Fulguropoings, astéro-haches, cornofulgurs...pourquoi Goldorak a-t-il choisi de s'installer à Thiers (Puy-de-Dôme), capitale du couteau ? Depuis 3 ans, le robot de 7 mètres de haut et de 2 tonnes d'acier trône sur un rond-point. Une histoire étonnante que nous allons vous raconter.
Ne l’appelez plus le rond-point du Chambon mais le rond-point de Goldorak ! Depuis le 22 décembre 2018, le géant de 2 tonnes d’acier et de 7 mètres de haut trône à l’entrée de la ville de Thiers. Il est impossible de le rater si vous passez dans la capitale du couteau. Diffusée à la télé en 1975, Goldorak est une série animée adaptée de l’œuvre de Go Nagai. Si au Japon la série passe inaperçue, le dessin animé cartonne à l'époque en France à partir de 1978 et pulvérise tous les records d’audience sur Antenne 2, dans l’émission Récré A2 présentée par Dorothée. En 74 épisodes, toute une génération de jeunes téléspectateurs découvre alors l’animation japonaise avec Goldorak.
"Je suis de la génération Goldorak"
Parmi ces jeunes qui ne rataient pas un épisode sur le petit écran, il y avait Didier Berujon. Il avait 9 ans quand le prince d'Euphor a débarqué en France. C'est lui qui a fabriqué le robot d'acier de Thiers. Le gérant de Fer ou Refer, une entreprise basée à Courpière, s’avoue dépassé par le retentissement. Sa structure, spécialisée en chaudronnerie et en ferronnerie, fabrique habituellement des balcons, des portails et autres garde-corps. Ce Goldorak d’acier est un projet hors normes. Il raconte : « C’est une idée que j’avais en tête depuis longtemps. Je suis de la génération Goldorak. J’avais eu le jouet étant petit mais je l’avais cassé. Je l’ai retrouvé sur une brocante et je me suis dit que j’allais le reproduire en grand, pour nous faire un bon coup de pub. Je ne pensais pas que ça allait marquer autant les gens. C’est devenu un truc de fou ».
Un simple jouet a servi de modèle.
Trois semaines de travail
Mais pour mettre au point le géant, il a fallu beaucoup travailler : « A deux, on a mis trois semaines pour le fabriquer. On y passait entre 16 et 18 heures par jour, du lundi au dimanche. L’objectif était de le finir avant Noël et on a réussi. C’était top. Je retiens que c’était du travail acharné mais pour une belle aventure ».
Vous pouvez observer ci-dessous l'évolution de la construction.
Didier Berujon reconnaît avoir rencontré quelques difficultés pour la conception : « Les mains ont été compliquées à faire. Le visage a été fait en une après-midi. J’étais inspiré. Mais le plus dur vraiment, c’était les mains. Il fallait fabriquer les doigts avec des tôles roulées. Il y avait un cintrage, du formage. Pour la peinture, on a travaillé avec une entreprise de Cournon-d’Auvergne. Ce n’était pas simple non plus, car on ne pouvait pas tout faire en époxy. Il fallait reprendre les pièces derrière pour les repeindre. On a passé une nuit dans un atelier à Courpière pour fignoler toutes les peintures avant de l’installer ».
"C'est un truc de fou !"
En une nuit, Goldorak est installé sur le rond-point. Le gérant s’avoue encore surpris du succès de sa création : « Au départ, je voulais faire un petit coup de pub pour la boîte. Trois ans après, je ne pensais pas que ça allait faire autant de buzz. Goldorak devait être installé pour deux mois. Dans l’esprit des gens, c’est le carrefour de Goldorak, c’est un truc de fou ! ». Car les retombées ont été au rendez-vous pour son entreprise : « Aujourd’hui, je travaille grâce au retentissement que ça a eu. C’est mon affiche, ma carte de visite. J’en suis assez fier. Suite à ça, on a fabriqué un dragon pour la ville de Noyant-d’Allier, il y a un an et demi : c’est un dragon de 45 mètres de long. Il est moins connu mais c’est une belle pièce aussi. Je reçois pas mal de demandes, pour des projets un peu farfelus. Ca m’attire beaucoup de clientèle chez les particuliers et chez les professionnels. Les gens se sont dit qu’on était capables de faire des choses compliquées. J’ai signé de gros devis avec des grosses entreprises. Je suis content ».
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Un buzz international
Il poursuit : « On a parlé de nous jusqu’en Espagne, au Portugal, en Allemagne, aux Etats-Unis et au Japon. Les journaux ont relayé cette information. Je ne m’attendais pas à ça. On a eu des tweets de Dorothée pour nous dire qu’on avait fait un super boulot. Le chanteur du générique nous a appelés pour nous féliciter, c’était grandiose. On a été culottés car on a fait la statue sans demander l’autorisation aux créateurs. On a finalement contacté la boîte de production qui nous a dit qu’elle comprenait qu’on était une petite structure mais qu’on aurait dû leur demander ».
