Rouler sur la lune, une ambition qui pourrait bien devenir une réalité pour le groupe Michelin. Mercredi 3 avril, la NASA a désigné trois entreprises pour développer un véhicule lunaire. L’une d’entre elles intègre Bibendum et son pneu sans air dans son équipe. Une seule des trois entreprises sera choisie dans un an.
Le groupe Michelin et ses chercheurs de Ladoux, près de Clermont-Ferrand travaillaient sur ce projet depuis plusieurs années : celui d’une roue lunaire, un pneu sans air pour rouler sur la Lune. Un travail qui a été récompensé mercredi 3 avril. La NASA, qui avait lancé l’appel d’offres, a désigné trois entreprises américaines pour développer une voiture lunaire : Intuitive Machines (Texas), Venturi Astrolab (Californie) et Lunar Outpost (Colorado). Quid de Bibendum ? Le groupe Michelin fait partie du consortium piloté par Intuitive Machines, avec d’autres partenaires comme Boeing, Northrop Grumman, AVL.
Parmi les trois consortiums sélectionnés, un seul sera choisi dans un an, après une période de développement. Il intégrera alors le programme Artémis : le véhicule lunaire, le rover, pourra alors être envoyé sur la lune, lors de la mission Artémis 5, en 2028.
🚀🌕 Michelin et ses partenaires ont été sélectionnés par la NASA pour la phase 1 du projet ARTEMIS ! 🌟
— Michelin News (@MichelinNews) April 4, 2024
L'équipe Moon RACER, dont Michelin fait partie, s'est vue attribuer l'étude de faisabilité de la phase 1 du projet Lunar Terrain Vehicle.
Cette équipe stellaire, dirigée par… pic.twitter.com/AEW5gMiPMX
Explorer des zones plus éloignées et où les conditions sont plus extrêmes
Le véhicule qui sera développé doit être capable de transporter deux astronautes au niveau du pôle Sud de la Lune, où les conditions sont extrêmes : il y a peu de soleil, les écarts de température peuvent aller de 100 degrés lorsqu’il y a du soleil à moins 240 degrés à l’ombre. Aucun humain ne s’y est jamais rendu, car il s’y trouve de l’eau sous forme de glace. "La NASA veut comprendre quelle quantité de glace, il y a sous la surface, et si on peut y accéder, a expliqué lors d’une conférence de presse, Jacob Bleacher, haut responsable scientifique à la NASA. Cela nous aidera à comprendre comment la Lune s'est formée et a évolué, et pourrait procurer une ressource pour de futurs explorateurs". Le rover permettra "de transformer fondamentalement notre vision de la Lune", a-t-il promis. Ce véhicule devra pouvoir transporter deux astronautes, leur permettant d'explorer des zones bien plus lointaines qu'à pied et de récolter des échantillons. Il devra être équipé d'un bras robotique, et pouvoir transporter du matériel scientifique. Mais il devra fonctionner en autonomie lorsque les astronautes ne seront pas là, une différence majeure avec l'époque du programme Apollo.
Un pneu adapté aux sols volcaniques
Tous ces défis, Michelin s’y prépare depuis des années. Dans une interview du 25 octobre 2023, Cyril Roger, responsable de la communication scientifique du groupe, parlait du pneu qu’il développait : "C'est un pneu qui ne pourra pas crever. Il va être fait avec des élastomères, des matériaux, des gommes qui devront résister à des températures qui vont aller de +100 °C quand on va être sur la phase exposée de la Lune à -240 °C quand on va être sur la phase obscure de la Lune. Ces matériaux devront résister aux radiations galactiques. On doit avoir une structure qui est suffisamment malléable pour préserver l'autonomie de la batterie du Rover, puisqu'il va faire les longues explorations et on ne va pas pouvoir le recharger. Il devra enfin être capable de se déplacer même dans des pentes assez raides sur un sol qui est très agressif et très meuble, qu'on appelle le régolithe, qui est la surface lunaire et qui est très proche de ce qu'on va trouver dans nos volcans avec la pouzzolane".
Il faut dire que Michelin est habitué aux exigences de la NASA : le groupe auvergnat lui a fourni des pneus de 1981 à 2011, il était le fournisseur unique et exclusif des navettes spatiales.
Pour le consortium gagnant, l’objectif sera de fournir son rover durant 10 ans. La valeur totale des contrats combinés pour le développement de ce véhicule ne devra, à terme, pas dépasser 4,6 milliards de dollars, selon la NASA. L’objectif est aussi de préparer des missions vers Mars mais ça, ce sera dans un avenir plus lointain.