Des salariés de l’entreprise Loomis, chargée du transport de fonds, sont en grève depuis plusieurs jours à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme). Ils doivent, ce jeudi 20 janvier, rencontrer la direction pour des négociations. Cette grève fait craindre une pénurie de billets de banque, liée au manque d’approvisionnement.
A Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), des salariés du transporteur de fonds Loomis sont en grève depuis plus d’une semaine. Au total, 24 des 25 chauffeurs de cette antenne auvergnate ont cessé le travail, selon Stéphane Munoz, délégué CFDT. Il explique que le mouvement est né d’un « fort mécontentement » suite aux propositions faîtes lors des NAO (négociations annuelles obligatoires) de l’entreprise : « En ce qui concerne les salaires, on attendait beaucoup plus de la direction, d’autant plus qu’on s’est serré la ceinture ces dernières années. Il y avait le Covid donc on était compatissant mais il faut savoir que les convoyeurs de fonds, comme beaucoup de professions, on a été exposés dès le départ. On s’est débrouillés par nous-mêmes. Le chef d’agence de Clermont s’est arrêté 15 jours dès que le Covid est arrivé. Il a fallu qu’on gère et qu’on se débrouille pour travailler et satisfaire nos clients. »
Les banques sont très inquiètes, on va se dire les choses.
Stéphane Munoz, délégué CFDT
Le mouvement perdure et pourtant, ces travailleurs ont hâte de reprendre le travail. Une réunion était organisée ce jeudi 20 janvier à 14 heures pour envisager une sortie de crise, une réunion tardive, regrette Stéphane Munoz : « On est assez surpris parce qu’on a la culture clients et on est fort étonnés et mécontents du comportement de la direction qui traine un peu pour les négociations. » En effet, le mouvement social dure depuis plus d’une semaine. « On pensait qu’ils allaient avancer la date de réunion pour trouver une solution adaptée. Ils ont laissé à la date du 20. Derrière, ce sont les clients qui en pâtissent et ce n’est pas dans notre culture à nous, les salariés », précise le délégué syndical. Cette grève n’est pas sans conséquences sur l’approvisionnement et peut même faire craindre une pénurie, indique Stéphane Munoz : « Il y a un risque. Il faut que le système bancaire s’organise. La Banque de France doit donner des agréments aux prestataires pour pouvoir travailler et trouver un équilibre. Quand personne n’est là pour gérer le système fiduciaire, c’est compliqué et même au-delà des distributeurs. Les banques sont très inquiètes, on va se dire les choses. »
"On continue à nous mépriser"
Malgré ce risque, les négociations salariales semblent pour l’instant inacceptables pour les salariés : « On nous a proposé 2% d’augmentation sur 2 ans et 150 euros de prime Macron. Nous, on attendait 5%. Quand on voit les routiers qui demandent 10% et qui obtiennent 6, on ne prend pas cette direction, sachant que ça fait 2 ou 3 ans qu’on n’a rien ou pas grand-chose. On continue à nous mépriser. Dans les instances, on se rend compte que nos dirigeants ont de fortes augmentations notamment les 10 plus gros salaires de l’entreprise et les 10 plus gros salaires de la région. C’est ce qui fait que les salariés n’ont pas de mal à se mobiliser. Quand tout le monde se serre la ceinture, de l’encadrement jusqu’au dernier arrivé, c’est plus facile à accepter. Là, on a des cadres qui prennent de fortes augmentations et nous derrière on a 2%. Pour les plus bas salaires, par mois, c’est entre 14 et 18 euros, alors qu’il y a des dirigeants qui prennent entre 800 et 900 euros par mois », s’indigne Stéphane Munoz. « Forcément, on trouve ça très déplacé. »
Des suites possibles au mouvement
Il espère donc une sortie de crise lors de la réunion avec la direction : « A l’issue de la réunion, on va faire un point avec tous nos salariés et on prendra une décision dans la soirée ou demain à la prise de service. Si c’est convenable et qu’on est respectés on reprendra le travail sans aucun problème. Si par contre il n’y avait rien ou presque rien, ça va être un problème. Là, il y en a qui vont reprendre parce qu’ils ne pourront pas faire autrement économiquement. Ceux qui veulent tenir vont continuer à se mobiliser. Il y aura peut-être un peu moins de monde. On continuera le combat si on ne trouve pas d’issue. » Une cinquantaine d’agences sur les 60 que compte le groupe sont en grève. Contactée, la direction de l'antenne de Cournon-d'Auvergne a indiqué qu'elle ne souhaitait pas s'exprimer.