Avec la hausse des prix et notamment sur les jouets, pour faire plaisir aux enfants à Noël, nombreux sont ceux qui se tournent vers la seconde main. Des boutiques de dépôt-vente et spécialisées dans l’occasion ont d’ailleurs remarqué une hausse de la fréquentation, par exemple en Auvergne.
Dans une conjoncture d’inflation, les achats plaisir sont bien souvent les premiers sacrifices faits par les consommateurs, faute de moyens. Alors, à l’approche des fêtes de Noël, certains boudent les jouets neufs, ce qui se ressent sur les ventes. Les achats de jouets de Noël sont en recul de "20% en général" et de "10% chez Système U", assure Dominique Schelcher, président des magasins de la chaîne de grande distribution, ce mardi 22 novembre sur Franceinfo. "Les jouets ont un peu augmenté cette année, c'est vrai, donc je pense qu'il y a un impact sur la décision d'achat des clients", avance-t-il. Alors, pour mettre des étoiles dans les yeux des enfants à Noël sans grever leur budget, ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix de l’occasion.
De plus en plus de reventes
Romain Chazalette est responsable de la boutique Leclerc occasions à Arverme, dans l’Allier. De plus en plus de clients franchissent les portes de son enseigne depuis déjà plusieurs semaines, à la recherche de bonnes affaires ou bien pour vendre les jeux et jouets délaissés : “Depuis le début des vacances de Toussaint, la fréquentation augmente. Les clients ont profité, je pense, des vacances pour faire du tri dans leurs affaires et celles des enfants. On voit qu'il y a beaucoup de jouets, jeux vidéo et jeux de société. Des DVD également. Ce sont les 4 familles de produits qu'on nous ramène le plus en ce moment.” Selon lui, ces clients commencent par revendre ce qui n’est plus utile pour pouvoir se faire plaisir : "Les gens essayent dans un premier temps de faire de la place parce qu'ils savent qu’il y a de nouveaux jouets qui vont arriver et que les enfants vont avoir besoin de place pour leurs nouveaux jouets. Après on voit des clients qui commencent à cagnotter, on va dire, pour Noël et pour pouvoir faire plaisir à leurs proches. Ils préfèrent s'y prendre de bonne heure en vue des achats de Noël qu’ils vont réaliser dans le courant du mois pour la plupart, surtout sur le secteur du jouet.”
Certains font face à des situations difficiles, donc ils viennent vendre des produits pour pouvoir payer les factures.
Romain Chazalette, responsable Leclerc Occasion
Si Romain Chazalette a de plus en plus de reventes, les jeux et jouets sont aussi de plus en plus achetés, en particulier par des clients dans des situations financières tendues : “Il y a de plus en plus de gens qui sont dans des situations de précarité qui du coup ne peuvent plus se permettre d'acheter neuf. Sur les téléphones, les tablettes, c’est devenu un réflexe pour les clients. Ils ne vont même pas forcément voir le prix du neuf. Ils viennent directement au magasin parce qu'ils savent qu'il y a des bonnes affaires à faire et des fois des téléphones qui sont vendus comme neufs mais moins chers. Ils ont l'intention, quand ils entrent dans le magasin, de trouver la bonne affaire. C'est d'autant plus possible avec la crise économique de ces derniers mois.” Dans ce magasin spécialisé dans l’achat revente de biens de particuliers, les produits sont reconditionnés, testés et ensuite nettoyés. Romain Chazalette reçoit des clients de tous âges, mais la majorité d’entre eux ont des difficultés financières : “On le voit sur les fins de mois. On a toujours plus de monde, surtout sur la dernière semaine du mois parce que les gens n’ont pas encore touché leur paye. Certains font face à des situations difficiles, donc ils viennent vendre des produits pour pouvoir payer les factures, tout simplement. Ils nous le disent, ils sont honnêtes avec nous là-dessus. On s'en rend compte à ce moment-là, par la hausse de la fréquentation et même par le discours des clients.”
