A Chamalières dans le Puy-de-Dôme, trois listes se maintiennent pour le second tour des élections municipales du 28 juin. Leurs représentants Julie Duvert, Louis Giscard d’Estaing et Thomas Merzi ont débattu lundi 22 sur le plateau de France 3 Auvergne.
A Chamalières dans le Puy-de-Dôme, 4 listes se présentaient lors du premier tour des élections municipales le 15 mars. Elles seront trois lors du second tour le 28 juin dans un contexte toujours marqué par la crise du coronavirus Covid 19 :
- Louis Giscard d’Estaing et la liste d’union de la droite "CHAMALIERES AU CŒUR" avait recueilli 42,78% des voix
- La liste soutenue par LREM "Pour Chamalières, la force de l’union, l’élan du renouveau" de Julie Duvert avait obtenu 38,31 % des suffrages
- Thomas Merzi à la tête de la liste d’union de la gauche "CHAMALIERES VERS DEMAIN" avait séduit 13,91% des électeurs
- Créditée de 4,98% la liste "CHAMALIERES EN COMMUN 2020", conduite par Luc Condamin pour La France Insoumise était en dessous du score nécessaire pour pouvoir se maintenir.
Enseignements à tirer après la crise du Covid 19, soutien au commerce et à l’économie locale, sécurité et propreté, mobilité et environnement, urbanisme, vivre ensemble, les sujets sont nombreux à Chamalières qui n’avait pas connu de deuxième tour pour une élection municipale depuis 1957. Ce qui fait dire en introduction à Emmanuel Moreau de France Bleu Pays d’Auvergne que "Louis Giscard d’Estaing doit batailler non pas face à la gauche mais face à son ancienne adjointe Julie Duvert. Un vrai duel même si c’est une triangulaire. Pour une fois il existe une réelle incertitude lors d’une élection dans le fief de la Giscardie". Voici 3 temps forts de ce débat.
Question de politique
"Une démocratie c’est une élection à 1 tour ou à 2 tours suivant les cas" répond Louis Giscard d’Estaing. "Vous dites qu’il y a des évènements inédits dans cette élection. Oui, plusieurs. D’abord il y avait 4 listes, c’est la première fois peut-être même avant 1957, il faudrait remonter loin en arrière. Deuxièmement il y a eu un taux de participation historiquement bas. Nous sommes une ville qui est d’habitude au-dessus de la moyenne. Là nous avons à peine 40 % de participation au 1er tour, donc des éléments très spécifiques".
"Moi je suis là pour proposer une alternative démocratique aux Chamalièrois, ça a été toute la raison de mon engagement" indique Julie Duvert. "Il y a eu des points de désaccord, on ne quitte pas une équipe comme ça, il y a eu de nombreux points de désaccord pendant le mandat qui ont commencé dès 2016. Quand on n’est plus d’accord, il faut savoir partir et prendre son propre chemin".
Louis Giscard d’Estaing l’interroge alors sur l’absence de référence à La République En Marche sur ces affiches et tracts électoraux : "Je n’ai pas constitué une liste sur la base d’une étiquette politique, c’est le soutien de La République En Marche : ça veut dire aucune exigence, aucun financement et aucun compromis. Mais ça sera sur le bulletin de vote" lui répond Julie Duvert.
Thomas Merzi conclut cette partie en indiquant qu’"on est là pour porter nos convictions, nos valeurs de gauche, écologistes et sociales et on a essayé de rassembler les partis politiques de gauche ; cette collection de logos, on en est plutôt fiers. Mais on a aussi essayé de la dépasser en ouvrant notre liste très largement, ce qui fait que la liste est composée à peu près à parts égales entre des militants issus de formations politiques et des citoyens désireux d’être utiles à leur commune. On veut faire de la transition écologique l’alpha et l’oméga de tout notre projet en n’oubliant pas au passage qu’il n’est pas question que cette transition écologique se fasse en creusant encore davantage les inégalités".
Comment organiser les mobilités
Parler mobilités à Chamalières, c’est surtout aborder la question de la ligne B, actuellement desservie par des bus articulés et qui a été parfois envisagée pour devenir la deuxième ligne de tramway dans l’agglomération clermontoise.
Pour Thomas Merzi, "Nous on porte avec la liste "Chamalières vers demain" l’idée d’un bus en site propre où il n’y aura que les bus qui passeraient, 2 pistes cyclables aussi et une fois que les calculs ont été faits, il restera de la place pour une seule file de voitures, c'est-à-dire que probablement on monterait en voiture l’avenue de Royat et qu’on ne la redescendrait pas mais on redescendra par l’avenue des Thermes. Alors tout le monde va dire « ça va être un embouteillage monstrueux » oui c’est vrai ! On n’a pas peur de le dire, ça bouleverse considérablement les habitudes, mais la transition écologique, notre environnement nécessitent des changements assez rapides et brutaux parfois difficiles de nos habitudes ; et également un système de lignes de bus pour permettre aux Chamalièrois de ne plus prendre leur voiture pour rejoindre le cœur de la Métropole. Si on ne fait pas les efforts maintenant, la crise environnementale sera bien pire que la crise du Covid".