L'animatrice Dorothée s'était enthousiasmée pour le robot d'Actarus sur Twitter.
"Je pense que c’est presque devenu le symbole de la ville"
Pour les habitants de Thiers, cette statue géante est devenue un repère, presque un emblème. Joëlle, 68 ans, indique : « Je l’aime bien ce rond-point de Goldorak. Cela me fait penser à mon fils, qui en avait un plus petit. Il était fan de Goldorak. Il est ravi qu’il y ait une statue comme ça dans sa ville. Je pense que c’est presque devenu le symbole de la ville. Cela fait de la pub pour Thiers ». Laurent, 42 ans, ajoute : « Cette statue est vraiment sympa. Elle amène un peu de couleur. Ca me replonge dans mon enfance. Ca me rappelle des bons souvenirs et c’est de l’art. C’est une belle vitrine pour Thiers. En plus des couteaux, ça apporte un petit renouveau ». Marie-Thérèse, une Nantaise de 66 ans, a du mal à cacher sa surprise : « Il ne passe pas inaperçu. Il est génial. On a été surpris en arrivant dans la ville. Ca nous rappelle notre fils aîné, c’était son héros ». Plus philosophe et moins fan, Pierre, 67 ans, confie : « Cela permet de ne pas rater le rond-point. Il ne me dérange pas plus que ça. Il faudrait qu’il reste en place jusqu’à ce que la foudre le mette par terre ».
"Il est beau ce Goldorak"
Nelly, 51 ans, s’enthousiasme : « Il est beau ce Goldorak. Ca m’évoque mon enfance, quand je le regardais à la télévision. J’étais fan. Ca m’a fait plaisir quand ils l’ont installé chez nous. J’aimerais qu’il reste longtemps ». Sa fille de 12 ans, Alicia, acquiesce : « Je l’aime bien, je ne le connaissais pas avant ». Sébastien, 43 ans, se projette : « Ca évoque ma jeunesse, les dessins animés. Ca attire du monde. Il y a beaucoup de monde qui s’arrête au rond-point pour prendre des photos. Pourquoi ne pas le laisser définitivement ? Cela aurait son charme ». Frédéric, 52 ans, s’interroge : « La statue est originale, marrante. Elle n’est peut-être pas adaptée à la ville de Thiers car elle est un peu curieuse. Ca me rappelle de très bons souvenirs. Ca permet de faire parler de la ville ».
En attendant le vaisseau d'Actarus ?
Des membres du fan club du dessin animé sont venus rencontrer le gérant de Fer ou Refer, ainsi que des clubs de moto. Trois ans après l’installation du géant d’acier, Didier Berujon savoure son plaisir : « Je retrouve mon âme d’enfant. Ce que j’adore, c’est que des gamins qui n’ont pas connu Goldorak, le regardent avec des yeux émerveillés. Ce qui me plaisait dans ce dessin nouveau c’est que c’était nouveau. Je suis né en 1969. C’était un personnage qui sauvait les gens. Je regardais Antenne 2 et je ne loupais pas un épisode ». Il précise : « Je remercie tous les gens qui nous ont envoyé des messages de sympathie car ça m’a beaucoup touché ». Et la suite ? Le chaudronnier ferronnier n’est pas en manque d’idées : « J’aimerais que Goldorak reste à vie à Thiers. J’ai plein d’idées pour la ville de Thiers. J’espère qu’ils vont ouvrir un peu les oreilles. La mairie est pro Goldorak car elle se rend compte que ça attire du monde à Thiers. J’ai d’autres idées. On pourrait faire d’autres personnages de dessins animés. Il pourrait y avoir un petit Dark Vador ou un vaisseau d’Actarus ».
" Au départ, c’était une œuvre éphémère, maintenant elle est plutôt fixe"
La mairie de Thiers est consciente du retentissement que lui offre cette statue. Claude Gouillon-Chenot, adjoint aux affaires culturelles, communication et animation à la ville de Thiers, indique : « Cette statue est devenue l’emblème de la ville malgré nous. Au départ, c’était une œuvre éphémère, maintenant elle est plutôt fixe. Toutes les semaines j’ai des coups de fils pour des tournages ou des événements. J’ai évoqué avec l’entreprise Fer ou Refer la possibilité de mettre Goldorak sur un autre lieu. L’aspect sécurité doit être pris en compte. Ce n’est pas rare de voir des gens se garer, traverser pour aller faire un selfie. Il faut qu’on fasse attention. Si l’entreprise nous fait des propositions, la mairie ne mettra pas de frein et on trouvera toujours des solutions. Le gérant bouillonne d’idées et je pense qu’il est déjà en train de préparer autre chose ». Il faudra donc surveiller les ronds-points de la cité thiernoise dans les prochains mois, pour voir si un vaisseau d'Actarus ou un Dark Vador ont pu sortir de l'imagination du gérant de Fer ou Refer. En attendant, les inconditionnels du dessin animé peuvent revoir les aventures de Goldorak sur France.tv.