Faire plaisir aux enfants à moindre coût
La seconde main a le vent en poupe. Chez Baby’s Troc, une enseigne de Clermont-Ferrand spécialisée dans les produits pour enfants d’occasion, la boutique tourne bien. Christine, par exemple, est une grand-mère qui souhaite gâter sa petite-fille, sans faire un trou dans son budget : “Je suis venue voir des petits livres pour ma petite-fille, pour les avoir quand elle vient, comme je n'ai pas trop de jouets. Je voulais aussi voir les nouveautés parce que j'avais ceux de mes enfants, mais bon, ils sont un peu vieux.” Cela lui permet de renouveler sa bibliothèque plus souvent sans se ruiner : “C'est de la seconde main, mais ils sont très propres, et puis des livres, il en faut pas mal parce qu’on lit 2 ou 3 fois et après on passe à un autre. Les enfants, ça grandit tellement vite qu’on ne peut pas garder un livre très longtemps. Je regarde les prix, bien sûr, et aussi le gaspillage. Si ça peut resservir à un autre enfant, c'est bien.”
"Il ne faut pas que ma fille entende, mais le Père Noël va aussi lui amener des choses de seconde main"
Dans le rayon voisin, France, jeune maman, commence ses repérages pour les cadeaux de Noël. Elle est une fervente adepte de l’occasion : “ Il ne faut pas que ma fille entende, mais le Père Noël va aussi lui amener des choses de seconde main : des jouets, des livres et ça ne me pose aucun problème tant que c'est en bon état. Je compte l'expliquer à ma fille quand elle sera plus grande, il n'y a aucune honte à utiliser ou à acheter de l’occasion comme cadeau et d'ailleurs ça ne me dérangerait pas qu'on m'offre de la seconde main. Pour les petits, c'est un bon plan, vraiment.” Jouets, livres, vêtements mais aussi chaussures ou sacs à main, France achète tout en seconde main : ”Il faut que ça fasse sens et actuellement, je pense qu'acheter du neuf c'est un peu un contresens, donc j’évite d'acheter des choses neuves alors qu'il y a déjà des choses qui existent et qui sont encore en très bon état, qui peuvent avoir une seconde vie. Je préfère ne pas avoir cette sensation, quand j'achète, de polluer outre-mesure. Il y a aussi la raison économique. Il y a des choses qui me plaisent et que je ne pourrais pas acheter neuves. Pour moi, j'achète, on va dire, 90% du temps de la seconde main, sauf quand je cherche quelque chose de très particulier.”
Créer un "équilibre budgétaire"
Un peu plus tard, c’est Stéphanie qui passe la porte du magasin. Elle est venue vendre des combinaisons de ski enfant : “Ça prend de la place alors ça permet de se débarrasser et je fonctionne pas mal par prêt ou par de la seconde main de manière générale. Ma fille n'est pas grande, elle va avoir 3 ans. Tout ce qui est vêtements et jouets, il y a beaucoup de choses, surtout quand ils sont petits, qu'on n’utilise plus et qui ne sont pas du tout usées, donc autant les réutiliser. Il y a le côté écolo, il y a le côté financier parce que ça coûte moins cher et je trouve qu'il y a aussi le côté convivial qui est agréable. C'est un moyen de faire plaisir à ses enfants à moindre coût.” Grâce à des achats moins coûteux et à la revente de ce dont elle ne se sert plus, Stéphanie peut améliorer son quotidien : “Ça permet de plus se faire plaisir. Le fait de faire des économies d'un côté, ça permet aussi de pouvoir investir sur d'autres choses qui sont un peu plus onéreuses. Ça crée un équilibre budgétaire et ça permet de faire de la place dans les placards à l'approche des fêtes.”
Faire des économies
Cette clientèle est accueillie par Camille Barthélémy, vendeuse depuis 2 ans chez Baby’s Troc. Ces dernières semaines, elle accueille de plus en plus de clients intéressés par le rayon jouets : “Les gens veulent faire des économies, il y a l'écologie, aussi. La seconde main effraie moins qu’avant. Ça permet de faire des économies parce que maintenant les temps sont durs. Les gens font plus de recherches, ils vont moins vers la consommation rapide, parce que les jouets coûtent de plus en plus cher et les enfants en ont de plus en plus aussi. Pour renouveler plus facilement, les gens vont vers la seconde main, c’est ce que mes clients me disent.” Selon elle, ce sont des gens qui recherchent “le côté économique, principalement.”
