Face à la concurrence des couteaux à bas prix, la coutellerie française connaît un renouveau. Deux coutelleries artisanales entreprises du bassin thiernois ont décidé d'innover et de miser sur le marché haut de gamme et luxe. Elles proposent des petites séries, voire des pièces uniques. Reportage.
Installée à Saint-Rémy-sur-Durolle (Puy-de-Dôme), l’entreprise Laguiole Arbalète Genès David s’est tournée vers le marché du haut de gamme en 2010 pour faire face aux difficultés rencontrées en France sur sa gamme historique, le célèbre Laguiole artisanal classique.
Les effectifs ont été divisés par cinq depuis les années 1990, alors que les marges et les volumes sur ce produit sont de plus en plus restreints : « Avant, on était sur 1300 couteaux à la journée, maintenant, on est à 200 platines le jour. » raconte le chef d'atelier Fabrice Decombas.
Une belle image de marque
Dans un atelier à côté, Stéphane Robin travaille une lame en acier « damas », montée sur un manche en amboine lustré et incrusté de turquoises. Le créateur tient entre ses mains une pièce d'exception, fabriquée sur commande et sur mesure, d'une valeur d'achat d'environ 900 euros.
L’entreprise se diversifie, crée de nouveaux modèles, comme les couteaux de table développés en partenariat avec un chef étoilé. Cette orientation haut de gamme permet de se distinguer face à la concurrence et d'affirmer une image de marque.
Un choix salvateur
À Thiers, la coutellerie artisanale Perceval a bien failli fermer en 2005. Elle n'avait alors qu'un employé, lorsqu'elle a été reprise par un restaurateur étoilé. Depuis, le chiffre d'affaires a atteint un 1,3 million d’euros. « J’étais le 3e employé en 2008, et en septembre 2017, on sera vingt, » sourit Thomas Thiroux, chef d’atelier.
Ici aussi, on fabrique des pièces d'exception. L’atelier thiernois commercialise par exemple un modèle de couteau fermant à 6 400 euros, qui présente un manche en jade avec incrustation d'émeraude. Un autre est sorti d’une météorite Imilac, une matière retrouvée il y a deux siècles dans le désert d'Atacama au Chili. Prix de vente : 30 000 euros.
« On va avoir des collectionneurs qui aiment se faire plaisir, souligne Barbara Chayla, responsable de l'export chez Perceval. Il nous arrive aussi d’avoir des clients des Émirats arabes unis qui veulent offrir des cadeaux à leur famille ou à leurs clients. Un Émirati nous a appelé un jour pour nous expliquer qu’il devait offrir neuf cadeaux : nous lui avons donc envoyé neufs couteaux précieux ». Un défi technique pour les couteliers, qui semble presque sans limite, une manière aussi de se renouveler.