Rouler sur la Lune, avec toutes les contraintes que cela implique : c’est l’ambition du groupe Michelin. A Ladoux, près de Clermont-Ferrand, des chercheurs planchent sur une roue lunaire pour répondre à un appel d'offre de la NASA.
Un pneu sans air pour rouler sur la Lune : le groupe Michelin et ses chercheurs de Ladoux, près de Clermont-Ferrand, travaillent sur un projet de roue lunaire dans le cadre d'un appel d'offre de la NASA. Mais rouler sur la Lune implique beaucoup de contraintes. Cyril Roger, responsable de la communication scientifique du groupe, explique : “C'est un pneu qui ne pourra pas crever. Il va être fait avec des élastomères, des matériaux, des gommes qui devront résister à des températures qui vont aller de +100°C quand on va être sur la phase exposée de la Lune à -240°C quand on va être sur la phase obscure de la Lune. Ces matériaux devront résister aux radiations galactiques. On doit avoir une structure qui est suffisamment malléable pour préserver l'autonomie de la batterie du Rover, puisqu'il va faire les longues explorations et on ne va pas pouvoir le recharger. Il devra enfin être capable de se déplacer même dans des pentes assez raides sur un sol qui est très agressif et très meuble, qu'on appelle le régolithe, qui est la surface lunaire et qui est très proche de ce qu'on va trouver dans nos volcans avec la pouzzolane. »
"A des températures de -240°C, vous prenez n'importe quelle gomme d'un pneu ou n'importe quel plastique, il va se casser comme du verre.”
Cyril Roger, responsable de la communication scientifique du groupe
Michelin a pour objectif de proposer « une roue révolutionnaire », intégrant « des innovations de rupture, dédiée à un usage de Rover Lunaire. » Le groupe s’appuie sur son expertise dans « les solutions de mobilité sans air comprimé et dans celles des matériaux de très hautes technologies. » Ces matériaux sont nécessaires pour faire face aux températures extrêmes sur la Lune, indique Cyril Roger : “Ce sont des équipes de chercheurs qui sont sur notre site de recherche qui est à Ladoux. On a plus de 6 000 chercheurs. Ces équipes de recherche sont axées sur des tests et motricités, dans les domaines du procédé et dans les domaines des élastomères et des matériaux. A des températures de -240°C, vous prenez n'importe quelle gomme d'un pneu ou n'importe quel plastique, il va se casser comme du verre.”
Un partenariat avec la NASA pendant 30 ans
Pour le groupe, l’espace n’est pas une nouveauté. En effet, Michelin a fourni des pneus à la NASA de 1981 à 2011 : “Michelin a été le partenaire de la NASA pendant 30 ans, puisqu'on était le fournisseur unique et exclusif des navettes spatiales de la NASA. Pendant les 135 missions qui ont été effectuées par les navettes spatiales, Michelin fournissait systématiquement les pneus de la navette spatiale, à la fois pour le train principal et pour le train auxiliaire à l’avant », précise Cyril Roger.
Selon un communiqué, Michelin s’assure que cette nouvelle roue ait « une qualité de fabrication irréprochable pour assurer la sécurité des missions lunaires ». Des simulations sans gravité sont également effectuées. Un prototype de cette roue lunaire imprimé en 3D est exposé à la Cité des Sciences dans le cadre de l’exposition « Mission Spatiale ».
-Propos recueillis par Laurence Laborie pour France 3 Auvergne