“Une pratique barbare” : le jeu du cou de l’oie dans un village du Puy-de-Dôme fait polémique

À Saint-Bonnet-près-Riom (Puy-de-Dôme), le jeu du cou de l'oie, une tradition séculaire, suscite une vive controverse. Une association de défense des animaux dénonce cette tradition festive, où des animaux morts sont décapités à mains nues, la jugeant cruelle. Pour faire entendre sa voix, elle a saisi le tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand. Le maire se défend.

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À Saint-Bonnet-près-Riom, petite commune dans le Puy-de-Dôme, la fête annuelle est au cœur d’une polémique enflammée. En cause, une tradition locale bien ancrée : le jeu du cou de l’oie. Cette tradition, qui remonte à plusieurs siècles a lieu lors de la fête patronale du village. Elle consiste à suspendre des animaux morts, principalement des oies mais aussi des poules et des lapins, à une corde au-dessus de la place publique. Les participants, souvent des jeunes hommes, montent à cheval ou sur des vélos et doivent arracher la tête des animaux en passant dessous. Une pratique jugée cruelle par One Voice, une association de défense des animaux. Cette dernière, en campagne pour l'interdiction de l'événement, a saisi le tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand et a interpellé le préfet du département pour qu'il prenne position contre cette tradition.

L’association One Voice, à l’origine de la contestation, ne mâche pas ses mots : elle dénonce une pratique “barbare où les animaux, après avoir été tués, sont mutilés avant d’être parfois mangés par les participants”. Selon Jessica Lefèvre-Grave, porte-parole de l’association, bien que la mutilation se fasse post mortem, elle estime que le jeu incite à la violence envers les animaux.

On enseigne aux jeunes que l’on peut arracher la tête d’un animal pour s’amuser. Cela porte atteinte à l’image que la société se fait du respect du vivant. 

Jessica Lefèvre-Grave

Porte-parole de l'association One Voice

Ce n’est pas la première fois que l’association agit : l’année dernière, elle avait déjà fait savoir son indignation. D’un point de vue légal, elle reconnaît qu’il est difficile de tordre le cou à cette pratique. On ne peut pas parler de maltraitance animale, sachant que les oies sont tuées avant le jeu", souligne Jessica Lefèvre-Grave. Cependant, l’association de défense des animaux met en avant des problèmes sanitaires et d’hygiène. En effet, les animaux mutilés seraient ensuite consommés. “Ces lapins sont pendus par les pattes pendant des heures avant d’être mangés. Il y a manifestement une rupture de la chaîne du froid”, met en avant la porte-parole. L’association espère que cela suffira pour obtenir l’interdiction de l'événement. One Voice n'est pas seul à dénoncer cette tradition du jeu du cou de l’oie. “Deux conseillers régionaux nous soutiennent également et ont envoyé un courrier au préfet pour demander la fin de cet acte barbare”, souligne la porte-parole. Comme le montre ce tweet posté sur X, par Grégoire Verrière, conseiller régional (EELV) d’Auvergne-Rhône-Alpes.  

“Nous recevons des messages de haine”

Face à cette mobilisation, Denis Rougeyron, le maire de Saint-Bonnet-près-Riom défend fermement la tradition. Selon lui, le jeu du cou de l’oie fait partie intégrante des festivités locales. Il évoque la présence d’un public fidèle chaque année, avec près de 1 000 personnes assistant à l’événement. "Nous ne sommes pas dans la violence", se défend-il, avant de dénoncer les attaques violentes dont il a été victime : "Depuis deux ans, nous recevons des messages de haine, des mails incendiaires, et même des menaces de mort. Nous avons recensé 19 menaces de mort précisément".

Le maire de la commune de près de 2 000 habitants se dit prêt à engager un dialogue avec l’association, mais seulement "dans un climat apaisé". "Ils ne proposent rien, ils insultent, fustige l’édile. De notre côté, nous voulons simplement préserver nos traditions, car les jeunes de la commune tiennent à les perpétuer. On respecte leur avis, mais j’aimerais qu’ils en fassent autant. Ce n’est pas avec des insultes qu’on résout le problème".

“Une pinata c’est la même chose. Pourquoi s’acharner sur des animaux ?” 

Si le maire admet que la pratique pourrait poser problème en termes d’image, il souligne qu’elle reste légale et que les animaux ne sont pas vivants lors du jeu. Toutefois, il se dit ouvert à une discussion sur une éventuelle adaptation de l’événement. Bien que cette décision revienne, selon lui, au comité d’organisation de la fête. Le maire précise également qu’il laissera le soin aux autorités préfectorales de trancher sur l’avenir du jeu. "Si le tribunal décide d'interdire, nous respecterons la justice", affirme-t-il.

Pendant ce temps, l’association continue de plaider pour l’interdiction du jeu et propose des alternatives non violentes comme la piñata. "Symboliquement, c'est la même chose. Pourquoi s'acharner et continuer à mutiler des animaux ?", s'interroge Jessica Lefèvre-Grave.   

Les regards se tournent désormais vers le préfet du Puy-de-Dôme et le tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand pour savoir si les autorités trancheront la tête de la controverse. 

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