A Pont-du-Château dans le Puy-de-Dôme, il y aura trois listes lors du second tour des élections municipales dimanche 28 juin. Les candidats Nathalie Cardona, Patrick Perrin et Michel Mirand qui les conduisent ont débattu mercredi 17 juin sur le plateau de France 3 Auvergne.
La campagne a repris à Pont-du-Château dans le Puy-de-Dôme après 3 mois de coupure, conséquence de la crise du coronavirus Covid 19 pour les 3 listes qui ont toutes pu se maintenir après le premier tour du 15 mars 2020:
- Investie par le Parti Socialiste et soutenue par le PCF, la liste "Ensemble, construisons Pont-du-Château" de Nathalie Cardona avait obtenu 37,67 % des voix
- "Avec Passion, avec Raison – Pont-du-Château 2020 avançons ensemble !" la liste divers gauche, soutenue par EELV de Patrick Perrin avait recueilli 35,45 % des suffrages
- A la tête de "PONT-DU-CHATEAU 2020", Michel Mirand (divers droite) en avait collecté 24,86 %
Le devenir du centre-ville
La revitalisation du centre-ville est une question qui se pose à Pont-du-Château surtout depuis cet hiver marqué par la fermeture de la dernière boucherie. Pour Michel Mirand : "Depuis 3 mandats, tous nos commerces de centre-ville ont disparu, il faut faire revenir nos marchés, dans une ville de 12 000 habitants, il n’y a plus de boucherie, il faut faire revenir des métiers de bouche sur la commune. Il y a plusieurs leviers pour amener des commerçants avec des loyers modérés et également il faudrait revitaliser le centre-ville avec des logements dignes de ce nom, aider les gens à rénover pour faire revivre car aujourd’hui, c’est un peu le désert".
Le maire sortant Patrick Perrin poursuit : "C’est de plus en plus le désert mais ce n’est pas propre à la ville de Pont-du-Château. Toutes les villes de France ont des soucis avec leur centre bourg. Les modes de consommation ont changé. Pour revitaliser le centre bourg, j’avais lancé un groupe de travail, il y a eu un travail énorme de la part de la Chambre de Commerce et d’Industrie il y a 2 ans et demi. Des pistes ont été élaborées, hélas pas mises en place parce qu’on avait des commerçants un peu frileux. Il faut encourager les nouveaux types de consommation, notamment avec le développement d’internet ; on propose par exemple des boutiques mises à disposition le soir tard pour que les gens puissent passer des commandes pendant le temps de travail et venir chercher après à la sortie. Mais Monsieur Mirand vient de le dire, les commerces en centre-ville, s’il n’y pas d’habitants, ça ne fonctionnera pas. Il y a une grosse revitalisation à faire de l’habitat et redensifier le centre-ville".
Nathalie Cardona estime que : "C’est des acheteurs qu’il faut, pas tant des habitants car on peut avoir une commune de 10 000 – 20 000 habitants, on le voit dans des communes plus grandes que Pont-du-Château et elles ne sont pas mieux loties. Car aujourd’hui nous avons des consommateurs qui s’orientent plutôt vers les grandes surfaces, les hypers mais je crois qu’on est à un tournant de ce mode d’achat et en particulier la période du Covid l’a bien montré puisque certes les grandes surfaces étaient ouvertes mais qu’est-ce qui a fonctionné, c’est surtout les drives, le commerce par internet et donc il faut trouver des solutions pour que ceux qui n’ont plus envie d’être en contact avec les magasins quelle que soit leur taille puissent répondre à un besoin et je crois que ceux qui ont pu rouvrir les commerces de bouche en centre-ville ont tiré leur épingle du jeu et ont redécouvert ce qu’était un commerce de proximité, le fait de faire ses courses dans un petit local et non plus dans ces grandes surfaces qui nous poussent à consommer beaucoup plus. Et je crois que malheureusement la situation économique du pays qui impactera également Pont-du-Château montrera qu’aujourd’hui il faut savoir être raisonnable et raison garder".
Maitriser l’urbanisme
Autre sujet débattu à Pont-du-Château, la conduite de l’urbanisme dont le développement est décrit par certains, comme Michel Mirand comme anarchique. "C’est vrai que ce n’est pas maîtrisé, pas harmonieux" dit-il. "Il y a un patrimoine historique et aujourd’hui pour une course aux 20 % de logement sociaux il se fait n’importe quoi. Les logements qui sont faits, comme il n’y a pas d’écoute des Castelpontins et de tous les élus, c’est incroyable, tous nos anciens en parlent, beaucoup déplorent ces bâtiments".
