Michelin : pourquoi le dialogue social est rompu entre syndicats et direction

Mercredi 16 octobre, l’intersyndicale de Michelin a décidé de suspendre toute participation aux réunions avec la direction. Le dialogue social est rompu. Les syndicats exigent des clarifications au sujet de sites en difficulté.

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Ce n’est pas un geste anodin que vient de réaliser l’intersyndicale de Michelin. Mercredi 16 octobre,  Sud, la CFE-CGC, la CGT et FO, ont décidé de “suspendre toute participation des organisations syndicales à des réunions officielles et non-officielles". L'intersyndicale indique dans un communiqué : “Nous ne pouvons plus continuer de participer à un simulacre de dialogue social”. Elle avait déclenché en juin un droit d'alerte sur la situation des usines de Cholet (Maine-et-Loire, 960 salariés), Vannes (Morbihan, 299 salariés) et Joué-les-Tours (Indre-et-Loire, 155 salariés) qui fabriquent des produits semi-finis et des pneus, et dont l'activité est en baisse.

"Le dialogue social est bloqué"

Romain Baciak, délégué syndical central CGT Michelin, explique : “Le dialogue social est bloqué chez Michelin parce que la semaine dernière on a eu un CSE suite au droit d’alerte qu’on a déclenché au moins de juin. Au CSE central d’hier on a demandé des réponses à l’entreprise. Ils ont été incapables de nous donner ces réponses. Par conséquent, on a décidé de bloquer toutes les réunions avec la direction jusqu’à nouvel ordre”. Le représentant syndical attend une clarification de la direction : “On en a marre que Michelin méprise ses salariés. On veut que Florent Menegaux (président du groupe, NDLR) donne de la visibilité aux salariés qui sont aujourd’hui menacés de perdre leur emploi. On a déclenché un droit d’alerte pour Vannes, Cholet et Joué-les-Tours mais on s’aperçoit que Montceau, Troyes et Le Puy sont aussi impactés par des baisses de production. On a besoin d’avoir de la visibilité. Les salariés ont besoin de venir l’esprit tranquille au travail”.

"On est dans une urgence absolue"

José Tarantini, délégué syndical central CFE-CGC, justifie la décision de l’intersyndicale de quitter les réunions avec la direction : “Il y avait un dialogue de sourds depuis plusieurs mois. L’intersyndicale a posé des questions très précises sur 3 sites. Les résultats de l’expertise sont plus qu’alarmants. L’entreprise dit aussi qu’elle est inquiète mais ne présente aucune information sur l’avenir. Face au marasme des chiffres présentés, on veut savoir que compte faire le groupe Michelin. La proposition de mettre devant nous deux personnes de la stratégie industrielle Europe ne nous convient pas. On veut un interlocuteur du CEG (comité exécutif du groupe)”. Le représentant syndical évoque un rapport d’expertise pour les sites de Cholet, Vannes et Joué-les-Tours : “Sur les trois sites qui ont fait l’objet de l’expertise, au niveau des chiffres de production, au niveau des effectifs, au niveau des taux de charge, les données sont hallucinantes voire surréalistes. Aucun groupe industriel ne pourrait accepter cette situation, avec des taux de charge de 30 %. Derrière ces chiffres, il y a des ouvriers qui viennent travailler à Cholet mais ils n’ont pas de travail. On les occupe. Certaines machines ont été repeintes trois fois ces derniers mois”. Selon José Tarantini, il faut que Michelin rassure ses salariés : “On est plus qu’inquiets. On a passé ce stade-là. On est dans une urgence absolue. Il est hallucinant que Michelin, qui prône le respect des hommes et l’innovation sociale, se complaise dans ce mutisme et laisse les salariés dans la détresse. C’est inacceptable. Certains salariés s’estiment abandonnés par l’entreprise et livrés à leur sort”. 

Des annonces redoutées

Romain Baciak, de la CGT, redoute une casse sociale : “La direction a une date prédéfinie pour faire des annonces et ils ne veulent pas les faire avant. C’est pour cela qu’on essaie de les bousculer. On pense que les annonces peuvent arriver avant la fin de l’année mais seuls Florent Menegaux et ses proches savent la date. On ne peut pas laisser les salariés dans cette situation-là. On peut s’attendre à de la casse sociale. En 2019 il y a eu la Roche-sur-Yon. Avant, il y a eu Joué-les-Tours". Il évoque l’état d’esprit des salariés de l’entreprise : “En France, les salariés Michelin viennent avec la boule au ventre. Ils ne savent pas s’ils vont pouvoir continuer à vivre dans leur région et continuer à travailler chez Michelin”. Romain Baciak conclut : “On ne reprendra pas les réunions et les négociations tant qu’on n’aura pas de réponse de l’entreprise. Il faut que Florent Menegaux assume ses choix. Au lieu de passer pour un saint auprès de la presse, il faut qu’il prenne soin de ses salariés”. 

Michelin qui "comprend l'inquiétude"

Michelin indique dans un communiqué : “Michelin comprend l’inquiétude exprimée par les salariés des sites et les organisations syndicales. C’est la raison pour laquelle, le Groupe examine avec beaucoup d’attention les demandes du CSEC et des organisations syndicales et continue d’étudier des solutions pour maintenir le dialogue social, cher à Michelin. La Direction de l’Entreprise reste ouverte à toute reprise des discussions avec les organisations syndicales”. 

Michelin compte 16 000 salariés en France.  

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