnes, des solutions ont été trouvées pour un nombre important mais malgré tout, il reste un nombre considérable de personnes en situation de rue, dont un nombre importants de personnes qui ont des droits ». Les familles avec enfants iront finalement à l’hôtel. Quelque 26 personnes vont dormir dans le gymnase cette nuit.