Romain Colucci, fils de Coluche : « La générosité a augmenté en même temps que la précarité »

La précarité est tristement toujours d'actualité en France. Alors que débute la 38e campagne d'hiver des Restos du coeur, le fils aîné de Coluche évoque l'héritage de son père. Romain Colucci salue avant tout le "formidable" travail des bénévoles.

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Les Restos du cœur lancent leur 38e campagne d’hiver. Romain Colucci, fils aîné de Coluche qui a fondé l’association, viendra à Clermont-Ferrand les 24 et 25 novembre. Il visitera les services, les ateliers et chantiers d'insertion et participera à la tournée du Bus du coeur. Il explique son rôle au sein des Restos du cœur : « Je suis bénévole volant. Je vais de centre en centre. J’essaie d’en visiter 100 par an. C’est super enrichissant. Ce qui est dingue c’est de voir ce que les bénévoles donnent comme temps, comme énergie et comme passion pour aider les plus défavorisés. C’est miraculeux. Je ne sais pas si c’est le terme qui est adapté mais c’est absolument sensationnel de voir la générosité en action. Voir ça sur toute la France, ça me bouleverse. Ils ont été particulièrement courageux pendant le COVID. On ne le dit pas assez. Ils ont vraiment mouillé le maillot. On ne dira jamais assez que ce que font les bénévoles est formidable. C’est indispensable. Je ne sais pas si on leur rend suffisamment hommage, si les pouvoirs publics s’en rendent suffisamment compte, ce qui ne coûte pas un pognon de dingue. Ces gens se volent du temps à eux-mêmes, ils en volent à leur famille pour en donner aux plus précaires. Ce sont eux qui ont raison ».

Un père engagé

Romain Colucci n’avait que 13 ans quand son père a réalisé ce tour de force de créer les Restos du cœur. Il se souvient : « J’ai le souvenir que mon père était passionné par cela, comme par tout ce qu’il faisait, que ce soit de la moto, de la scène, de la radio ou du cinéma. Il était passionné et passionnant. Les Restos du cœur ont été lancés subrepticement. Il n’a prévenu personne. C’était le but, de chercher le soutien du public pour qu’on ne puisse pas revenir en arrière ». Plus de 30 ans plus tard, Romain Colucci évoque ses sentiments : « Je ressens beaucoup de fierté. Si mon père et ma mère voyaient ce que font les bénévoles des Restos du cœur aujourd’hui, ils seraient fiers d’eux. Je prends beaucoup de plaisir à aller voir les bénévoles. Ils sont formidablement touchants. Il y a en même temps une charge : il faut pouvoir continuer, défendre la gratuité de l’aide alimentaire pour ceux qui font déjà des choix très difficiles au quotidien, entre se nourrir, se déplacer, se loger et se chauffer ».

"L’engagement de mon père restera"

Le fils de Coluche est très fier que l’héritage de son père perdure : « L’engagement de mon père restera. Les 70 000 bénévoles qui travaillent dans les 2 000 centres des Restos du cœur poursuivent à leur manière l’engagement et l’impulsion que Coluche a donnés. Si on ne se bouge pas, si on ne fait rien, si on se replie sur soi, si on est attentiste, la situation ne s’arrangera pas. L’engagement est une façon de remuer les choses qui est efficace et qui est belle, sans être trop politique ». Face à cette misère, Coluche était un précurseur, selon son fils : « Je suis né dans les années 70, à une époque où on nous disait qu’on allait revenir au plein emploi et aux Trente Glorieuses. Force est de constater que cela n’a pas été le cas. Je crois que mon père n’y croyait déjà pas. Il a eu raison avant les autres. Il dirait aujourd’hui qu’il faut agir, qu’il faut faire le plus qu’on peut ».

10 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté

Face à cette misère et à cette précarité qui progressent en France, le constat du fils de Coluche est amer : « Le tableau n’est pas très réjouissant. Le seul truc qui est rassurant est que la générosité a augmenté en même temps que la précarité. Aussi bien les donateurs que les bénévoles ont répondu présents, jusqu’à aujourd’hui, pour faire face à cette augmentation de la précarité. On vit dans un pays où il y a plus de 10 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, d’après les chiffres de l’INSEE. Cela me semble énorme, c’est colossal. Aux Restos du cœur, on aide 1,2 million de personnes. Cette année, cela va augmenter ».

Plusieurs activités aux Restos du coeur

Romain Colucci détaille les différentes actions de l’association : « Il n’y a pas que de l’aide alimentaire aux Restos du cœur, il y a beaucoup d’autres activités. Cela peut être de l’estime de soi avec de la coiffure. Il y a aussi des vestiaires où on peut venir chercher des vêtements. On trouve aussi les Restos du cœur bébés car malheureusement beaucoup de bébés sont dans la précarité. Il y a des cours de français. Dans tous les centres, vous trouvez une ou toutes ces diverses activités. Pour faire toutes ces choses, et pas seulement de la distribution alimentaire qui est la porte d’entrée vers la personne qu’on accueille, il faut beaucoup de bénévoles, beaucoup de temps et il faut des locaux. J’en appelle aux pouvoirs publics locaux car la précarité n’a jamais cessé d’augmenter et le nombre de mètres carrés est lui resté le même dans nos centres. Il y a des centres qui commencent à être trop petits pour pouvoir recevoir tout le monde dignement. Il faut qu’on nous aide en mettant des locaux à notre disposition ».

La loi Coluche expliquée

Les Restos du cœur ont été fondés en 1985 par Coluche. Bien des années plus tard, son fils aîné s’en émeut encore : « Cela me surprend que les Restos du cœur soient encore là. On est probablement le seul resto qui souhaiterait fermer. On peut voir la chose de deux façons. La surprise est à la fois bonne et mauvaise. On est quand même dans un pays où on a la chance d’avoir de la générosité. J’appelle tout le monde à poursuivre cet effort parce que je ne vois pas d’autre solution. Voici la formule consacrée : si vous avez de l’argent, donnez, si vous avez du temps, venez. On a besoin de bénévoles et on a besoin d’argent ». Romain Colucci souhaite attirer l’attention sur les facilités pour faire un don : « Je rappelle le principe de la loi Coluche, qui permet à tous ceux qui paient des impôts de défiscaliser 75 % de leur don, avec un plafond de 1 000 euros. Si vous donnez 100 euros et que vous êtes imposable, vous allez obtenir un remboursement de 45 euros en janvier et de 30 euros en septembre. Les Restos auront touché 100 euros, ce qui permettra d’offrir 100 repas, qui ne vous auront coûté que 25 euros, soit 25 centimes par repas, ce qui n’est même pas le prix d’un appel surtaxé ».

Romain Colucci conclut : « On a toujours besoin d’aide. Si vous voulez être bénévole, il y a un site Internet et vous pouvez contacter les centres autour de chez vous ». 

En marge du lancement de la campagne, les Restos du cœur de Clermont-Ferrand organisent deux événements. Les 25 et 26 novembre, à la salle Dumoulin de Riom, l’association propose le spectacle « Sam en foire ». De plus, une collecte de jouets aura lieu les 25, 26 et 27 novembre sur le chalet des Restos du cœur, au marché de Noël de Clermont-Ferrand, place de la Victoire. 

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