Qui a peur du grand méchant ours ? A la découverte de cet alter ego sauvage de l'homme

L’ours est la vedette du musée Lecoq à Clermont-Ferrand jusqu'au 22 septembre 2024. L’ours est-il un danger ou un doudou pour l’homme ?  Réponse dans l'exposition "Ours, mythes et réalités".

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Heureux qui, comme un ours, se pavane au musée Lecoq. Brun, blanc, grizzly ou à collier il se laisse admirer par les grands et caresser par les petits. Des spécimens empaillés permettent d’approcher la bête de près. Et les enfants, eux, peuvent se jeter sans retenue sur leurs versions en peluche. C’est qu’on l’aime quand même, ce grand nounours…« On a presque envie de lui faire des câlins », confesse une jeune maman. « Ça a l’air d’être tout doux, un ours. Et j’aimerais bien dormir avec lui mais c’est un peu sauvage quand même », avoue une jeune demoiselle du nom de Lindsay.

 Les nombreux panneaux et jeux didactiques sont effectivement là aussi pour le rappeler. L’ours est un animal sauvage, avant d’être un doudou. « Ce qui me fait peur, c’est quand je vois un vrai ours », croit savoir le jeune Léon en pleine visite.

Doux et sauvage

Toutefois, cela ne sert à rien de s’affoler plus que nécessaire : « On craint souvent les prédateurs par méconnaissance », explique Charles Lemarchand, directeur adjoint du musée Lecoq, responsable du département de zoologie. « Il y a très peu de grands prédateurs qui attaquent spontanément l’homme. L’ours n’attaque que s’il se sent menacé ou attaqué mais ce sont des cas très particuliers. Statistiquement, il n’est pas plus dangereux de se promener dans une forêt slovène avec des ours que dans une forêt française où il n’y a pas d’ours. »

A poils ou en peluche, l’ours fascine. Et depuis des millénaires. « Dès que l’homme a colonisé la planète depuis son Afrique natale, il a rencontré différentes espèces d’ours, comme l’ours des cavernes », continue Charles Lemarchand du musée Lecoq. « L’homme a vu dans l’ours un animal très imposant dans lequel il se retrouvait un peu : il peut se tenir sur ses deux pieds, il a un régime alimentaire comparable à celui de l’homme, il est omnivore. Et l’ours en hiver a une vie ralentie comme l’homme préhistorique qui, pendant la période hivernale, cherchait des abris pour se protéger du froid. Très souvent, quand il investissait une caverne, il se retrouvait nez à nez avec un ours. »

Ours, mon ami

Voici l’ours, comme le double sauvage de l’homme. « Son comportement avec ses petits est très maternel, très protecteur et c’est là que c’est fait la transposition avec la famille, les enfants et les ours en peluche », ajoute le gardien des ours du musée Lecoq.

Une histoire de teddy bear apparue grâce à un président américain. En 1902, Théodore Roosevelt épargne un ours à la chasse et en fait une légende : Teddy protège le sommeil des enfants.

« L’ours est devenu du jour au lendemain un animal qu’il fallait respecter et qu’il ne fallait pas tuer systématiquement », raconte encore Charles Lemarchand.

Et les connaissances sur l’ursidé n’ont cessé de se développer depuis cette aventure présidentielle. Au-delà du mythe, l’exposition n’oublie pas la science. L’animal est exigeant sur le plan écologique. « Les ours ont besoin d’un habitat de grande taille dans lequel ils peuvent trouver une source de nourriture et des gîtes pour se reposer. » Là où vit l’ours, en bonne santé est la biodiversité.

 On apprend ainsi que l’Auvergne a connu l’ours avant que les forêts ne soient morcelées. « On a retrouvé des récits anciens de chasse à l’ours du XIIIe et XIVe siècle dans le Puy-de-Dôme aux environs d’Issoire et de Parentignat et dans le Cantal près de Condat dans des massifs forestiers qui existent encore aujourd’hui. »

L’ours, un jour, de retour en Auvergne ? « Il faudrait des populations en expansion et il faudrait beaucoup travailler la question de la cohabitation avec les activités humaines mais sur un plan écologique, la chose est possible. »

Avancées scientifiques

Il faut dire que l’homme a beaucoup à apprendre de son alter ego sauvage. « L’ours entre en hivernation à l’automne jusqu’au printemps. Ce n’est pas une hibernation au sens biologique du terme avec un animal qui plonge dans une léthargie extrêmement profonde. C’est plutôt une espèce de sommeil très léger avec une faible baisse de la température corporelle. Il va passer de 37 à 30 degrés. C’est peu et ça lui permet de reprendre une activité si jamais il y avait un redoux pendant l’hiver. »

La recherche s’intéresse au fonctionnement du corps de l’ours pour comprendre comment il arrive à traverser cette étape de l’hivernation. Ce qui pourrait amener à des applications sur le vieillissement et la régénération cellulaire.

Dans sa caverne, l’ours ne perd pas non plus de muscle. Si la science comprend pourquoi, elle pourra lutter contre l’atrophie musculaire chez l’homme. Fort de son histoire, l’ours nous surprend encore.

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