Grève du 15 mars : près de 12 000 manifestants à Clermont-Ferrand, selon les syndicats

A Clermont-Ferrand, pour cette 8e journée d'actions contre la réforme des retraites, ils étaient près de 12 000 à manifester selon les syndicats, 6 500 selon la police. Retour sur cette journée de mobilisation du mercredi 15 mars. L'intersyndicale a annoncé une nouvelle manifestation ce jeudi.

Une mobilisation qui sonne comme un baroud d’honneur ? Mercredi 15 mars, l’intersyndicale a appelé à un mouvement de grève interprofessionnelle. Il s’agit de la huitième journée de mobilisation depuis le début de l’année. Cette journée d’actions contre la réforme des retraites s’est concrétisée par une manifestation à Clermont-Ferrand, à l’appel de 11 syndicats.

"Cette loi est un scandale démocratique, un scandale juridique, un scandale politique"

 

L’intersyndicale annonce une participation de près de 12 000 personnes tandis que la préfecture a dénombré 6 500 manifestants. Mardi 7 mars, ils étaient 37 000 à manifester selon les syndicats, 19 000 selon la police.

L’intersyndicale a appelé à la reconduction de la grève jeudi 16 mars. Une nouvelle manifestation sera organisée à 10 heures devant la préfecture du Puy-de-Dôme. 

Maryse, 70 ans, n’a pas manqué une seule manifestation à Clermont-Ferrand : « On le fait pour nos enfants et nos petits-enfants. On le fait aussi par respect pour nos parents qui se sont battus pour les acquis sociaux. Ce n’est absolument pas possible de les voir se dégrader comme cela. On ressent du mépris par rapport à cette réforme. Je ne supporte plus les mensonges de ce gouvernement. Je n’étais pas politisée à outrance mais je pense que je vais l’être maintenant. C’est innommable comment on peut traiter la population. Ces gens-là ne sont pas des révolutionnaires. On ne peut pas accepter qu’il n’y ait pas de reconnaissance des milliers de gens qui sont dans la rue. Je n’ai pas l’impression de mettre en péril l’économie du pays en étant là ce matin ».  

Marc, est un sapeur-pompier à la retraite depuis août dernier. Il précise : « Je comprends que les gens aient le sentiment de se battre contre des moulins à vent. Malgré des cortèges importants, rien ne bouge. On a encore envie de se battre. On a du mal à se projeter car on est face à un mur. On continuera à se battre même si cela sera plus compliqué. On comprend pourquoi les gens se désaffectionnent de la politique. On est de moins en moins optimistes ». 

Léna, 36 ans, est avocate à Clermont-Ferrand. Elle dénonce un déni de démocratie : « Malgré la pression gouvernementale et parlementaire, il y a toujours du monde et il y a toujours la même motivation. Cela fait plaisir. Ce serait scandaleux que la loi soit adoptée car on sait que l’opinion y est majoritairement opposée. A un moment, il faut entendre la rue, entendre une parole majoritaire qui s’exprime fort, depuis longtemps. Cette loi est un scandale démocratique, un scandale juridique, un scandale politique. Cela pourrait générer un sentiment d’amertume et peut-être de la violence. Quand il y a un déni de démocratie, si la parole n’est pas entendue, elle s’exprimera autrement et c’est cela qui est dangereux ».

Les manifestants défilent dans les rues de Clermont-Ferrand.

Frédéric, 51 ans, est professeur dans un lycée professionnel. Il souligne : « Je suis content de voir que la mobilisation ne faiblit pas. Il est malheureux de ne pas être entendus par le gouvernement car 9 Français sur 10 sont opposés à cette réforme. Si la loi est adoptée, on continuera à se mobiliser jusqu’au bout pour le retrait de cette réforme injuste. J’ai commencé à travailler tard, je vais devoir continuer jusqu’à 67 ans et je n’aurai jamais mes cotisations. Au bout du compte, je vais avoir une retraite qui va baisser ».

