L’eau coule toujours lorsque l’on ouvre le robinet, mais le fait est que les ressources d’eau potable ont diminué avec la sécheresse. Dans le Puy-de-Dôme, certaines communes sont particulièrement concernées, comme Charensat, Lachaux ou Châteldon.
Du soleil depuis des semaines, une chaleur étouffante, et quasiment pas de pluie : dans le Puy-de-Dôme, comme dans les autres départements d’Auvergne, les niveaux des nappes phréatiques sont donc bas voire très bas. Au point qu’en ce qui concerne l’accès à l’eau potable, la situation devient préoccupante dans plusieurs communes, comme à Châteldon, au nord de Thiers. Ici, si les trois quarts de la commune, situés en plaine, ne sont pas concernés, la production d’eau potable est difficile pour la partie de la commune située en hauteur. "Cette partie est alimentée par des captages dont la production a diminué considérablement, au point de couvrir seulement 50% des besoins", indique le maire Tony Bernard. Pour faire face, des camions citernes alimentaires apportent de l’eau depuis le bas de Châteldon, et la mairie offre de l’eau en bouteille à ceux qui le demandent.
La commune voisine, Lachaux, n’est pas encore en situation de manque, mais fait attention. "On attend avec impatience les orages que Météo France nous a annoncés", déclare le maire Michel Couperier. Lachaux a fait une demande à l’ARS (Agence régionale de santé) pour introduire une ressource en eau supplémentaire, en l’occurrence une source que la commune n’avait pas été autorisée à capter il y a quelques années. L’ARS a donné son accord, à condition cependant que le maire prenne un arrêté pour déclarer que l’eau de cette source est impropre à la consommation, n’ayant pas été analysée. "Une réponse trop contraignante", regrette Michel Couperier.
"On va avoir des problèmes"
La canicule n’est pas la seule responsable du déficit d’eau. Ou plutôt, elle se combine à un autre facteur : "La population a beaucoup augmenté avec les locations et les résidences secondaires, il y a donc plus de consommation qu’en temps normal", explique le maire. Celui-ci appelle cette population à être responsable : "La situation ne permet pas certaines incivilités ou non-respect des consignes. Nous avons eu quelques soucis d’arrosage, ceux constatés et tous ceux que nous n’avons pas vus. Une pelouse n’est pas une priorité par rapport aux humains et aux animaux. Mais heureusement dans l’ensemble les gens voient bien que les petits ruisseaux sont taris depuis longtemps, et respectent les interdictions." Il vaudrait mieux, car le maire prévient : "On va avoir très rapidement des problèmes si le temps ne change pas."
Même discours du côté de Charensat, dans les Combrailles. Pour préserver les ressources, le maire François Blanchon lui aussi en appelle au civisme : "Il faut respecter les arrêtés. Il y a des inconscients qui continuent à remplir des piscines et qui ne pensent qu’à eux. Le peu d’eau que nous avons doit être consacré à la population. Il y a deux jours nous avons trouvé une tonne à eau pour les bovins en train d’être remplie, elle débordait à côté, et personne n’était là pour surveiller !"
"S’il n’y a pas d’eau dans le mois, ça va être la catastrophe", constate François Blanchon. "Comme beaucoup de communes aux alentours, on a des captages qui baissent de jour en jour. Nous n’avons pas eu d’eau depuis un an et demi ! Très peu de neige et très peu de pluie." En attendant, c’est le système D, en particulier pour les troupeaux, bien plus nombreux que les habitants (7 ou 8000 vaches contre 500 habitants) : "On a des charges de bovins énormes, c’est là qu’est le problème. On demande aux agriculteurs d’aller dans les plans d’eau, mais ce n’est pas toujours facile."
Réparer les fuites
A Picherande, le maire Frédéric Echavidre s’inquiète notamment pour le mois d’août : "Le village passe de 500 à 2500 habitants", souligne-t-il. En prévision de semaines difficiles, la municipalité reste en alerte : "Nous avons redoublé d’efforts sur les fuites, des équipes surveillent et réparent tout dès qu’une petite fuite apparaît".
A l’ARS, le délégué départemental du Puy-de-Dôme et ingénieur sanitaire Gilles Bidet souligne que "chaque année, soit en été soit au début de l’hiver quand les bêtes rentrent à l’étable, des communes alertent quant au risque de pénurie d’eau". La situation n’est donc pas inédite, mais il précise que le phénomène "est plus important cette année que les années passées". A Pionsat, où la pluviométrie est aussi très mauvaise depuis des mois, le maire Jérôme Gaumet fait le même constat : "On a connu déjà des périodes difficiles. J’étais déjà maire en 2003 : ce n’était rien par rapport à aujourd’hui."