Louis Giscard d’Estaing estime "qu’il faut trouver les solutions pratiques et en même temps respectueuses de l’environnement. Donc on ne touche pas aux arbres de l’avenue de Royat. Notre proposition, ce n’est pas la question de la ligne en site propre, c’est d’avoir des bus propres sur l’avenue de Royat. Actuellement, ce sont des bus diesel, nous demandons des bus soit électriques, soit à hydrogène. Ils peuvent être plus petits avec une cadence supérieure et dans ce cas-là on n’a pas besoin de mettre en site propre l’avenue de Royat puisque par définition quand vous êtes en voiture derrière un bus, vous ne pouvez pas le doubler et lui-même avance à la vitesse maximale puisqu’il n’y a pas de feu entre le boulevard Berthelot et la place Claude Wolff, et ensuite entre la place Claude Wolff et le carrefour Europe et enfin il n’y en a qu’un entre le carrefour Europe et la place Allard".
"Je partage assez l’avis de Monsieur Louis Giscard d’Estaing" dit Julie Duvert, "ce qu’il faut bien comprendre, c’est que pour le moment il n’y a pas eu d’étude de faisabilité qui ait été présentée au SMTC. La Métropole avait organisé il y a 4 ans les rencontres citoyennes de la mobilité ; les Chamalièrois nous avaient dit que les utilisateurs de la ligne B étaient très satisfait du service mais la ligne 13 ne les satisfaisait pas complétement et qu’on avait des quartiers qui avaient besoin d’être désenclavés. Je pense notamment au quartier Gambetta qui n’a pas de moyen de transport vers le centre-ville. Le projet qu’on nous propose entre la place de Jaude et la place Allard, c’est 50 millions pour gagner 2 minutes, ça fait cher de la minute. Nous proposons que cet argent soit investi sur des moyens de transport vertueux, des bus électriques avec une meilleure fréquence mais aussi des navettes de proximité, inter-quartier et qu’on mette l’argent dans le développement de vraies pistes cyclables".
Le dossier police
Avec la propreté, la sécurité est une des priorités des habitants et la police ces derniers mois a été au cœur de l’actualité à Chamalières. Là aussi, les candidats ne sont pas d’accord sur le diagnostic et sur les solutions.
"La police municipale est mobilisée" indique le maire Louis Giscard d’Estaing, "elle l’a été pendant le confinement, elle est aujourd’hui sur le terrain, on la voit beaucoup et c’est d’ailleurs souhaitable parce qu’il y a un problème de sécurité que j’ai parfaitement identifié dans ma campagne dès le premier tour. C’est ma proposition n°4 qui est la demande d’une présence permanente d’une patrouille de la police nationale sur notre territoire, alors qu’actuellement nous n’en n’avons pas en permanence sur Chamalières. La police municipale concourt évidemment à son niveau à ce qu’elle peut faire mais n’oublions pas que c’est le Ministère de l’Intérieur, c’est la police nationale qui est compétente en matière de sécurité et ensuite il y a la chaine de la justice qui intervient ; et notre demande c’est une présence permanente de la police nationale sur notre territoire et le doublement de l’effectif de la police nationale au poste de la police de Chamalières parce qu’il n’y a qu’un représentant de la police nationale dans ce poste de police".
"Je ne suis pas d’accord avec la démarche de Monsieur Louis Giscard d’Estaing" répond Julie Duvert. "Il faut demander à l’Etat d’augmenter la police nationale et il faut d’abord qu’on s’occupe de notre police municipale. Je n’ai pas voulu instrumentaliser ce sujet pendant la campagne ; il y avait des personnes qui étaient en souffrance, il fallait les protéger. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a un peu plus d’un an, ils étaient 12 policiers municipaux, ils sont 10, mais 4 à être sur le terrain car il y en a en arrêt maladie et d’autres qui sont partis". Ce que conteste Louis Giscard d’Estaing à ce moment du débat. "Nous on a identifié qu’il y a clairement un problème de management avec si peu de policiers sur le terrain, ils ne peuvent pas remplir correctement leur mission de service à la population, de protection des biens et des personnes. Et puis il faut leur donner les moyens d’être plus réactifs sur le terrain, c’est pourquoi nous avons proposé de passer la vidéo protection en temps réel : plutôt que de patrouiller à l’aveugle quelqu’un les guidera dans tel quartier s’il y a des difficultés".
Thomas Merzi propose une autre approche : "Nous on croit avant toute chose à l’ilotage, donc la présence sur le terrain des policiers qu’ils soient municipaux ou nationaux. C’est quand même au départ l’affaire de l’Etat. Il y a aussi des problèmes de moyens de la police nationale. On a quelques situations plus difficiles dans la commune souvent résumées à 2 quartiers : carrefour Europe et le parc Beaulieu où il y a parfois du squat… ça zone un peu on dit. Là on sait que la première chose à faire, c’est d’abord la médiation, d’aller discuter avec ces gens-là et on propose des médiateurs pour renouer le dialogue".