Défilé du 14 juillet, Jeux Olympiques de Paris...à chaque fois, la prestation de la Patrouille de France est très remarquée. Un show qui nécessite un entraînement exigeant. À quelques jours d’un passage à Cervolix, les 5 et 6 octobre, à Issoire près de Clermont-Ferrand, un pilote dévoile les coulisses de la préparation.
Elle est considérée comme l’une des meilleures formations acrobatiques au monde. La Patrouille de France est attendue samedi 5 et dimanche 6 octobre dans le ciel de l’aérodrome d’Issoire, pour festival Cervolix, près de Clermont-Ferrand. Une démonstration appréciée qui nécessite un entraînement exigeant. Le capitaine Jayson Troy, "Athos 8", est extérieur droit, dans sa deuxième année au sein de la Patrouille de France. Il détaille la préparation de la démonstration : “Vendredi pour la répétition, on va faire une reconnaissance de l’axe dans un premier temps, puis une démonstration complète, avec un ruban, la voltige avec nos 8 Alpha Jet. On va faire des boucles, des trèfles, le diamant de base. Il y a ensuite une partie synchronisation avec des scènes à 2,4 ou 6 avions. Il y a des semblants de percussion”.
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Des répétitions intenses
La prestation dure 25 min : 12 min pour le ruban, et 13 pour la synchronisation. Pour parvenir à un tel résultat, une préparation intense est effectuée : “Tout est exigeant, en sachant que le ruban met au moins quatre mois à la Patrouille de France à être intégré. On va y travailler six mois pendant notre entraînement hivernal, à partir de fin octobre. On s’entraîne à voler à huit, dans son volume. Après, on va apprendre à piloter comme l’exige la Patrouille de France. C’est complètement différent de ce qu’on a appris jusqu’à maintenant. Il s’agit d’une totale remise en question. On a affaire à des pilotes qui ont beaucoup d’expérience, entre 15 et 20 ans dans l’Armée de l’Air et de l’Espace. Il faut tout reprendre à zéro”.
Jusqu'à 150 vols en hiver
La Patrouille de France recrute trois nouveaux pilotes par an. Ils sont formés en six mois. Le leader parle et les pilotes sont synchronisés avec lui. Jayson Troy explique : “On connaît la démonstration par cœur. On sait parfaitement les gestes du leader, ce qu’il va dire. Le danger vient de l’imprévu. On s’est entraîné pendant 120 ou 150 vols pendant toute la saison hivernale. Si on a une panne, une collision volatile, on sort de notre ordinaire. C'est là où cela peut être plus dangereux. L’avion va se faire raccompagner vers l’aérodrome et les six autres avions vont attendre”. Les pilotes sont rodés. Ils réalisent des démonstrations au moins deux fois par week-end. Les pilotes récitent la même partition quel que soit le lieu. Seuls deux sites nécessitent une modification : le Bourget, où la synchronisation n’est pas possible, faute de place, et en montagne, où la démonstration s’adapte au relief du lieu. Avant le vol, ils répètent au sol : “La répétition au sol est indispensable. Elle nous permet de nous mettre dans notre bulle”.
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L'importance de la météo
Il y a trois types de démonstrations en fonction de la météo. Il y a d’abord le beau temps, avec l’utilisation du plan vertical, avec des boucles, et des hauteurs jusqu’à 4 500 pieds. Ensuite, en présence de nuages, le plafond passe à 3 000 pieds et la patrouille réalise des boucles obliques : c’est ce qu’on appelle l’intermédiaire. Enfin, si les nuages sont à 1 500 pieds (700 m), les pilotes font des boucles obliques et certaines figures sont modifiées. Si la visibilité est réduite et que le plafond est en dessous de 1 500 pieds, ils ne réaliseront que le ruban.
"Tous les ans on change de poste"
Les pilotes suivent une préparation intensive : “Tout l’hiver, on réalise deux vols par jour. On peut voler jusqu’à douze fois par semaine. C’est beaucoup d’entraînement. Tous les ans on change de poste. On reste à la Patrouille de France entre deux et quatre ans. Il n’y a pas que les premières années qui se remettent en question mais toute l’équipe. Chaque année on prépare une nouvelle démonstration”. La préparation physique a lieu en hiver : “On fait 6 séances de sport par semaine. On commence par le réveil musculaire à 7h55, pendant 20 minutes. En fin de journée on effectue du renforcement musculaire et du sport collectif”.
"On se fait tous confiance, quand on vole et au sol"
Les pilotes, les “Athos” doivent avoir le sens du collectif : “Les pilotes ont le niveau des pilotes de chasse, ils représentent nos frères d’armes. Ils ne sont pas choisis pour leur technicité mais sur l’humain, sur la capacité à vivre à 8 plus 1, le remplaçant. On se voit plus que notre famille. Chacun a un rôle bien défini. Les équipiers ne sont pas doublés. Je m’occupe de gérer la météo et personne ne fait ça à ma place. On se fait tous confiance, quand on vole et au sol. On est à 200 % dans nos tâches. Les ressources humaines ne nous imposent pas de pilotes. C'est nous qui décidons qui rentre dans l’équipe”. Une équipe soudée qui sera en démonstration début octobre à l'occasion du festival Cervolix, à Issoire, près de Clermont-Ferrand.