Franck Azéma le directeur sportif de l'ASM était l'invité de Match Retour après la finale de Coupe d'Europe de rugby perdue contre les Saracens. Il analyse les points forts et les points faibles de son équipe qui se tourne désormais vers le second objectif de la saison, une victoire en Top 14.
48 heures après le match, comment sont vos joueurs ?Franck Azéma : "ils sont restés chez restés chez eux les dernières 24 heures, on avait laissé quelques jours de repos avant de réattaquer, de rebasculer sur le Top 14. Il faut digérer, c’est un processus assez normal. Il y a la déception de tous, du staff, des joueurs, du public. Il faut rebasculer, comprendre pourquoi on l’a perdu et comment s’améliorer pour les prochaines échéances".
Les joueurs n’ont pas voulu regarder la remise de la coupe aux Saracens, les jeunes joueurs ont plus de mal à cacher leurs émotions. Tout ça, c’est difficile à effacer ?
"C’est le sport de haut niveau. Il y a un investissement total. Tout le monde était dévoué sur ce match-là et sur l’engagement qu’il y a eu, et la férocité tout au long du match. C’est aussi des joueurs jeunes qui s’enrichissement de cette expérience-là. On a fini le match avec pas mal de jeunes sur le terrain et de la qualité".
On sait aussi s’aguerrir de ces matchs-là
Vous avez revu ce match contre les Saracens, on a dit qu’ils étaient intouchables, que vos joueurs ont fait un grand match. Maintenant il faut comprendre pourquoi vous avez perdu, notamment ce début de match, ces 20 premières minutes où vraiment on a l’impression d’assister à une démonstration de rugby.
"On a subi, ils nous ont pris à la gorge, c’est leur force. C’est un peu à l’image du match, on a été là pendant 71 minutes, on a écopé au maximum mais on a craqué sur la fin, ça nous a couté nerveusement, physiquement".
Cette entame, vous la regrettez ? Vous regrettez quelque chose dans le comportement de vos joueurs dans ces 20 premières minutes ?
"Non sur le comportement des joueurs, je n’ai rien à redire. J’ai revu le match et bien sûr qu’on a fait des petites fautes mais parce qu’ils nous mettent sous pression et c’est leur point fort. Après c’est certainement une des clés qu’il faut qu’on arrive à régler. Il y a 40 minutes d’intensité, c’est du haut niveau. C’est comment face à une telle pression on est capables de rester sur notre volume de jeu. Petit à petit sur le match on a réussi à reprendre un peu d’oxygène, mais c’était assez difficile parce qu’ils nous ont constamment appuyé sur la tête".
Vous revenez à un point avec l’essai de Nick Abendanon et puis il y a ce renvoi qui coute cher aussi.
"C’est un des moments de maitrise qu’il faut avoir pour bien sortir de son camp. Ça ne nous coute pas directement un essai mais c’est encore 10 minutes dans notre camp à subir et on y laisse beaucoup d’énergie, donc c’est un moment sous une telle pression et on aura d’autres matchs comme ça. Et arriver à produire notre jeu et rester fidèles sur ce qu’on a été tout au long de la saison et là on a été plus petits que d’habitude dans notre volume de jeu parce qu’ils nous ont exercé un gros pressing".
Avec la pénalité qui permet de revenir peut-être à 5 points à 4 minutes de la fin, ça aussi ça fait partie des regrets ?
"Je pense que c’est à l’image du match, on aurait pu honnêtement faire un hold-up. Si on revient à 1 point, c’est sûr que ça peut basculer mais si on regarde l’ensemble du match, il y a une logique par rapport à la victoire des Saracens".
Logique aussi par rapport à la dimension physique de ces Saracens qui ont impressionné, on les compare souvent aux All Black. En termes de densité, vous êtes aussi suffisamment armés pour contrer ce type d’équipe. Ils sont impressionnants, même à l’échauffement.
"On essaye d’avoir un équilibre dans notre jeu et je pense que ça a été payant jusqu’à présent, qu’on a été capables d’utiliser aussi notre vitesse mais il faut qu’on soit capables d’absorber d’abord et d’être malléables par rapport au pressing et ces ballons hauts. Et cette guerre qu’ils nous ont mis dans les rucks pour pouvoir s’exprimer donc on s’est trop consommés parce qu’on avait besoin de le faire par envie, pas parce qu’on voulait se cacher. Mais simplement parce que c’était nécessaire, on s’est consommés à 4-5 dans les rucks, ce qui ne nous a pas permis de pouvoir occuper l’espace et les mettre plein pot auquel on est habitués et les bousculer dans le jeu".
On ne va pas lâcher maintenant !
Le coup dur de la journée, c’est la blessure de Sébastien Vahaamahina, fracture du tibia, c’est une saison terminée. Il faudra se passer de lui pour les demies du Top 14. Vous voulez régénérer le groupe, l’ouvrir un peu plus ou rester sur les demis finalistes et finalistes de la Coupe d’Europe ?
"Depuis le début de la saison, on essaye d’élargir le groupe au maximum. On a fait beaucoup de rotations sur les 3 dernières semaines. Je vais laisser récupérer les gars, voir comment on va revenir à l’entraînement jeudi et faire le point avec eux et construire la semaine prochaine, mais quoi qu’il arrive, je vais me servir de l’ensemble du groupe comme on l’a fait jusqu’à aujourd’hui. Ils étaient tous à Edimbourg ce week-end et c’était important de les avoir avec nous. Ça nous a apporté beaucoup d’énergie donc je vais compter sur tout le monde".

Franck Azéma, directeur sportif de l'ASM revient sur la finale de la champions cup perdue face aux Saracens.