La Confédération paysanne a organisé, ce dimanche 3 novembre, la fête paysanne à Cournon-d’Auvergne, près de Clermont-Ferrand. Cet événement a permis de faire le point sur la situation des agriculteurs locaux, confrontés à des manifestations et à des défis climatiques.
Claire, éleveuse dans le Puy-de-Dôme depuis 2020, vend tous ses produits en circuit court. Elle tient un stand ce dimanche 3 octobre à l’occasion de la fête paysanne qui se tient à Cournon-D’Auvergne, près de Clermont-Ferrand. Malgré une année difficile marquée par la fièvre catarrhale et des aléas climatiques, son exploitation résiste grâce à son autosuffisance. Elle explique : « Le problème de l’agriculture française, c'est qu'elle est prise dans un engrenage. Il y a une véritable détresse dans le monde agricole. C’est indéniable, mais des solutions existent. Les agriculteurs doivent reprendre en main leurs outils de travail. Il faut revoir les modes de production, redevenir autonomes sur les fermes, cesser l'importation d'aliments en provenance d'Amérique latine et réexaminer leurs contrats avec les laiteries et les grossistes ».
Repenser le système agricole
Ces contrats avec l’industrie permettent pourtant à de nombreux éleveurs de maintenir leurs exploitations. Spécialiste du système agricole biologique, Marc Benoit souligne la dépendance de l’agriculture française à la productivité : « Aujourd’hui, dans un système laitier, on vise 10 000 litres de lait par vache et par an. Avec un système très autonome basé sur des forages, il faudrait plutôt viser 6 000 ou 7 000 litres. Il faut donc accepter une certaine baisse de rendement, mais cela pourrait être bénéfique pour l’agriculteur. Certes, il y aura moins de produits, mais aussi moins de charges. De nombreuses études montrent que le revenu peut augmenter significativement si l’on opte pour ces systèmes autonomes».
"Nous sommes à un tournant"
Cependant, il est difficile de convaincre les industriels d'entamer une telle transition. Ces derniers mois, certains syndicats agricoles ont décidé d’interpeller l’État, mais pour la Confédération paysanne, ces solutions ne permettent pas d'anticiper l'avenir. « Nous voulons des enveloppes toujours plus importantes, mais finalement, qui en profite ? s'interroge Ludovic Landais, porte-parole du syndicat dans le Puy-de-Dôme. Est-ce le paysan sur le terrain ? Celui qui se lève chaque matin pour traire ? Celui qui cultive son champ ? Il faut qu'ils regardent dans le rétroviseur pour voir l'argent qui est rentré. Ce n’est pas aux syndicats d’apporter les réponses. C’est une question systémique. Nous sommes à un tournant. Si nous voulons que cela fonctionne, il faut chercher des réponses ensemble ».
Le syndicat ne prévoit pas de descendre dans la rue pour exprimer son mécontentement, mais continue de plaider pour une refonte totale du système agricole.