A Riom, l'ancienne prison dévoile son intimité : "On se rend compte qu'une prison, ce n'était pas une zone de loisirs"

Pendant deux week-ends, l'ancienne prison de Riom, ancien monastère du XIVe siècle, a ouvert ses portes aux habitants. Désaffectée depuis 2016, elle s'apprête à vivre un important programme de réhabilitation.

Ses couloirs n’avaient pas connu une telle agitation depuis 8 ans maintenant. La prison historique de Riom, en plein cœur de la ville, a fermé en 2016 pour laisser la place à un centre pénitentiaire moderne construit sur les extérieurs de la commune. En ce premier week-end des vacances de février, la partie qui hébergeait la maison d'arrêt a ouvert ses portes pour laisser entrer un public curieux de pénétrer cet univers si peu commun. Cela peut même être un choc lorsque l’on découvre une cellule pour la première fois. « C’est impressionnant et terrifiant de penser que des hommes et des femmes étaient enfermés comme ça », confie Eliane Leroy. « C’est quand même un petit peu étroit », poursuit Claude Leroy, son mari. « Ils étaient à 3 sur 9 m2. On se rend compte que la prison, ce n’était pas une zone de loisirs. »

Rien ne semble avoir bougé depuis le départ des 160 détenus. Des couloirs austères, des barreaux rouillés. Un jeune homme essaye la couchette supérieure d’un lit métallique à 3 étages. Les couleurs sont passées et usées. Il faut dire que la prison était aux origines un monastère construit au XIVe siècle.

Prison familiale

Un grand-père tient à bout de bras son petit-fils qui regarde au travers de l’œilleton la cour de promenade. « T’as vu ? Ils regardaient ce que les détenus faisant pendant qu’ils marchaient dans la cour. Ils les surveillaient de là. »

Dans la cour des mineurs, les murs s’égayent des mille couleurs des graffitis dessinés par ces jeunes. Damien Agon immortalise tout avec son téléphone. « On voit que les arbres ont poussé. Normalement en prison, il n’y a pas d’arbre. » À la retraite depuis 7 ans, il a travaillé ici pendant 24 ans en tant que surveillant puis comme brigadier. « C’est très émouvant !! J’ai de bons souvenirs ici car c‘était très familial. Nous, nous aurions aimé rester dans ces locaux… »

Mais la prison doit s'en aller vers une nouvelle étape son existence. Plus de 3 hectares en plein centre-ville transformés à l’avenir en logement, bureau et restaurants. Deux projets ont été retenus par la municipalité. Ils étaient présentés aux habitants attentifs et vigilants. « Je suis très attachée à ce qu’il y ait des lieux où on puisse voir, toucher et apprendre », souligne Danielle Giroux, une Riomoise. Pendant la seconde guerre mondiale, de nombreux résistants furent emprisonnés à Riom, dont Jean Zay. Sa cellule d’ailleurs devra rester intacte après la rénovation du bâtiment.

Le nom du promoteur retenu sera connu d’ici mars. Le début de cet immense chantier est prévu courant 2026.