Des convictions renforcées

Alors que le cortège avance, Thierry, 54, salarié aux Eaux de Volvic, indique : « Si la loi est votée, cela reste une injustice pour les salariés. Avec mes collègues, on travaille en 5/8 et c’est déjà assez difficile comme ça. On prend deux ans de plus : c’est compliqué pour la vie de famille et sur l’aspect physique. Si on n’est pas écoutés, mes convictions politiques changeront du blanc au noir, au niveau du vote et de l’engagement. Je n’ai jamais été syndiqué mais là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et peut-être que je vais m’engager dans ce sens-là ». 
Anna, 22 ans et Maya, 21 ans, sont étudiantes en sociologie. Elles sont fidèles au rendez-vous : « On est venues à peu près à toutes les manifestations. On aimerait que beaucoup de jeunes se mobilisent mais ce n’est pas vraiment le cas. Si la loi est votée, on ne va pas abandonner comme cela. On a envie de continuer de manifester : c’est la seule chose qu’on peut faire. On n’a pas envie de lâcher. Cela me donne envie d’agir encore plus, de rejoindre des collectifs pour que cela change. Si la loi passe, cela renforce notre engagement politique. On ne sera pas résignées ».

Certains manifestants désabusés

Parmi les manifestants, Véronica, présidente de la Fédération des étudiants d’Auvergne, explique : « Nous sommes un peu mitigés, nous les jeunes. On se mobilise beaucoup et malheureusement on voit que le Sénat a adopté le texte. On commence un peu à perdre espoir. On ne lâche rien mais on commence à se dire que la bataille va être plus coriace que prévue. Aujourd’hui, 9 personnes sur 10 rejettent cette réforme. Les jeunes n’en veulent pas, ni les retraités, ni les salariés. Personne n’en veut. Cette réforme est antisociale. Si cette loi est votée, on va continuer de se mobiliser, d’aller dans la rue ».
Yolande, manager, a 60 ans. Elle est venue avec son mari, Charles, maçon de 64 ans à la retraite. Ils indiquent : « On est toujours motivés mais on voit que cela ne bouge pas. Personne n’écoute la rue. On a manifesté pour la deuxième journée de mobilisation : c’était noir de monde. Là, il y a moins de manifestants. Les gens sont épuisés de voir que rien ne bouge et qu’on en est toujours au même point. Le gouvernement ne nous écoute pas. Si la loi passe, j’ai peur que les gens se tournent vers l’extrême-droite. On dirait que ceux qui nous dirigent sont sur une autre planète : ils n’ont aucune idée de ce qu’on vit ».

"On est prêts à aller jusqu’au bout et cela veut dire qu’on peut aller très loin"


Romain, secrétaire général de la CGT Michelin, 38 ans, souligne : « On ne lâchera rien jusqu’à ce que le gouvernement retire son projet de réforme des retraites. On est prêts à aller jusqu’au bout et cela veut dire qu’on peut aller très loin. Même si la réforme est adoptée demain, la CGT continuera les mobilisations et l’intersyndicale aussi, je pense. Pour que ce soit validé, ils vont être obligés de passer par le 49.3. S’ils font cela, cela va mettre le feu au pays et après, les organisations syndicales ne contrôleront pas le pays. S’ils veulent que cela se passe comme il faut, ils feraient mieux de retirer la réforme. Il faut que notre cher président écoute ce qu’il se passe dans la rue et retire ce projet ».

Des syndicats déterminés

A la veille de la manifestation, Frédéric Bochard, secrétaire général de l’union départementale FO, indiquait : « Depuis le début de ce mouvement, il n’y a jamais eu d’affaiblissement. Les salariés, les jeunes, la population, se sont emparés des journées auxquelles on a appelé. Comme il va y avoir un certain nombre de votes au parlement, il est clair qu’une mobilisation puissante, une grève puissante, qui s’inscrit dans la reconduction, aura un impact sur la réflexion des députés ». Geneviève Brunel, présidente du syndicat des retraités de la CFTC 63, ajoute : « On a encore de l’espoir. L’union fait la force. Non seulement la CFTC est mobilisée comme les autres organisations syndicales mais elle soutient aussi l’appel à la grève. C’est quand même très rarement que la CFTC appelle à la grève, donc cela est à souligner ». Alors que la commission mixte paritaire examine ce mercredi le texte, avant de le soumettre au vote des deux chambres, Pierre Vallejo, secrétaire départemental UNSA 63, précise : « On essaie d’influencer les parlementaires. On voit que la majorité n’est absolument pas acquise pour le gouvernement. On voit qu’un certain nombre de parlementaires, y compris chez LR ne veulent pas donner quitus à une réforme qui finalement pénalise les travailleuses et les travailleurs de ce pays ».
Le très controversé texte du gouvernement doit connaître son épilogue jeudi 16 mars, avec le vote final du Parlement.

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