Une clientèle variée
De plus en plus de clients se dirigent dans le même rayon et certains articles ont beaucoup de succès : “Les livres, ce sont des articles qui ne s'abiment pas forcément. Mes clients aiment bien pouvoir renouveler. Les jouets en bois, c'est des articles que les gens recherchent de plus en plus, plutôt que le plastique. En période de fin d’année, ce sont des gros jouets de type cuisine pour enfants, tout ce qui est plus encombrant parce que c'est le genre de cadeau qu'on va acheter à Noël et qu’on n'achète pas forcément le reste de l'année. Ils recherchent aussi beaucoup avec boîte, tout ce qui est encore emballé. Après, les enfants, du moment que c'est le jeu qu’ils voulaient, qu'il y ait une boîte ou pas, ils sont aussi contents, que ce soit de l'occasion ou du neuf”, explique Camille Barthélémy. Elle reçoit tout type de consommateurs : “Il y a les grands-parents qui veulent s'équiper, qui veulent acheter des petits jouets pour les petits enfants. Il y a les nourrices aussi, qui recherchent à s'équiper bien pour pas trop cher parce qu'elles doivent acheter beaucoup plus. Et bien sûr, les parents à qui ça permet de faire plaisir aux enfants sans manger tout le porte-monnaie.”
Des rabais jusqu'à -80%
Stéphanie Gronnwald, vendeuse depuis 6 ans, a, elle aussi, vu une différence de fréquentation “par rapport aux hausses des prix, avec Noël qui arrive donc beaucoup de cadeaux à faire.” Pour elle, l’occasion s’est beaucoup démocratisée. “On parle de plus en plus de l'occasion, donc les gens viennent de plus en plus dans notre boutique. On a beaucoup de clients fidèles et, ces derniers temps, on a beaucoup de nouvelles têtes ou de gens même qui viennent chercher un colis et qui sont séduits par la boutique. Une des choses primordiales, c'est le fait que ce ne soit pas cher !” En effet, entre un jouet neuf et d’occasion, le prix peut diminuer jusqu’à -80%, indique Stéphanie, même si “ça peut varier par rapport à l'état de l'article, du fait qu'il soit complet ou pas sur certains jeux...” Ces rabais restent pourtant très avantageux : “ On va être entre 50 et 60% de rabais du prix par rapport à du neuf. Les jeux qui vont être un peu moins récents, ce sera même 70 à 80% de rabais sur ce que ça vaut en neuf. Ça vaut largement plus le coup, en sachant que l'article qui va être utilisé par le petit sera le même que l'article neuf quand il l’aura sorti de son emballage.”
Des jouets comme neufs
Stéphanie et Camille s’assurent que les jouets et articles revendus soient, pour ainsi dire, comme neufs : “On ne reconditionne pas, on va vérifier que les articles soient propres, aucune tâche, aucun trou dans les tissus, sur les doudous, toutes les fermetures éclair, que ça fonctionne correctement et que ce soit complet. Sur des Playmobil ou quelques petits jeux, comme des Barbie, on ne va pas forcément lésiner sur le fait qu'il manque 2 ou 3 articles. C'est juste que ça varie par rapport au prix. Par contre, tout ce qui est puzzle, jeu de société, forcément, il faut que ce soit complet. L'acheteur, quand il vient ici, il n'a pas besoin de se poser de questions. Il a juste à choisir et rentrer avec son article pour jouer avec le petit.” Les dépôts sont réglés au vendeur en chèque, espèce ou en avoir sur le magasin “qu'on vous majore de 15%, puisque vous achetez chez nous”, précise Stéphanie. Neuf ou d’occasion, les jouets restent prisés à l’approche de Noël.