Le gouvernement a demandé aux maires de se prononcer sur le maintien des élections régionales et départementales en juin, via un message envoyé le 9 avril par les préfets. Les élus ont jusqu’à lundi 12 avril pour donner leur avis. Dans le Puy-de-Dôme, le calendrier est loin de faire consensus.

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Réponse sous trois jours ! Consultés par le gouvernement, les maires ont jusqu’à lundi 12 avril midi pour « indiquer par oui ou non si les conditions préconisées par le comité scientifique semblent réunies pour tenir les deux scrutins » (régionales et départementales) prévus les 13 et 20 juin. Une consultation bien accueillie sur le principe, même si elle soulève de nombreuses réserves et interrogations, notamment dans le Puy-de-Dôme.

Les maires seront en première ligne

« Consulter les maires, ce n’est pas une mauvaise idée, mais c’est un peu tard. On aurait pu le faire sur d’autres points et ça n’a pas été le cas. Là, c’est un peu dans la précipitation. Mais on ne peut pas critiquer la démarche car les maires seront en première ligne (…) C’est bien à eux de dire s’ils sont en capacité de le faire (ndlr, organiser les scrutins). C’est une réalité de terrain. Mais on est mi-avril et tout dépend de la situation en juin » observe Pierrette Daffix-Ray, présidente de l’Association des Maires du Puy-de-Dôme.

Nous ne sommes ni médecins ni infectiologues

« C'est bien, pour une fois qu'on nous consulte (...) Je veux bien qu’on nous consulte mais on n’est pas compétent pour savoir s’il faut tenir ces élections ou pas. Nous ne sommes ni médecins, ni infectiologues… Les instances nationales représentatives des élus ont été consultées en début de semaine dernière par le Premier Ministre, elles ont répondu et maintenant  - rebelotte ! - les maires sont consultés. A titre personnel, la méthode me paraît un peu bizarre. Est-ce que ça veut dire que la réponse n’allait pas la première fois et qu’on en souhaite une autre ? » s’interroge Sébastien Gouttebel, président de l’association des Maires Ruraux du Puy-de-Dôme. Avant de poursuivre : « comment on va analyser les réponses des maires aux préfets, combien vont répondre, est-ce que ce sera représentatif ? Tout le monde n’a pas le nez dans sa boîte de messagerie le week-end », relève le maire du Murol.

75% des maires pour un report, selon le sénateur Eric Gold

Au-delà de la démarche, la question de fond est bien celle de la pertinence du calendrier électoral face à la crise sanitaire.

Le sénateur (RDSE) du Puy-de-Dôme Eric Gold a sollicité lui aussi par mail tous les maires du département « pour avoir leur ressenti ». Dimanche 11 avril, il estimait avoir reçu près de 200 réponses. Sur les 100 premiers retours qu’il a étudié de plus près, « les maires puydômois penchent à plus de 75 % pour un report (…) à l’automne prochain et dans une moindre proportion à l’automne 2022 » écrit-il dans une lettre adressée récemment au Premier Ministre Jean Castex.

« Les résultats que j’ai encore aujourd’hui c’est environ trois-quarts / un quart », assure-t-il. « Pour 25 % des maires qui sont favorables au maintien du scrutin, l’argument est : on ne confine pas la démocratie, on a déjà fait les municipales. On y arrivera encore », explique-t-il. « Pour les autres, décaler le processus électoral serait préférable, voire indispensable pour plusieurs raisons ». Et de citer « les risques que pourraient courir les assesseurs et scrutateurs » avec « la possible apparition de clusters » comme ce fut le cas lors des élections municipales en mars 2020, la crainte d’un « manque de volontaires pour tenir les bureaux de vote » ou encore « les conditions de déroulement de la campagne » et « la forte abstention qui pourrait entâcher ces élections ».

On l'a déjà fait et on essaiera de faire face

Des interrogations reprises par les représentants des maires dans le Puy-de-Dôme.

« C’est vrai qu’il y a des inquiétudes chez certains à la lecture du rapport du Conseil scientifique qui préconise d’avoir des personnes vaccinées ou testées négatives pour tenir les bureaux de vote (…) C'est un double scrutin avec un double dépouillement, il faut quand même pas mal de monde. Mais que faire si un scrutateur jusque-là négatif est positif le jour même ? » observe Pierrette Daffix-Ray, avant de relativiser : « en tant que maire, si on doit organiser les élections, on les organisera avec certainement de nombreuses difficultés, mais on l’a déjà fait et on essaiera de faire face », conclut-elle.

Il faut un temps apaisé pour exercer le vote

 « Avant cela, il faut qu’il puisse y avoir une campagne. Avec un état d’urgence sanitaire jusque début juin, ça laisse quoi, une semaine, 15 jours ? Comment organiser une campagne digne de ce nom sans réunion, sans rencontre ? (…) Il faut un temps apaisé pour exercer le vote et la campagne de façon démocratique et citoyenne », estime quant à lui Sébastien Gouttebel avant de glisser : « Moi, je vais renvoyer ce qu’a dit le bureau national des maires ruraux : ni oui, ni non. Soit il y a une situation sanitaire qui permet de le faire, ou pas… ».

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