Ce à quoi Nathalie Cardona répond : "Ça me fait sourire d’entendre Monsieur Mirand sur le sujet car qu’est-ce que l’on veut ? Une ville à la porte de Clermont-Ferrand qui attire de nouveaux habitants et donc des consommateurs et des pratiquants dans les associations, qui vont dans les écoles ou est-ce qu’on veut une cité dortoir qui perdra des habitants ? Pont-du-Château a la chance d’avoir encore de la réserve foncière, on a encore la possibilité d’accueillir des nouveaux habitants mais il est vrai, là je vous rejoins Monsieur Mirand qu’il ne faut pas faire n’importe quoi et il faut travailler en concertation, et avec la population, et avec les bailleurs, et avec les aménageurs pour avoir une ville harmonieuse, une ville agréable. Et c’est vrai que courir après les 20 % de logements sociaux n’est pas une solution. Mais payer également de l’autre côté une pénalité parce que nous n’avons pas les 20 % de logements sociaux c’est une aberration, d’autant que c’est vrai ces dernières années on a plutôt fait un effort. Mais il faut savoir s’arrêter pour pouvoir faire des équipements plus nécessaires".
"Depuis ma prise de fonction, j’ai rencontré les bailleurs sociaux pour leur demander qu’à l’avenir dans chaque projet on prenne en compte les riverains, on les informe de ces projets et qu’éventuellement on les transforme en fonction de ce que eux pensent aussi. L’ensemble des bailleurs est d’accord là-dessus" répond Patrick Perrin. "Pont-du-Château est une ville attractive qui a vu sa population augmenter de 35 % entre 99 et 2020. On ne va pas refuser les gens qui viennent, on a un tissu associatif, des installations enviées par certaines communes et les gens viennent parce qu’ils ont quasiment tout sur place. A nous aussi de faire des efforts en terme d’urbanisme en ayant une vraie mixité sociale".
L’enjeu de la sécurité
La sécurité à Pont-du-Château serait-elle un tabou, interroge Fabien Gandilhon, se basant sur des propos tenu par Michel Mirand sur Facebook : "Il n’y a pas un problème de sécurité, mais d’incivilités comme dans beaucoup de communes. C’est sûr pour moi l’incivilité fait partie de la sécurité. Depuis 12 ans que je suis élu d’opposition à Pont-du-Château, je réclame la vidéo protection pour la prévention et il a fallu attendre la veille des élections parce que les 24 caméras ont été mises en place le 31 janvier 2020".
Patrick Perrin lui répond : "Entre la décision d’installer les caméras et les appels d’offre, il y a un délai légal à respecter. J’ai toujours été pour, dans un groupe il y a une majorité, il a fallu attendre le moment où la majorité a dit on y va. Et des caméras, il faudra en rajouter notamment dans le secteur des HLM qui devient assez problématique".
Enfin Nathalie Cardon poursuit : "Je ne suis pas sûre que des caméras même à tous les coins de rue puissent résoudre le problème de l’insécurité et surtout de l’incivilité. C’est l’affaire de chaque citoyen et ce n’est pas propre à Pont-du-Château. Je faisais partie en effet dans la majorité de ceux qui étaient contre ces caméras à moins d’avoir des caméras drones qui permettraient de suivre la trace de ceux qui se méprennent. Mais ce n’est pas la solution".
Faut-il construire une nouvelle école ?
Là encore un dossier qui anime la vie locale et qui s’est retrouvé au centre des débats pendant la campagne des municipales.
Pour Nathalie Cardona : "C’est l’Arlésienne, nous avons une école très mal située en centre-ville et nous avions pour projet depuis une dizaine d’années la construction d’une nouvelle école. J’étais alors adjointe aux affaires scolaires et nous savions du Pont-du-Château allait croître au niveau de la population et que nous avions besoin d’une école plus grande. Nous avons un terrain disponible, les années passant nous avons eu besoin de choisir entre deux projets : celui de la construction de l’école et celui du Caméléon, un équipement culturel qui nous manquait. Cependant avec 12 000 habitants aujourd’hui l’école est indispensable".
Patrick Perrin s’interroge : "Dans ce mandat ? Pour moi ce ne sera pas possible, c’est entre 7 et 8 millions d’euros. La baisse des dotations fait qu’on aurait pu en payer la moitié. Pour autant, dès l’année dernière j’ai demandé qu’on agrandisse une école parce que le nombre d’enfants augmente".
Et Michel Mirand de conclure : "C’est un manque réel, c’est un marronnier qui revient, c’est une promesse de l’équipe de René Vinzio en 2001, en 2008, en 2014 et là on nous la ressort en 2020. Nous aussi on est pour, mais aujourd’hui comme le dit Monsieur Perrin, nous n’aurons pas les moyens financiers pour la réaliser. Il faut travailler dès demain sur le projet avec la communauté éducative et tous les intervenants puis monter quelque chose réalisable peut-être en 2026".