A Saint-Babel, dans le Puy-de-Dôme, trois fontaines sont à sec. Pour faire face au problème, un sourcier est venu au secours de la commune.
En cette période de fortes chaleurs et de sécheresse, toutes les idées sont bonnes à prendre pour ne pas manquer d’eau. Guy Archimbaud, maire de la commune de Saint-Babel, dans le Puy-de-Dôme, l'a bien compris. Dans les hauteurs du bourg, près d'un captage, le maire accompagne Lucien Fayon, un sourcier armé de son pendule. Les deux marchent à tâtons. Ils tentent de résoudre le mystère de l’eau disparue en juillet dernier et se lancent dans la quête d’une source. C’est début juillet que l’affaire de l’eau mystérieusement évaporée des fontaines du village commence. C’est en visitant un des captages d’eau potable que le maire de cette commune de 800 habitants fait une terrible découverte : “ Au début, on pensait on s'était dit que c'était à cause de la casse sur l'un des conduits. On est remonté jusqu'au captage et en creusant on a découvert qu'il n'y avait plus d'eau. C’est pour cela que j’ai fait appel à Lucien qui est sourcier”. Conséquence : trois fontaines du bourg - sur les 30 de la commune - sont à sec. Rien d’alarmant pour les riverains du village mais assez pour mettre le maire sur ses gardes : “La commune est étendue. Il y a quand même 27 villages et tous les villages ont une fontaine. Donc, il vaut mieux commencer à anticiper maintenant”.
“Tant que ça marche”
Cela fait plus de trente ans que Lucien se promène la baguette à la main et un pendule dans la poche. Pseudoscience pour les uns, véritable métier ancestral pour les autres, néanmoins pour le maire de Saint-Babel, l’activité de sourcier s’avère bien utile en période de sécheresse. Pour le maire du village, faire appel à un sourcier était une décision indispensable. Il explique : “On a tout essayé avant d'appeler Lucien. On a creusé un peu partout. On n'a pas trouvé de solutions c'est pour cela que j'ai fait appel à Lucien. Et puis tant que ça marche".
Quelques mètres plus loin, Lucien est concentré. Le sourcier met sa baguette "en pression" et avance lentement, avant de ressentir très vite les premières sensations. Les coudes plaqués sur le buste, le bâton glissé entre les doigts : la concentration doit être totale. La baguette s'affole. La source n'est donc pas très loin du captage.
Au fil de son enquête, Lucien parvient à résoudre le mystère : “Je pense que ce sont les racines de l’arbre qui ont dévié l’eau. La source sort des failles, il suffit qu’il y ait une racine qui sorte de la faille pour la dévier et la faire passer à côté du captage". Aucun appareil, aucun calcul, aucune démonstration scientifique. Pour Lucien, tout est une affaire de "sensibilité". "La première erreur à ne pas faire, c'est l'autosuggestion, indique le sourcier. C'est-à-dire, on peut très rapidement s'auto-persuader qu'il y a de l'eau et au final, il n'y a rien. Il faut faire le vide dans son esprit et essayer de ne plus être dans le mental".
Préserver les fontaines du village
Au-delà du manque d’eau, l’enjeu pour le maire réside surtout dans la préservation du patrimoine du village que sont les fontaines. "C'est une manière de rendre hommage aux anciens. C'est un travail énorme qu'ils ont fait". Un service utile et gratuit pour les habitants important à protéger : “Ça permet aux gens d'arroser leurs jardins. Les habitants disent même qu’ils dorment mieux lorsqu’ils entendent l’eau de la fontaine couler", sourit l'élu.
Maintenant, que l’enquête a été résolue par Lucien, reste à savoir jusqu’où creuser. Comme un coup de baguette magique, le sourcier sort son pendule. Avec ce petit objet, il pourra déterminer à quelle profondeur se trouve l’eau. “La pendule bouge. En fonction du nombre d’allée et venues, on pourra estimer la profondeur de l’eau”, détaille Lucien. Résultat : il faudra creuser jusqu’à 5 mètres sous terre, selon le sourcier. Les pelleteuses seront donc de sortie pour quelques semaines. L'occasion aussi pour le maire d'entreprendre des travaux de réaménagement des conduits - déjà vieillissants - vers le château d'eau du village.
Une ressource plus difficile à capter avec la sécheresse
Avec 50 ans d’expérience en tant que sourcier, la quête de l‘eau coule de source pour Lucien. Mais, celui qui traque l’eau dans les quatre coins de l’Auvergne ne la fait pas jaillir à tous les coups. Avec l’évolution du climat et les épisodes de sécheresse qui se succèdent, la quête de l’eau reste quand même délicate pour l’octogénaire. “Je fais pas mal de recherches d’eau pour faire des puits et beaucoup de gens me disent : ‘Je n’ai plus d’eau dans mon puits’. Ce qui veut dire que les nappes sont beaucoup plus basses voire même qui se sont taries".
Maire depuis plus de 50 ans, Guy Archimbaud assure n’avoir jamais vécu ça. “J’ai toujours vu couler cette source. Il n'y a vraiment que cette année qu’elle s’est arrêtée. Il y avait toujours un mètre d’eau quand j’y allais", se souvient-il.
L’été caniculaire en Auvergne aura assurément renforcé la quête de l’or bleu, mais visiblement, n’est pas sourcier qui veut.