Retraites : après "l'échec" de la réunion avec E. Borne, dans le Puy-de-Dôme, les syndicats ne veulent "rien lâcher"

Mercredi 5 avril, l’intersyndicale a été reçue à Matignon. Après une heure de discussion, elle a déploré « l’échec » de sa rencontre avec la Première Ministre Elisabeth Borne. Dans le Puy-de-Dôme, les syndicats appellent à se mobiliser « plus que jamais » dès jeudi 6 avril contre la réforme des retraites.

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A la veille d’une 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la rencontre tant attendue entre Elisabeth Borne et l’intersyndicale, mercredi 5 avril, a tourné court. Elle s’est soldée par un "échec" selon les syndicats, qui voient une "crise démocratique" dans le refus de la Première Ministre de retirer la réforme contestée. Frédéric Bochard, secrétaire départemental FO du Puy-de-Dôme, analyse cet échange qui n’a pas abouti : « C’est un échec du gouvernement et une nouvelle gifle pour lui, car il est incapable de répondre aux préoccupations de la population, exprimées dans l’unité par toutes les organisations syndicales. La décision d’Elisabeth Borne a des conséquences sociales lourdes pour les salariés, pour la population en général et des conséquences graves du point de vue démocratique. Cette femme-là est incapable de discuter. Depuis le début, les organisations syndicales ont dit que ce texte était mauvais, qu’il fallait le retirer, pour ensuite discuter des préoccupations des salariés, de la jeunesse et des retraités. Elisabeth Borne est incapable d’entendre et de discuter. Quand on en arrive à ce degré d’absurdité politique, c’est non seulement le texte qu’il faut retirer mais c’est elle-même qui doit se retirer ».

Quand j’étais à l’école primaire et que je rendais une mauvaise copie, mon instituteur me la rendait et me demandait de la refaire. Là, d’une certaine manière, le gouvernement a fait une mauvaise copie et il doit la refaire

Frédéric Bochard, secrétaire départemental FO

Pour Frédéric Bochard, la lutte continue et passe par une mobilisation dans la rue : « Si on regarde bien les choses, ce texte ne tient plus qu’à un fil. Il n’a jamais été adopté par l’Assemblée nationale. La motion de censure n’a pas été adoptée donc la confiance a été donnée au gouvernement. C’est une adoption de façade. Il n’y a pas eu de vote sur le texte lui-même. Il est rejeté par une majorité de la population. Il n’y a pas eu un seul sondage pour inverser la tendance. Ce texte est rejeté par la quasi-totalité des salariés : entre 90 et 95 % d’entre eux sont contre. Quand, au bout de 30 minutes, toutes les organisations syndicales quittent l’hôtel Matignon, c’est un aveu d’échec et de faiblesse du gouvernement ». Face à un gouvernement qui n’entend pas reculer, le secrétaire départemental FO ne voit qu’une seule issue : « Nous sommes déterminés, plus que jamais. La porte de sortie toute simple est le retrait du texte. Rediscutons sur les vrais problèmes du moment et par sur cette stupide réforme des retraites, qui n’a d’autre objectif que d’imposer deux ans de travail obligatoire, que de répondre aux exigences de la Commission européennes et des marchés financiers. Elle n’a rien de social. Rien ne justifie cette réforme ».

 

L’attitude de la Première Ministre est irresponsable

Valérie Guillaume, secrétaire générale adjointe CFDT Auvergne-Rhône-Alpes

Valérie Guillaume, secrétaire générale adjointe CFDT Auvergne-Rhône-Alpes, regrette elle aussi l’échec des discussions à Matignon : « On trouve que c’est très dommageable de ne pas entendre que la population est fortement opposée, que ce soit les organisations syndicales, les travailleurs, les privés d’emplois, les jeunes. On voit bien que dans les sondages, de plus en plus de personnes sont opposées à cette réforme qui est injuste et brutale. On n’espérait pas forcément qu’il y ait une possibilité de discussion mais c’est dommage. Je pense que l’invitation a été faite pour dire : « On reçoit les organisations syndicales ». Mais on ne les écoute pas, alors qu’on a des propositions concrètes. On veut le retrait pur et simple de cette réforme et il n’y aura pas d’autre discussion tant que ce texte ne sera pas retiré ». Elle attend la suite : « On se tourne vers la sagesse du Conseil constitutionnel pour mettre en avant ce qui n’est pas forcément démocratique. On avait une crise sociale et on a aussi une crise démocratique. Cela peut faire peur pour l’avenir ». La secrétaire générale adjointe CFDT n’entend pas baisser les bras : « On est fortement mobilisés. Tant pis pour eux, cela risque de faire comme la dernière fois, quand il y a eu le passage du 49.3, cela a mobilisé encore plus de monde le lendemain dans la rue. C’est bien dommage d’en arriver là, dans un pays qui est censé être un pays démocratique ».

Le retrait de la réforme exigé

Elle ne voit qu’une issue pour sortir de la crise : « On avait demandé que soit au moins retirée la mesure d’âge de 64 ans. A la suite des discussions, il y aurait pu y avoir un dialogue approfondi sur la pénibilité, sur les égalités de rémunération entre les hommes et les femmes, sur les carrières longues. En moins d’une heure la partie était terminée. Il n’y aura pas d’autre discussion. On ne va pas se remettre autour de la table demain matin et il n’y aura pas d’autre chantier à mettre en œuvre dans l’immédiat ». Valérie Guillaume ne redoute aucun essoufflement de la mobilisation : « Les personnes qui se mobilisent sont déterminées. Entre la première mobilisation et jusqu’à la dixième, il y a ceux qui sont là toute le temps, qui ne loupent pas une manifestation, il y a ceux qui ont manifesté et fait grève pour la première fois de leur vie. Ce n’est pas forcément à chaque fois le même public mais à chaque fois, il y a du monde qui est mobilisé. Même si c’est difficile de se mettre en grève dans les entreprises, même si c’est difficile financièrement, cela risque d’être encore plus difficile par la suite : il va falloir travailler plus longtemps et ne pas avoir des pensions revalorisées. Le jeu en vaut la chandelle ». Lors des dernières manifestations, de nombreux jeunes sont venus grossir les cortèges. Valérie Guillaume comprend que cette jeunesse réagisse : « On ne mise pas que sur la jeunesse. Cette réforme est injuste de manière intergénérationnelle. Les jeunes cherchent désespérément un emploi de qualité sans être dans la précarité. Ceux qui sont déjà au travail ne laissent pas forcément la place à l’après. Tout le monde est concerné. Il n’y a pas de justification financière immédiate. On ne comprend pas l’attitude du gouvernement. Il est normal que la jeunesse se mobilise car ce sont les travailleuses et les travailleurs de demain ». Elle conclut : « Demain, le mot d’ordre est de ne rien lâcher. On démontre qu’on est toujours aussi déterminés. Notre objectif est de faire retirer cette réforme, au moins la mesure d’âge ».

Les syndicats s’apprêtent à nouveau à défiler dans les rues jeudi 6 avril. Tous ont en tête le CPE, le contrat de première embauche, imaginé par Dominique de Villepin en 2006 : le texte avait été voté, mais le président de la République, Jacques Chirac, avait suspendu son application, face à l’ampleur de la contestation.

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